Tout à commencé avec la déprime automnale de Grand Monstrou, avec sa tendance à ne voir que le côté vide du verre, à s’énerver, être frustré pour finir par être malheureux.
Au début j’ai essayé de comprendre, j’ai tenté de le faire positiver de lui montrer tout ce qui allait plutôt bien pour lui.
Il ne manque de rien, il a une maman très disponible, présente chaque soir, chaque mercredi et chaque week-end. On fait plusieurs sorties variées par mois et nous sommes accros aux jeux de société.
De mon côté de la lunette : il n’a vraiment aucune raison de se plaindre.
Sauf que les gémissements ont continué, les pleurs, les disputes pour un rien et j’ai fini par consulter notre super psychologue pour enfant qui l’avait déjà reçu l’an passé.
Le verdict est tombé : Grand Monstrou était vraiment triste, limite malheureux.
Deux principales raisons : « Maman ne fait pas assez de choses avec nous » « Et surtout pas assez de choses avec moi tout seul ».
Autant vous dire que de mon côté la pilule a été un peu dure à avaler. Certes, j’ai eu beaucoup de choses à faire au mois de Septembre, certes je profite (enfin) d’avoir deux garçons à peu près du même âge pour les laisser jouer ensemble et vaquer à mes occupations mais BORDEL je fais plein de choses avec eux.
Souvenez-vous j’écris souvent : le mieux est l’ennemi du bien…
Et bien voilà, c’est ça.
A vouloir donner le meilleur, encadrer, jouer, divertir mes petits j’ai crée leur frustration parce que c’est bien humain que d’en vouloir toujours plus.
Et si moi je sais qu’il y a de meilleures mamans ailleurs mais aussi de bien pires, eux ne s’en rendent pas compte.
J’ai expliqué que leur copain X arrivait à la garderie à 7h00 le matin pour n’en repartir qu’à 18h30 le soir, que le mercredi et les vacances il était aussi au centre de loisirs et non pas à Paris à faire un atelier d’activités manuelles, ou au cinéma…
Ils acquièscent, mais pour eux c’est abstrait, et en plus, « X il a plein de cartes pokémon » (!!!).
N’empêche que, mis à part le fait que Grand Monstrou préfèrerait qu’on attache son frère dans le jardin pendant qu’on passe du temps ensemble, à deux, il y a vraiment un problème.
Mon fils n’est pas heureux et je crois que c’est de ma faute . C’est de ma faute parce que je suis devenue sans le vouloir une mère-hélicoptère : une mère assistante personnelle qui l’emmène à ses diverses activités ( judo, musique), une mère qui accoure avec une solution à chaque problème. Une mère trop présente quoi !
C’est cet article qui m’a mis la puce à l’oreille : http://www.slate.fr/life/81573/pourquoi-la-generation-y-est-incapable-de-grandir
Et puis j’ai lu celui-là qui ne m’a pas rassurée du tout : http://tempsreel.nouvelobs.com/le-dossier-de-l-obs/20130117.OBS5795/ces-parents-helicopteres-qui-font-des-enfants-mauviettes.html
Durant mes sept ans aux USA j’ai connu les enfants rois et j’avais dit « il n’y aura pas de ça chez moi ».
Non, ici les monstroux ne sont pas rois, mais je trouve normal de passer du temps avec eux, de faire des choses avec eux, je culpabilise même très souvent de ne pas en faire assez.
Je ne les ai pas vraiment sacralisés mais je reconnais que je suis du genre à voler à leur secours dès qu’ils ont un problème, je sors les griffes si on s’attaque à mes petits, je veux qu’ils aient le meilleur, tout le temps, mais du coup j’ai créé des attentes que je ne peux plus combler, des frustrations que je ne comprends pas mais qui sont bien là.
Je fais comment maintenant pour redresser la barre ?
Est-ce que par mon désir du mieux j’ai définitivement pourri leur vision du bonheur ? Des plaisirs simples ?
Est-ce que Grand Monstrou va continuer à se sentir malheureux malgré tout ce qui va bien ?
Je suis une mère hélicoptère mais j’ai perdu mon train d’atterrissage et je voudrais bien qu’on m’aide parce que je vous jure : j’ai pas fait exprès !