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Partir se retrouver

© Diane
© Diane

Sa vie était plutôt réussie, de beaux enfants, un gentil mari, une jolie maison, des amis …Mais que tout cela était ennuyeux.

Les devoirs tous les soirs, couper les ongles le dimanche, accompagner untel à son activité, untel au city stade, programmer les menus de la semaine et faire les courses en ligne, gérer les factures, les pannes et cet abruti de four qui n’a plus qu’une seule fonction et encore, quand il daigne démarrer.

La routine est assassine, et elle lui rendait chaque jour un peu plus difficile d’apprécier les petits instants de bonheur pourtant bien présents.

Alors quand son ami Paul lui a proposé de partir avec lui faire le tour de l’Espagne en goélette pour aller passer quelques jours aux baléares elle a dit oui, immédiament, sans réfléchir.

Bien sûr, cela ferait bizarre à beaucoup qu’elle parte seule avec un homme sur un bateau de 17 mètres, mais Paul était un ami de longue date et son mari n’avait aucune inquiètude à se faire au sujet d’un éventuel rapprochement, favorisé par la promiscuité de la vie sur un bateau.

Non, ce qui l’avait totalement paniqué c’est la gestion des enfants et de la maison pendant ses deux semaines d’absence, il avait protesté qu’il ne pouvait pas travailler depuis la maison tous les jours pour être là pour les enfants, qu’ils allaient absorber une quantité astronomique de kebabs et pizzas et que les enfants ne tiendraient jamais deux semaines sans elle…

Elle était restée ferme, ils feraient marcher la solidarité des amis pour aider avec les garçons, cela leur ferait le plus grand bien de se retrouver entre hommes et surtout elle avait besoin de cette coupure, de ce voyage inattendu mais qui tombait à pic, elle avait besoin de s’éloigner d’eux pour se retrouver.

La discussion s’était envenimée, il la trouvait égoïste de prendre des vacances comme ça, sans eux, alors que lui bossait comme un dingue et qu’il ne lui serait jamais venu à l’idée de partir seul.

Lorsque les garçons furent mis au courant ce fut encore pire, ils voulaient l’accompagner, faire eux aussi, un voyage en bateau, ils supplièrent, argumentérent mais elle resta sur ses positions, elle ferait cette escapade seule, pour se retrouver, pour les aimer mieux ensuite.

La navigation à deux sur une goélette n’était pas de tout repos, elle dût apprendre à barrer, à régler les voiles, malgré tous ses efforts elle ne parvint jamais à comprendre les cartes maritimes alors elle s’en remettait à Paul pour régler l’itinéraire.

La plupart du temps, le bateau voguait quasiment tout seul, sans aucune anicroche jusqu’à la terrible tempête.

C’était le quart de Paul, elle se reposait sur le pont arrière du bateau lorsqu’il l’avait appelée d’une voix insistante.

– On va prendre un gros grain annonça-t-il, prépare toi on ne sera pas trop de deux pour gérer.

Sortant de sa rêverie elle constata que le ciel si bleu quelques instants auparavant était d’un noir menaçant et elle sauta de son transat pour rentrer les voiles comme le lui avait demandé Paul, qui démarrait le moteur du bateau.

En quelques minutes la mer était totalement démontée et la goélette tanguait dangereusement sur les vagues. Poussant le moteur à son maximum Paul essayait de se rapprocher d’une île afin de pouvoir jeter l’ancre pour attendre la fin de l’orage.

Les vagues léchaient le pont, le bateau se cabrait tel un cheval paniqué, et elle ne bougeait pas, fasciné par ce spectacle, la mer déchainée, les sursauts du bateau.

C’est à peine si elle pensait à se tenir dans le carré de la barre, Paul luttait contre le courant pour diriger la goélette mais à aucun moment elle ne se sentit inquiète. Dans cette rébellion des éléments, dans ce vent particulièrement violent, ces vagues menaçantes, elle réalisait enfin que ce n’était pas le calme de sa vie qui la gênait mais le fait qu’elle n’ait jamais réalisé ses rêves.

En rentrant elle serrerait fort ses trois hommes contre elle, et elle le finirait enfin son fameux roman…

 

 

Ce texte participe à l’atelier d’écriture de Leiloona

Le besoin de manque

On parle souvent du baby-blues, puis du burn-out maternel mais on ne dit jamais que celui-ci peut arriver à n’importe quel moment.

Cela fait quasiment un an que je ne me suis pas séparée de mes enfants, la dernière fois qu’ils sont partis sans moi c’était en Mars dernier, ils avaient passé une semaine chez Mamina et Papounet.

Une semaine pour respirer, une semaine pendant laquelle j’avais quand même pensé à eux puisque j’avais rangé, trié les jouets, mais aussi avancé dans les travaux de la chambre d’ami, et surtout surtout, profité du calme, du silence, de l’absence de disputes.

Si vous suivez ce blog depuis un moment vous savez que je suis une accro des jeux de société et qu’on joue très souvent avec les Monstroux mais ça n’est jamais assez. Quand un week-end, entre les sorties chez des amis et les tournois de judo on zappe le jeu, les garçons sont mécontents et l’expriment haut et fort.

Petit Monstrou sait être un enfant adorable mais il est aussi plein de contradictions et il est particulièrement difficile à gérer. Il faut toujours enrober le choses, théatraliser mes demandes, bref, il faut avoir une énergie que je n’ai plus.

Grand Monstrou lui, a passé un cap cette année, c’est un grand-petit. Il se pose des problèmes d’ado et il reste quand même un petit garçon qui a besoin de beaucoup d’attention de beaucoup de réconfort. Parfois il passe une semaine entière a être d’une humeur massacrante et c’est juste lourd à supporter, parfois encore, il est totalement déprimé et je ne sais plus que faire pour lui remonter le moral.

J’en suis arrivée à un stade où je ne peux plus donner, où je ne supporte plus leurs jérémiades, leurs récriminations que je trouve injustifiées, même si elles ne le sont pas forcément.

On s’engueule, on se balance des reproches, ma patience est ultra limitée, même nos séances de jeu se terminent parfois dans une grosse dispute.

C’est un cercle vicieux, moins j’ai de patience ou d’énergie, plus ils sont exigeants et demandeurs et au lieu de me réjouir d’avoir la possibilité d’être là pour eux chaque soir, chaque mercredi et chaque week-end, je ne profite plus.

J’ai besoin qu’ils me manquent, j’ai besoin de souffler un peu. Je rêve lorsque j’entends mes amis me dire qu’ils ont un week-end à deux parce que les enfants sont chez l’un ou l’autre de leurs grands-parents.

Ici, seuls mes parents les prennent de temps en temps et comme ils sont un peu « usés », et que les garçons sont particulièrement actifs je pense que ça n’arrivera plus.

Alors je suis partie !

Je ne suis pas partie à cause d’eux, je suis partie donner un coup de main à Mamina et Papounet qui ont tous deux subi une opération et qui sont très fatigués. Lorsque nous avons pris la décision que je descendrai seule pendant les vacances juste après leur retour de l’hopital et que Mr Poux prendrait des congés pour gérer les Monstroux j’appréhendais un peu.

J’avais peur de l’état dans lequel j’allais trouver mes parents, peur aussi que ça se passe mal pour les garçons avec leur Papa qui n’est pas souvent là, qui n’a pas l’habitude…

Et puis j’ai commencé à compter les jours, à me rendre compte que ce séjour serait bénéfique pour tout le monde.

Pour mes parents qui auraient assumé si je n’étais pas venue, mais qui sont bien contents de m’avoir avec eux, et seule en plus ce qui n’est pas arrivé depuis … pfiouuu

Pour Mr Poux (même si là il en bave un peu), qui va tisser de nouveaux liens avec ses garçons

Pour les Monstroux (même si là ils en bavent un peu), qui vont tisser de nouveaux liens avec leur Papa.

Et surtout pour moi…Il faut de temps en temps savoir être égoiste pour se préserver, se ressourcer et c’est exactement ce que je fais actuellement.

Je ne suis pas vraiment en vacances mais psychologiquement, moralement j’y suis un peu.

Je ne suis pas obligée de demander 15 fois à Papounet d’aller se doucher ou de s’habiller, il le fait tout seul comme l’adulte qu’il est.

Je ne râle pas sur Mamina pour qu’elle finisse son assiette, bien qu’elle ait un tout petit appétit, elle ne nous fait pas la comédie que je vis en permanence à la maison.

Pour le moment (et pourvu que ça dure) ils ne se sont pas battus comme des chiffonniers à grand renfort de vulgarités, de coup de poing et de baffes.

Je donne un coup de main pour le ménage mais je n’ai jamais besoin de ramasser leurs caleçons ou culottes par terre.

Mamina ne me vole pas mon téléphone pour envoyer des sms à ses copines en me disant que si ça me dérange je n’ai qu’à lui payer un téléphone.

Et enfin j’ai réussi à me poser sur le canapé sans trouver des emballages de gâteaux, ou une spatule planquée là par le boxer fou alors que je la cherche depuis trois jours….

Bref, si je ne culpabilisais pas pour Mr Poux qui a pris des congés mais qui va reprendre le boulot encore plus crevé, je ne rentrerais pas avant la fin des vacances !

Transat