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Je suis femme au foyer et je vous emm… (rediff)

Ce billet date de Janvier 2013 mais je le rediffuse suite à un article un peu puant qui circule en ce moment sur le net …

 

Oui je suis une femme au foyer, même si j’avais toujours dit que je ne le serais pas, que je ferais une «  vraie » carrière me voilà « coincée » à la maison.

J’écris « coincée » car être femme au foyer de nos jours n’est pas forcément un choix même si personnellement je le vis très bien.

Nous vivons dans un milieu rural, et le travail est loin, rare et loin… je n’étonne personne. Mr Poux travaille à 70 km de la maison et environ une fois par mois il part à l’étranger ce qui sous-entend qu’il part le samedi ou le dimanche.

Ce qui était donc un choix il y a 8 ans lorsque j’ai vu pointer le ravissant petit bout du nez de Grand Monstrou est devenu une «obligation », entendez par là que si je voulais reprendre le boulot ce serait à perte !

Perte d’argent entre les garderies, trajets, impôts, centres de loisirs et une « nounou » privée pour le samedi si je devais travailler le samedi matin aussi.

Perte de l’équilibre familial : que Papa ne soit pas souvent là, les garçons ont l’habitude mais si Maman n’est plus jamais là non plus… A quoi ça sert d’avoir une famille ?

Perte de qualité de vie aussi pour mes monstroux mais aussi pour moi car OUI maintenant qu’ils sont scolarisés tous les deux j’ai du temps libre ! Et NON je ne passe pas mes journées un torchon à la main en train de récurer, je fais plein de choses et mes journées sont toujours trop courtes entre tout ce que j’ai envie de faire et tout ce que je dois faire ( sans oublier tout ce que je n’ai pas envie de faire mais que je fais quand même…).

A tous ceux ( et surtout celles) qui cassent du sucre sur le dos des femmes au foyer j’ai envie de leur rappeler que ce n’est pas forcément un choix ni une fin en soi mais que la société actuelle ne favorise absolument pas la reprise du travail des Mamans ( ou des papas si c’est la Maman qui a le gros salaire).

Je plains sincèrement les familles qui bossent à temps plein sans joindre les deux bouts parce qu’ils sont plombés par les coûts de la garderie… Et si jamais la réforme de l’éducation voit le jour, avec des enfants sortis de l’école à 15h45 ça ne va pas s’améliorer.

Je reconnais ma chance d’avoir eu le choix de dire : non je ne prends pas ce job, parce qu’il ne me rapporterait que trop peu par rapport au temps/coût/impôts.

Mais pour toutes les autres, celles qui sont fières de faire carrière et qui nous regardent de haut j’ai juste envie de leur dire : je vous emm….

Hier matin en ramenant mes monstroux à l’école après deux semaines de vacances, alors que certaines de mes amies avaient déjà repris le chemin du boulot j’ai chanté : «  I’m free ». Puis j’ai plaisanté en disant que j’allais vite rentrer pour enfiler mes bigoudis et enfourcher mon aspirateur…

Caricature ou préjugé de beaucoup de gens… ?

Alors oui j’ai rangé, oui j’ai nettoyé mais j’ai aussi pris le temps de lire les blogs des copines, de répondre à plusieurs mails sans être interrompue 10 fois de suite. J’ai avancé sur mon projet, appelé une amie, réglé des trucs pour l’association dont je fais partie et je me suis accordé une pause café non syndiquée sans rien demander à personne !

Ma journée de liberté de 9h10 à 16h25 a encore été trop courte mais bien remplie et pour rien au monde je ne retournerais bosser pour un patron despote qui en veut toujours plus en payant toujours mal.

Je suis femme au foyer, j’aime ça, je suis épanouie et je vous emmerde vous et vos préjugés !

MAIS !

Etre femme au foyer c’est aussi

L’insécurité : Je gère tout dans la maison pendant que Mr Poux fait carrière mais si jamais il me quittait je me retrouverais vite à la rue ou dans un HLM sordide, peinant à joindre les deux bouts.

Ma pire trouille : si par malheur il lui arrivait quelque chose, je n’ai plus travaillé depuis tellement longtemps que mon CV ne ressemble plus à rien et j’aurais bien du mal à rebondir et à assurer à mes enfants la vie qu’ils ont actuellement.

Et si je voulais partir … Même combat.

L’ingratitude : Des enfants qui ne se rendent pas compte de leur chance, du mari qui sait qu’on est disponible et qui se repose intégralement sur nous.

Les doutes : Mes enfants seront-ils moins débrouillards que les autres parce que je suis toujours là pour les aider ?

La culpabilité : Parce que oui , certains mercredi j’irais volontiers me planquer dans un bureau, papoter avec des collègues qui ne me lanceront jamais une balle nerf sur le popotin… Et du coup je culpabilise de ne pas être toujours motivée pour être une « super » Maman.

L’abus : des personnes de notre entourage qui pensent que puisqu’on est « au foyer » on est disponible tout le temps.. et pourtant dès que je peux aider dans les écoles des monstroux je le fais, je suis bénévole à la bibliothèque, investie dans une association de parents d’élèves… Bref, le temps libre n’est pas si abondant.

Le manque de reconnaissance sociale… le regard des autres ! Alors là vous l’aurez compris ce n’est pas mon cas, mais il faut tout de même admettre que lorsqu’on annonce dans une banque ou dans une assemblée : je suis femme au foyer, la moitié des regards seront condescendants… D’où ma vulgarité précédente ( rare mais nécessaire) :

Je suis femme au foyer, ce n’était pas ma vocation mais je l’assume parfaitement, j’en tire le meilleur possible pour mes enfants et pour moi et je vous emmerde !

femmeaufoyerok

leurs devoirs : ma punition !

Tout avait bien commencé, lorsque Grand Monstrou était en CP , aucun problème à signaler, il était déjà entré dans la lecture et avait l’envie d’apprendre, les quelques mots à lire chaque soir ne posaient aucun problème.

Puis il y a eu des mots à copier, quelques exercices écrits et là tout s’est compliqué mais rien d’ingérable non plus.

C’est pendant son Ce1 que les choses se sont gâtées et je crois que du coup on s’est traumatisés ensemble ! Chaque soir il y avait une ou deux opérations, un peu de lecture et quelques mots à apprendre pour la dictée ( je me souviens avec émotion de nos dictées à nous, du samedi matin, qui regorgeaient de conjugaisons difficiles, et qui n’étaient PAS préparées, sic).

Jusqu’ici rien d’anormal ni de trop contraignant me direz-vous d’autant plus que j’ai la chance d’avoir un grand monstrou qui n’a pas de difficulté scolaire majeure si ce n’est celle……. de se mettre au travail !

Chaque soir le même cinéma, le goûter, un peu de détente et hop «  Grand Monstrou viens faire tes devoirs »…

Chaque soir la même réplique «  ohhh j’en ai marre des devoirs ( 3 malheureux trucs à faire je vous dis) et d’abord Petit Monstrou il a trop de la chance, il n’a jamais rien à faire »

Chaque soir la même réponse : «  Petit Monstrou est en grande section, toi non plus tu n’avais pas de devoirs en GS. »

Mais à force de répéter chaque soir la même chose ( mais il est bouché mon fils ou bien?) le ton montait chaque soir un peu plus !

Surtout qu’après la sempiternelle jérémiade du «  je-suis-trop-malheureux-y-a-que-moi-qui-ai-des-devoirs » ( et appelez moi Caliméro), arrivait la cérémonie de la mise au travail ! Sérieusement je pourrais en faire un sketch pour Florence Foresti mais on croirait que j’exagère!!

Version Grand Monstrou :

Etape numéro 1 : je sors mon cahier de texte en soupirant,

Je m’asseois, je soupire

Je constate qu’il me faut mon cahier de brouillon ( comme TOUS les soirs )

Je me lève…( en soupirant)

option numéro 1 : j’ai trouvé mon cahier de brouillon => passer à l’étape 2

option numéro 2 : je n’ai PAS mon cahier de brouillon je l’ai oublié ( comme un soir sur deux) je quémande une feuille à ma mère ( qui se demande si je ne suis pas neuneu de ne jamais me souvenir où elles sont rangées). Une fois la feuille volante retrouvée ( sous la salade dans le réfrigérateur of course) => passer à l’étape deux.

Etape numéro 2 : Je soupire ( des fois que ma mère soit suffisamment bornée pour ne pas se rendre compte que comme TOUS les soirs, ça me gonfle les devoirs mais les mères sont très souvent des êtres bornés il faut bien se l’avouer).

Et là je me rends compte que pour écrire mes opérations il me manque un outil indispensable un stylo.

Etape numéro 3 : je me lève et fouille dans le tiroir à stylo ( si je suis vraiment en forme, je prends un des stylos à encre de ma mère qui va baver partout et la faire monter à 17 de tension directement lorsqu’elle me criera que ça fait 100 fois qu’elle me dit de ne pas l’utiliser)

Bref, là j’ai sorti un stylo à bille normal mais j’ai lâché un énorme soupir pour l’occasion.

Etape numéro 4 : ( ça fait donc 8 mn que j’ai commencé mes devoirs) je me rassois et je réalise que j’ai totalement oublié de quelle opération il s’agissait… je compulse mon cahier de texte en soupirant ( oui dans une autre vie j’étais poisson rouge n’en parlez surtout pas à ma mère qui commence déjà à fulminer).

Etape numéro 5 : je note consciencieusement l’opération ( comme un gros cochon) sur mon cahier ! Et là je veux faire plaisir à ma mère ( qui devrait vraiment faire quelque chose, la pauvre elle a l’air hyper-tendue) et je me relève pour prendre une règle. Je soupire, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour lui faire plaisir, un bon coup de crayon tout de travers aurait bien fait l’affaire…

Etape numéro 6 : j’ai trouvé la règle mais j’ai perdu la page de mon cahier de brouillon que je feuillette en soupirant ( c’est dingue comme le matériel est contre moi quand même).

Etape numéro 7 : ça fait donc 15minutes que j’ai commencé mes devoirs je bâcle mes deux opérations en deux minutes.

Etape numéro 8 et 9 je me prépare pour ma lecture ( soupirs, recherche du livre, re-soupir)

Etape numéro 10 : je fais ma lecture sans aucune difficulté en maudissant mon enseignante qui m’a encore refilé pour 30 MINUTES de devoirs

souffrance pendant les devoirs ! mais qui souffre le plus ?

Version Maman :

Etape numéro 1 : je positive, c’est cool il a noté tous ses devoirs par contre s’il a encore oublié son cahier de brouillon je lui fais bouffer son cartable

Etape numéro 2 et 3 : Bien sûr, il n’a pas sorti de stylo, tu vas voir qu’il va me faire le coup du crayon qui bave !! Le pauvre il soupire, c’est vrai que deux soustractions c’est juste mortel quoi !

Etape numéro 4 : Il faut que je consulte, ce gosse n’a aucune mémoire à court terme et ça fait 8 mn de perdues !

Etape numéro 5 : Je vais lui faire coudre une règle au bout des doigts !! TOUS les soirs c’est un prétexte pour se relever.. ça fait maintenant 10 mn qu’il a «  commencé » ses devoirs et il n’a RIEN fait à part soupirer ! ( tensiomètre à 15…)

Etape numéro 6 : Putain en plus il a deux mains gauche… je GUEULE comme un putois parce que je suis une mauvaise mère c’est TOUS les soirs comme ça ( bordel de merde) . Là c’est moi qui soupire !

Etape numéro 7 : Punaise il lui a fallu deux minutes pour faire ses opérations, alors qu’on y est depuis 17 minutes … (tensiomètre à 17 comme les minutes en fait)

Etape numéro 8 , 9 et 10 : je n’écoute plus rien du tout, je ne l’aide pas à chercher son pauvre livre de lecture qui est hanté et se cache tous les soirs au fond du cartable, je suis sur le net sur un site d’échange : un enfant contre deux poissons rouges !

Non parce que vraiment mon Grand Monstrou il vaut bien deux poissons rouges !

Là il est en Ce2 il y a des tonnes de devoirs, et j’envisage sincèrement la pension de bonnes sœurs avec retour de l’enfant une fois par mois, ou la camisole de force pour moi… tous les soirs !

La cerise sur le gâteau c’est que Petit Monstrou est entré en Cp, lui et la perruque qu’il a dans la main ! Comprenez qu’il faut genre 15 minutes de négociations/ordres/menaces avant qu’il ne copie les 4 pauvres malheureux mots de sa dictée du lendemain…

J’envisage juste de me pendre !

Et chez vous ça se passe comment ?