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La complainte de la cafetière

 

De :  la cafetière noire de chez les « Poizon »

 

 

A : syndicat des cafetières en colère.

 

 

Chers membres du syndicat

Lorsque la famille Poizon est arrivée dans notre rayon l’an dernier, toutes mes camarades ont reculé terrorisées, chacune essayant de se planquer derrière l’autre, suppliant le dieu « Torré » ( facteur de son prénom) de ne pas être choisie.

Moi, petite cafetière noire, jeune et motivée, je n’ai pas reculé ! Après tout n’avions-nous pas été envoyées sur cette planète pour régaler les terriens de notre liquide chaud et amer ?

J’ai épousseté mon emballage et sautillé sur mon rayonnage jusqu’à ce qu’on me remarque et que miracle, les Poizon m’embarquent dans leur caddie.

Je ne me suis pas longtemps demandé pourquoi mes copines me chuchotaient des «  courage, sois forte » ou pire encore «  t’es complétement maso ma pauvre », j’ai très vite compris, je suis tombée dans une famille de FOUS !

Non mais rien que l’air hagard de la Poizon le matin au réveil, ça aurait du me mettre la puce à l’oreille ! Les cheveux en bataille, l’oeil vitreux, elle me remplit d’eau en bougonnant que je ne suis pas pratique car on n’y voit rien ( hé ouvre les deux yeux patate ai-je envie de lui crier), puis elle m’allume et là commence la danse de la « coffee-addict Girl ». Toutes les 15 secondes elle vient voir si j’ai terminé de faire couler son café, elle peste que je ne suis pas rapide, repart et reviens 15 secondes plus tard, trépignant d’impatience dans son pyjama froissé avec ses grosses marques d’oreillers sur la joue.

Un matin sur deux elle se sert son café avant que je n’ai terminé d’envoyer toute l’eau et un matin sur deux elle fait « Pouaaahhh c’est trop fort ».

Au début j’ai cru que les humains n’apprenaient rien de leurs erreurs puisque c’est une multi-récidiviste de la chose, mais en fait c’est juste elle, la Poizon, qui n’a toujours pas compris que si elle voulait que je coule plus vite il suffirait de faire moins de café à la fois et que si elle ne voulait pas de café ultra fort il fallait être un tout petit peu patiente et attendre la fin de mon travail.

Parfois ils reçoivent de la famille, là je suis bien fatiguée car je travaille encore plus mais je rigole bien aussi… Il y a le gros barbu qui me prépare tous les soirs et qui de temps en temps va jusqu’à m’allumer dans la foulée. Là c’est le sketch assuré parce que moi, pauvre machine disciplinée,même si je sais qu’il ne veut pas de café à cette heure là je m’ exécute ! Et quand par pitié je grogne un coup pour montrer que j’envoie l’eau chaude sur le café frais, réalisant son erreur il râle, il bougonne, souvent même j’apprends de nouveaux jurons et je rigole jusqu’à m’en décoller le filtre !

Sinon il y a aussi la Mamie à lunettes qui, dès qu’elle me voit, demande à la ronde s’il ne serait pas temps de me détartrer…Je suis un peu bruyante certes , mais ça n’est pas une raison ! Est-ce que je la traite d’entartrée moi ???

En plus question bruit, ici on est servi, la famille Poizon héberge deux petits animaux appelés monstroux qui crient et hurlent en permanence. Heureusement il ne m’approchent jamais car il parait que je les brûlerais ce qui, je dois le reconnaître, m’a traversé la résistance depuis qu’ils m’ont DE-FI-GU-REE ! ( photo jointe, z’avez-vu cette honte, moi petite Melitta noire et classique, ornée de ces horribles autocollants)

Mais tout cela n’est rien comparé au pire membre de la famille : The Poux ! Lui c’est un fou-furieux, quand il est là il me fait bosser non-stop quelle que soit l’heure ! J’ai passé des nuits entières à lui faire du café sans jamais un instant de repos, sans jamais un petit mot de remerciement,jamais un geste tendre…

Lui aussi marmonne que je ne suis pas pratique à remplir, et pourtant si je devais lui facturer mes heures supplémentaires, peut-être qu’il changerait de ton, car je n’ai pas beaucoup de collègues cafetières qui bossent jour et nuit !

Donc chers membres du syndicat je vous supplie par la présente de mettre fin à mes souffrances et de m’envoyer une remplaçante ! Je n’en peux plus de cette famille de fous, pour me venger, régulièrement je surchauffe et là ils font la grimace en disant «  pouah ! café bouillu, café foutu ! »…
Sérieusement vous ne pouvez pas me laisser plus longtemps chez ces zinzins qui ne savent même pas conjuguer le verbe bouillir !

 

Chaque nuit je pleure tant que je vais finir par m’entartrer pour de bon, j’ai des idées aussi noires qu’un expresso, je sens que ma résistance va lâcher… Pitié, sortez-moi de là, remplacez-moi par une Tassimo gagnée chez Chocoladdict !

 

 

La cafetière de la famille Poizon, en pleine dépression.

Ces petits riens qui redonnent le sourire 2/2

Jeudi dernier c’était le jour de LA corvée, après plusieurs faux départs ( pas tous les papiers), voire plusieurs actes manqués ( roo zut, là c’est trop tard pour y aller ça va fermer), je ne pouvais plus repousser : il fallait que j’aille perdre mon temps à la préfecture.

Enchantée à l’idée de ce moment oh combien enrichissant je pars donc équipée :  d’un bon bouquin, de mon téléphone et de diverses notes pour préparer quelques billets pour ce blog.

J’avais donc largement de quoi m’occuper pendant l’heure et quart de « poireautage » imposé et je ne me suis pas ennuyée : j’ai eu Minijupe au téléphone, j’ai préparé le billet «  un monde parfait », noté tout ce que je devais absolument faire en ressortant de là et en retrouvant la vraie vie, j’ai grignoté une barre chocolatée pour reprendre des forces, j’avais tout sauf le café !

Et là pendant les 10 dernières minutes d’attente, pendant lesquelles je ne pouvais absolument rien faire de peur de rater l’appel de mon numéro j’ai commencé à fantasmer sur un bon café.

Il faut dire aussi qu’à la préfecture de Chartres, lorsqu’on est appelé au guichet, on pose délicatement ses fesses sur un tabouret en molesquine bleu, et on s’accoude sur un comptoir en bois pour parler à l’agent administratif. La dernière fois que j’avais vu un décor pareil c’était un BAR et on m’avait servi un joli petit expresso.

Il ne m’en fallait pas plus pour commencer à saliver et penser  à cette dose de caféine qui me permettrait certainement d’être performante tout le reste de la journée.

Et du coup lorsque mon tour arriva, je déposais tranquillement ma liasse de documents sur le comptoir en annonçant «  bonjour, je voudrais un café s’il vous plait ».

Ça l’a scotché la jeune femme qui venait juste de reprendre la place d’une personne visiblement irritée  par tous ces individus qui n’avaient pas les bons papiers et lui râlaient dessus !

C’était ma chance, Vanessa ( oui, j’ai demandé son prénom) était toute fraîche, pas encore lassée par une clientèle de malotrus, et ma demande l’a fait marrer !

Je crois qu’elle a bafouillé un truc du genre « mais on n’en a pas »  ce à quoi j’ai répondu en plaisantant «  ah mais si vous ne servez pas de café faut arrêter d’installer les gens sur des tabourets et de les  accouder  à un bar pour vous parler ».

Elle a regardé son poste de travail d’un nouvel œil en me disant qu’elle n’avait jamais remarqué que oui, ça ressemblait bien à un bar de notre côté.

Lorsqu’on s’occupe finalement de mon dossier, il manque un document ! Là j’ai bien failli perdre mon humour car je ne me voyais pas revenir perdre une matinée pour un petit papier de rien du tout mais ouf, compréhensive, Vanessa me dit «  vous n’avez qu’à le remplir sur le côté et revenir entre deux personnes, je vais faire chauffer l’eau ».

Soulagée de savoir que j’allais enfin obtenir la carte grise dont j’aurais du m’occuper fin décembre ( hum j’aime être en règle, c’est juste que je n’ai pas le temps de l’être…) je n’ai pas réalisé tout de suite qu’elle allait réellement me faire un café !

C’est en revenant attendre mon tour derrière l’homme d’affaires horripilé et  suffisant qui remplissait un formulaire, que j’ai compris qu’elle l’avait vraiment fait, lorsqu’elle m’a chuchoté par-dessus lui : «vous prenez du sucre ? »

Un partout, balle au centre, ce coup-ci c’est elle qui m’a scotchée !

J’ai donc terminé les formalités de ma nouvelle carte grise en sirotant un café, lyophilisé certes, mais le plaisir de me faire payer un café à la préfecture l’a rendu absolument délicieux et je suis repartie avec le sourire.

Souriante d’avoir rencontré quelqu’un de sympa dans ce pays où tout le monde boude parce qu’il fait trop froid, trop chaud, y’a de la neige, y’en a pas assez pour skier,  ces fainéant d’instits sont encore en grève, y’a des crottes sur le trottoir etc.

Souriante parce que touchée par ce geste d’une inconnue qui n’était absolument pas obligée de le faire…

Et enfin souriante parce que, qui d’entre vous pourra me dire : « moi aussi je me suis fait payer le café à la préfecture » ?

Une situation un peu cocasse comme je les aime, un petit rien qui relance la bonne humeur…

Je vous souhaite un excellent week-end et plein de petits « riens » pour sourire, rire et aimer !