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Fameuse ou fâcheuse épreuve de Philo…

Mince moi qui voulais faire un billet sur le foot, c’est fichu, nous ne sommes plus en course, les journaleux vont devoir se remettre au boulot et nous trouver de vraies infos ! Flute on me souffle dans l’oreillette qu’on a encore une malchance de continuer à entendre brailler les voisins rester en lice !

Parce que perso, le foot ne me détend  pas, et même si je trouve ça parfois drôle, ça me fatigue de voir les joueurs se rouler par terre en couinant au moindre petit coup reçu, ça me rappelle mon quotidien avec les monstroux qui sont, d’ailleurs,  bien plus résistants !

Mr Poux l’a bien compris et l’autre soir alors que j’avais subtilement subtilisé la télécommande pour lui éviter toute tentation  il n’a pas bronché, et à supporté avec moi la série américaine pourtant peu attrayante que j’avais sélectionnée au lieu de zapper sur le match  France – Mexique. Je vois d’ici Nelly pointer le bout de son nez et «  glouglouter » :

–          « Je te l’avais bien dit : Mr Poux est formidable ».

Je crois plutôt que je l’ai écœuré lors du dernier match qu’il a tenté de regarder, en commentant absolument chaque postérieur présent sur le terrain (je n’arrivais pas à voir la balle elle bougeait tout le temps !).

Bref, parlons donc d’un sujet également d’actualité : la philo et la terrible épreuve que viennent de subir nos futurs (ou non ) bacheliers.

De mon temps le bac que j’avais choisi de passer s’appelait «  A2 » ce qui signifiait lettres et langues. C’était déjà une appellation un peu saugrenue vu que nous n’avions pas plus d’heures de français ou de  langues que les scientifiques ! Au mieux nous en avions une langue vivante de plus quand les matheux n’avaient pas choisi d’étudier une langue «  morte ».

Par contre, en terminale, on se coltinait 8H00 de philosophie ce qui, si l’on tombait avec un mauvais prof, se transformait très vite en supplice ! Or, les profs n’échappent pas à la règle de tous les métiers, il  y a les bons et les mauvais… (et même les très bons et les très mauvais).

Le prof de philo de la section littéraire était un quadra voire même un quinqua ( bref il avait l’air VIEUX) qui  nous a pris de haut dès le début. Style le grand penseur qui ne voit pas pourquoi il doit nous expliquer la philosophie alors qu’on ne va, de toute façon, rien y comprendre (  fallait pas enseigner hein !).

A part quelques greluches qui le trouvaient charmant, nous l’avons tous détesté dès la première semaine et son approche de l’enseignement, sa façon de nous faire comprendre qu’on ne serait jamais des philosophes nous a très vite fait appréhender toutes ces heures de la semaine que nous devions passer dans sa classe.

Avant de décrocher complètement et de ne plus faire que ma correspondance ou des batailles de stylos avec mes copines pendant ses cours, je me souviens d’avoir étudié le «  beau ».

A 17 ans ce que je trouvais beau c’était mon voisin de droite  ( jusqu’à ce qu’il soit absolument ravagé par une crise d’acné), peu m’importait le pourquoi et comment on définissait le «  Beau ». J’ai pourtant du lire Kant, Hegel , et même  Alain (deux fois)  à ce sujet , ça ne m’a fait ni chaud ni froid,  alors que mon voisin … Bref , je n’étais pas passionnée et je n’ai pas appris grand-chose.

Jusqu’au jour où le prétentieux s’est coincé le dos ( quand je vous disais qu’il était vieux !) et a du s’absenter pour une lonnnngue ( et bonne) période.  Bien entendu nous étions enchantés à l’idée de toutes ces heures de «  perm » que nous allions récupérer, mais nos parents eux, ont commencé à paniquer, un bac de philo sans prof de philo ça «  craint ».

C’était le bon temps où l’éducation nationale remplaçait encore les profs absents et  très vite  une jeune prof  est arrivée au beau milieu des  préjugés et des  ragots qui étaient monnaie courante dans mon lycée et le village. Les parents (encore eux), au lieu de se réjouir d’avoir une remplaçante doutaient de ses compétences car elle venait d’un «  mauvais » lycée.

Pour nous par contre, ce fut la fin du bazar dans les cours de philo, que nous passions à refaire le monde dans de grands débats qui débordaient souvent sur le cours suivant. Même si les textes imposés n’étaient pas vraiment de notre goût, elle réussissait toujours à leur donner un intérêt et si je persiste à dire qu’à 17 ans on n’est pas vraiment prêts pour la philo, en seulement trois mois elle nous a appris beaucoup plus de choses que Mister «  prétentieux ».

Elle nous a notamment appris une chose essentielle :  dans la dissertation proposée dans les sujets du bac, la plupart du temps, la réponse EST DANS la question. En fait les créateurs des sujets sont issus du même moule que notre prof officiel ils pensent qu’on est tous des neuneus et qu’il vaut mieux nous guider un peu dans la question.

C’est ce qui m’a sauvée le jour du bac, baratineuse comme je suis, j’ai bien entendu choisi la dissert’ et le sujet était plutôt bien orienté je ne m’en souviens plus au mot près mais c’était du genre : «  la vérité est-elle toujours bonne à dire ?».

Et voilà, un petit cadeau bonus des rédacteurs de sujet, ce petit mot «  toujours » signifie qu’ils veulent lire que non, pas toujours justement, pas forcément.  Donc, on fait comme il est suggéré dans le sujet : partie 1 : oui partie 2 : non et en conclusion on a le droit de partir dans le délire de notre choix, il parait que les philosophes aiment bien les esprits tordus .  Je ne vous cache pas que ce que je préférai dans les disserts c’étaient les conclusions.

Lorsque le «  prétentieux » est revenu, il avait des lombaires toutes neuves mais toujours pas la fibre pédagogique et nous avons repris nos activités dissidentes pendant ses «  cours ».  Dans un de ces grands moments  de régression totale pour lutter contre l’ennui qui nous tenaillait huit longues heures par semaine, il m’avait dit que je n’étais qu’une » gamine qui n’aurait jamais la moyenne en philo ».

Alors de longues années plus tard, je peux vous l’avouer Môssieur le Grand Philosophe, en effet je n’ai pas obtenu la moyenne, j’ai eu 12 et ce n’est certainement pas grâce à vous mais grâce aux conseils avisés de votre jeune remplaçante.

Et je terminerai sur une question hautement philosophique : «  le malheur des uns fait-il toujours le bonheur des autres ? ».  Je pense que votre arrêt maladie a sauvé mon bac, je vous remercie donc avec un peu de retard d’en avoir eu « plein le dos » d’un métier qui visiblement ne vous convenait pas !