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Mon fils ce diplomate !

J’avais besoin de m’absenter, je demande à la Maman du meilleur copain de Petit Monstrou si elle peut me dépanner et le faire déjeuner mercredi midi.

A table, il dit tout bas à son copain (mais pas assez bas) :  » je ne me souvenais pas que ta soeur était moche comme ça« . Tout le monde a entendu, même la demoiselle en question. (encore pardon pour lui jeune fille !)

Grand moment de solitude dans l’entrée de la maison lorsque la Maman du copain me raconte ça…

J’appelle Petit Monstrou pour le sermonner, pour une raison que j’ignore il était à quatre pattes sous la table ( oui oui il a 6 ans), il vient me rejoindre les mains tendues et me dit:

«  il va falloir que je me lave bien les mains à la maison parce que c’est plein de poussière chez eux« .

Payes ta honte !

Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de creuser du carrelage avec vos pieds pour vous planquer dessous mais là, en cet instant de pure diplomatie enfantine, j’aurais voulu m’enfoncer sous le carrelage de l’entrée…

Je pense qu’il ne sera jamais plus invité chez ce copain…

Après lui, le déluge…

J’avais 11 ou 12 ans lorsque ma Grand-mère m’a envoyé une jolie carte avec cette phrase de Marc Aurèle : «  accomplis chaque geste de ta vie comme s’il devait être le dernier ».

Je suis certaine qu’elle ne s’attendait pas à l’effet bœuf que ça a produit sur moi à l’époque, parce que sincèrement qui a envie que son dernier geste soit un devoir de maths ?

Du coup j’ai commencé  glander très fort au niveau des devoirs parce qu’il était beaucoup plus important de terminer le roman en cours ou d’écouter en boucle le dernier hit en vogue ( au péril des oreilles de Mamina et Papounet).

A douze ans donc, je suis entrée dans la résistance. Résistance aux corvées et autres activités bien peu trépidantes qu’il faut faire mais dont on se passerait bien.

Ma pauvre Mamina répétait inlassablement «  range ta chambre » et moi je pensais : «  à quoi bon ? si je meurs demain je préfère faire quelque chose de plus intéressant ».

Pourtant déjà à l’époque, je me doutais bien que ce n’est pas exactement ce que Marc Aurèle voulait dire, je supposais qu’il évoquait plutôt un comportement bon et altruiste dans le respect de ses congénères  de la nature et gna gna gna…

Je crois bien que c’est ainsi que j’ai débuté ma carrière de piètre femme au foyer, sous le prétexte d’une certaine philosophie de vie du genre Carpe Diem.

Ce n’est certainement pas en récurant la cuvette des toilettes qu’on profite de l’instant présent…

En même temps si je meurs demain, il y aura surement plein de gens qui vont passer à la maison ( une grosse dizaine quoi…) et ça craint si les toilettes sont « cracras »… Ou PAS :  je ne serais plus là pour le voir.

Donc dans ma vie de tous les jours, j’alterne les moments où je m’acquitte des corvées sans rechigner et ceux où, en l’honneur de Marc Aurèle et en grande philosophe que je suis, je remets  à plus  tard ce qui ne me passionne pas.  Typiquement, lorsqu’il s’agit de repasser, je deviens immédiatement encore plus stoïcienne que le sieur Aurèle et je choisis de profiter de ma vie SANS fer à repasser au bout du bras.

Certains parleraient de fainéantise, je préfère appeler ça un laxisme raisonné.

Ceci dit, savoir que je suis mortelle et donc en « sursis » sur notre belle planète ne me donne pas l’excuse de faire n’importe quoi en pensant  «  après moi le déluge »

Et c’est là que le bas blesse, c’est que finalement on est encore trop peu à se rendre compte qu’on n’est pas tout seul, qu’après nous il y aura encore des générations et des générations ( enfin j’espère).

Eric soulignait très justement l’autre jour, dans un excellent billet, que dans un contexte où de plus en plus de gens et d’organismes  se rendent compte des dégâts  et des dangers provoqués par l’agriculture intensive à grands coups de pesticides et autres produits chimique l’UMP venait de supprimer toutes les subventions de l’agriculture biologique. ( après eux le déluge…)

Et le pire, (je ne décolère pas depuis que j’ai lu ça chez Bbflo) :  c’est DSK qui se vante à la télévision de défroisser ses costumes en laissant couler la douche pendant TRENTE MINUTES ! (là c’est : avec lui, le déluge).

C’est HONTEUX qu’avec les moyens de communication actuels, le président du FMI ne soit pas encore au courant que des millions de gens meurent de soif, que la sécheresse nous guette, que le désert avance…

Alors si contrairement à moi, t’es une pro du repassage, tu peux faire un geste pour la planète et offrir des cours gratuits à DSK ( le pauvre ne gagne que 30 000 euros  par mois).

Sinon, tu fais comme moi, tu rédiges un acte notarié pour que le dernier geste de ta vie soit de léguer ton cerveau à DSK parce que visiblement il n’en a pas !

C’est carrément la honte la France en ce moment non ?

La boulette de la rentrée !

Ou comment foutre la honte à son fils pour les trois mois à venir ( au moins…).

Je ne parle même pas de ma coupe de cheveux aérodynamique de ce matin, je n’ai jamais rien pu/su faire de mes cheveux, les enseignantes de la maternelle s’y sont faites, et la maitresse de Cp a eu la grande bonté de ne pas ciller en regardant ma frange dressée sur ma tête. (Elle a tout de même marqué un temps d’arrêt… certainement pour se demander si c’était la dernière mode).

Je n’ai pas craqué, je n’ai pas fondu en larmes en hurlant «  mon lapppppppppiiiiiiiiin » quand mon «  petit-grand » s’est installé sur une GRANDE chaise avec un VRAI bureau, non je suis restée très zen, très « propre sur moi » !

La boulette date en fait du mois de juin. J’étais très fière d’être une Maman or-ga-ni-sée qui a fait ses courses de rentrée dès la fin du mois de juin, avant de partir en vacances et avant de perdre la fameuse liste des fournitures exigées par l’éducation nationale ( gratuite ? Humm) les enseignantes de CP.

Et le problème c’est ça :

Ou plus exactement ça :

Hier soir, alors que tout était prêt, les monstroux récurés, les habits  de rentrée sortis, les affaires étiquetées, j’ai eu comme un doute… Je n’avais jamais demandé à Grand-Monstrou d’ouvrir lui-même l’énorme cartable qu’il avait choisi en juin pour sa première année à la grande école.

Et ben si, vous avez bien deviné : IL N’ARRIVE PAS A L’OUVRIR !

(Est-ce parce que les boucles sont dures, est-ce parce qu’il n’a jamais eu de telles fermetures… en tout cas le premier qui se moque de mon fiston dans les commentaires sera lynché au beau milieu de la blogosphère et croyez-moi y’a du monde sur la blogo en ce jour de rentrée !)

Donc là, j’imagine déjà la cata à l’école…

Enseignante : « Bon alors les enfants, j’avais demandé à ce que vous ameniez un peu de matériel pour la classe, on va le ranger dans les bureaux »

Brouhaha dans la classe, tout le monde étant ravi de montrer sa jolie trousse, ses supers feutres, le cahier de texte « Ben 10 »…

Grand Monstrou ne bouge pas, raide comme la justice sur sa chaise, il attends…

Enseignante : «  ceux qui ont déjà amené la blouse de peinture, vous pouvez me l’amener, on va les ranger au fond de la classe ».

Tout le monde se lève sauf UN élève…

Enseignante «  maintenant qu’on a bien tout rangé, sortez tous : vos ardoises et vos feutres »

Grand Monstrou n’a toujours pas bougé…

Enseignante : «  que se passe-t-il Grand Monstrou, tu n’as pas amené d’ardoise ? »

L’enfant se décompose, au bord des larmes…

L’enseignante ( voix rassurante) : mais ce n’est pas grave, pour le premier jour je vais t’en prêter une ( sous entendu : purée ta mère a eu deux mois entiers pour se procurer une ardoise c’était pas bien compliqué si ?).

Et là, drame, mon Grand Monstrou fond en larmes en disant : «  je ne saiiis paaaas ouvriiiir mon caaaaaartaaaaaaaable »

C’est sûr, ça le poursuivra jusqu’en CM2, il n’aura plus jamais aucun copain, aucune amoureuse, il sera seul, banni au fond de la cour, étiqueté pour les 4 ans à venir comme «  celui qui ne sait pas ouvrir son cartable ».

J’en ai des sueurs froides !

Du coup nous avons passé une partie de la soirée à essayer de lui apprendre à ouvrir lui-même son cartable et malgré cet entraînement intensif, il n’y arrive toujours pas… je l’ai donc laissé à l’école avec son cartable déjà «  déverrouillé » histoire d’éviter le drame ci-dessus, mais dès ce soir je vais m’acharner sur ce P…. de cartable de M…. histoire de rendre un peu moins dures ces deux fermetures rebelles qui menacent la vie sociale de mon fils !

Déjà qu’il aura un peu honte lorsqu’il sera au collège et que j’irai lui crier que je l’aiiiiiime, la face collée au grillage, faudrait pas que ça commence dès le CP !

Ce billet participe au « défi mot » d’Angelita