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La fée du métro

© Kot
© Kot

C’est moi la fée du métro

Dans mon cabas j’ai tout ce qu’il faut

Pour récurer de bas en haut.

Mais quelle idée de tout carreler en blanc

C’est tellement salissant

heureusement j’ai toujours des gants !

Je suis la fée de la ligne trois

Il n’y a que moi qui la nettoie

et c’est du boulot croyez moi

Chaque jour je nettoie un petit bout

le sol, les bancs, un peu partout

je suis la dingue de l’essuie-tout.

Mais vous pourriez peut-être m’aider

Commencez pas ramasser vos déchets

Ou comme moi tout désinfecter

Pendant que la rame vous attendez.

J’avoue que je suis un peu fatiguée

de tous les jours, recommencer

cette lutte contre la saleté.

Et je commence à être âgée,

Je cherche quelqu’un pour me remplacer

mais il faut vraiment être motivé !

Pour aujourd’hui c’est terminé

vous comprenez je dois rentrer

Dans mon cabas y’a les poireaux

pour la soupe de mon Marceau.

Ce texte participe au jeu d’écriture organisé chaque lundi par Leiloona

Six mois

Crédit Photo Kot
Crédit Photo Kot

Avant lorsqu’elle prenait le métro elle essayait toujours de distribuer des sourires, consciente de sa chance de n’être qu’une touriste, consciente que ses utilisateurs réguliers avaient surement de bonnes raisons de faire la gueule dans ces couloirs sales et ces rames bondées.

Et puis, par la force des choses, elle était à son tour devenue une utilisatrice régulière, toujours les deux même lignes, trente-cinq minutes minimum à avoir trop chaud, à être tassée, bousculée, à constater l’incivilité croissante des gens qui ne laissent plus leur place, ni n’aident les autres.

Il lui avait fallu à peine six mois de ce trajet là pour perdre l’envie de sourire gentiment à ses concitoyens. Comme eux, elle subissait ce trajet matin et soir, redoutant la panne, le passager à l’hygiène douteuse ou celui à l’haleine alcoolisée.

Parfois, sur la fin du trajet, la rame se vidait suffisament pour qu’elle s’asseoit, elle se faisait alors son petit cinéma écossais en observant les autres passagers.

Ce couple en face qui se bisouillait constamment devait être une histoire toute récente, dans six mois ils échangeraient un bisou rapide avant leur changement de ligne, ou alors il la tromperait et elle le quitterait.

La petite Mamie si frèle et fragile, vascillant au rythme de la rame, serait-elle encore là dans six mois ?

Une chose était certaine, les quatre ados exubérants aux caleçons visibles sous des jeans douteux seraient toujours là, peut-être un peu moins bêtes ou peut-être pas.

Elle reconnaissait la femme au livre, qui prenait la même ligne à la même heure qu’elle chaque soir, c’était rassurant de la croiser, elles se faisaient maintenant de petits signes de tête bien qu’elle n’aient jamais échangé un seul mot. Elle l’avait surnommé la femme au livre car elle en avait toujours un qu’elle lisait debout, assise, ou collée contre la porte.

Se rendrait-elle compte qu’elle avait disparu ? Elle penserait peut-être qu’elle avait changé d’horaires, ou de travail, ou bien elle ne remarquerait rien, trop absorbée par ses bouquins.

Et pourtant très bientôt elle ne serait plus là, dans cette rame de la ligne 13, les médecins ne lui avaient pas donné plus de six mois…

 

Ce petit texte participe à l’atelier d’écriture de Bricabook