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Prends ma place #2

Comme je vous l’expliquais dans l’épisode 1 ( cliquez ici si vous l’avez raté, et vous me réciterez deux « Avé Sainte Peste » pour la peine!), Grand Monstrou pense que c’est cool de rester à la maison toute la journée. Il pense aussi que je n’ai pas l’habitude de travailler ( rien que de l’écrire les bras m’en tombent- heureusement ils sont retenus par le clavier-).

Je lui ai donc concocté un petit stage de «  femme au foyer » mercredi dernier !

Nous avons commencé dès le matin où il a fait les tartines du petit déjeuner, nettoyé la table, vidé le lave-vaisselle pour ensuite le remplir avec le matériel du ptit-dèj.

Ensuite je lui ai prêté mon super aspirateur mural pour faire la chasse aux miettes ( avec un balai mes fils sont des dangers publics pour les vitres, les meubles, ou les parents qui passent par hasard).

Comme il était très motivé et surtout à MA place il n’a même pas rechigné lorsque je l’ai envoyé se doucher ( alors que d’habitude il râle systématiquement et qu’une fois qu’il est sous la douche, y’a plus moyen de lui faire arrêter l’eau bouillante dont il inonde son petit corps ET ma salle de bain).

Une fois propre et habillé il a fait le lit de son frère ( qui a en effet 6ans et demi mais reste très handicapé par la PERRUQUE qui pousse en permanence au creux de sa main et ne sait donc pas faire son propre lit, -purée j’suis quand même pas aidée avec mes hommes-).

Ensuite il a plié le linge de la veille, enfin plus exactement les chaussettes ( en portefeuille oui Mossieur) et les caleçons, et étendu celui du matin ( ça l’a presque autant gonflé que moi qui le fais tous jours).

Tout commençait bien, j’avais prévu pour la suite de lui faire écrire 10 lignes sur le jeu Koh-lanta que nous avions testé le dimanche précédent puisqu’il devait faire tout comme moi et puis…

J’ai flanché… oui mon petit cœur de Maman a bâillonné mon esprit revanchard de pestouille, et je lui ai dit de faire une pause ( mon petit cœur me répétant sans cesse «  c’est mercredi, il travaille dur en Ce2 et gna gna gna).

Il a donc fait une première pause, puis je l’ai conduit à son cour de piano, il avait été convenu qu’il ne ferait pas les repas ( trop dangereux) donc je m’en suis chargée, et après le déjeuner il a fait ses devoirs.

Et j’ai re-flanché !! Le pauvre enfant, qui n’a rien fichu en Ce1, souffre énormément de toutes ces leçons à apprendre et ces (quelques) exercices à faire en Ce2… Ça se passe toujours dans la douleur ( j’envisage de le faire postuler au César du meilleur simulateur ) et je vous en parlerai certainement plus tard .

Je ne lui ai pas imposé l’écriture des 10 lignes, je ne lui ai pas fait faire la poussière, l’escalier, plein de choses oh combien épanouissantes que je me tape régulièrement.

Non, je l’ai laissé profiter de son mercredi après-midi, tout au plus il m’a de nouveau aidée avec la seconde panière de linge et a mis le couvert le soir (mais ça c’est chacun leur tour).

La leçon était bien passée le matin et mon petit cœur a pris le dessus en me répétant qu’à 8 ans, même si on a des tendances machos, on a aussi des besoins d’enfants :

 Jouer, se reposer,jouer, goûter, crier, jouer, faire crier son frère, jouer, faire crier sa mère, jouer…

Mais je crois qu’il a compris ma ptite leçon !

Par contre je suis très inquiète, deviendrais-je moins pestouille en vieillissant ? ( Oh my god, ce blog va devenir gnangnan, dégoulinant de bons sentiments, rose et fleuri… Arghhhh)

Le machisme serait-il génétique ?

Je n’ai pas dit qu’il s’agissait d’une maladie génétique, genre un chromosome qui saute et hop on se retrouve avec le pire des machos ! N’empêche que si c’était une maladie reconnue on chercherait peut-être un traitement ( niak niak ).

J’ai juste l’impression que le machisme, ses préjugés désuets (pour ne pas dire attardés) , ses attitudes mesquines  (pour rester polie) se transmettent de père en fils.

Voici quelques définitions trouvées sur le net, je ne vous cacherai pas que je trouve la dernière absolument délicieuse !

MACHISTE : Espèce de plus en plus rare de mâles humains qui ignorent leur infériorité générique et se comportent parfois comme s’ils étaient égaux (voire supérieurs!) aux femmes. www.gynarchy.org/publisher/ebooks/glossairewandine1.htm

J’ai un peu étudié la sociologie et j’avais été accablée de lire Pierre Bourdieu affirmer qu’on ne faisait que reproduire ce qu’avaient fait nos parents, en faisant un peu mieux certes, mais  qu’on restait dans le même modèle.  D’accord, il parlait de l’inégalité des chances à l’école et il a été bien contredit depuis, mais personnellement je lui donne plutôt raison et je reste persuadée que les machos actuels ne font que reproduire le modèle (avec une certaine complaisance certes) qu’ils ont eu dans leur jeunesse.

Prenons  par exemple  Monsieur  « Y » : Son père était un macho intégral en plus de ses nombreux défauts et sa pauvre épouse  a subit sans broncher ( puisqu’elle était coincée par son statut de femme au foyer) ses infidélités, sa paresse au foyer,de nombreux avortements auto-administrés à l’aide de plantes parce que Mossieur n’était pas foutu de se retenir… et j’en passe !

Bien qu’il s’en défende  Monsieur Y  a, ancrés en lui, des reflexes et un côté machiste très développés et malgré l’éducation continue (ou devrais-je dire la ré-éducation) de son épouse ( un peu plus libérée) , le naturel reprend très souvent le dessus.

Monsieur X lui, a toujours vu sa mère se cogner absolument toutes les corvées et il affirme haut et fort que « c’est pas bien », mais dans son foyer il ne fait que reproduire le schéma qui lui a été infligé tout au long de sa jeunesse ( c’est là que vous dites «  ohhhh le pauuuuuuuuuvre »). Attention, Monsieur X n’est PAS UN MACHO (enfin c’est lui qui le dit)  et il fait beaucoup plus de choses au « foyer », il s’occupe beaucoup plus des enfants, passe l’aspirateur plusieurs  fois par an ( tiens c’est fou !  pour moi ça se compte en semaine… ). Bref : on n’arrête pas le progrès ! (rire sardonique ou soupir NON-résigné).

Ces exemples véridiques ne font bien évidement  pas partie de mon entourage proche (qui a rigolé ?) mais j’ai le grand regret de constater que moi aussi je vis dans un nid machiste contre lequel j’ai beaucoup de mal à lutter.

Ce qui m’inquiète le plus c’est que j’ai enfanté deux ptits mecs… deux futurs machos ?  Que faire pour lutter contre les modèles  paternels largement inadaptés à notre ère ?

J’ai choisi de rester «  au foyer » pour donner le meilleur à mes enfants, mais ce « meilleur » n’est-il pas la voie royale du machisme ? En fait, 40 ans plus tard je me retrouve dans la même situation que la mère de Monsieur Y, coincée à la maison, sans revenu, sans situation ni reconnaissance sociale.

Est-ce que pour faire de mes enfants des hommes modernes, actifs aussi bien dans leur vie professionnelle qu’à la maison,  je vais devoir renoncer à ma disponibilité pour eux ?

Est-ce que, pour ne pas les entendre dire dans 4 ans «  Maman ne fait rien » il vaut mieux que je parte travailler en les laissant à la garderie matin et soir, en n’étant plus disponible pour un puzzle, une partie de Uno ou une histoire parce que de toute façon, vu les horaires de mon Poux, ce sera tout de même à moi de gérer la maison ?

A méditer donc… pour savoir quelle résolution je vais prendre pour la rentrée…

J’imagine déjà mon ami Manu  en train de râler que mon tableau est bien noir, loin de la réalité du 21ème siècle, mais je suis certaine que nous sommes toujours entourés de machos même s’ils se cachent le plus souvent…

Qu’en pensez-vous ?