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Nath et Ben (suite et fin)

Julie passait la plupart de son temps avec Ben , heureusement elle pouvait travailler à la maison grâce à internet. L’école n’étant pas adaptée pour les handicapés c’est elle qui faisait l’éducation de Ben avec l’aide de son institutrice . Ben étant un garçon sérieux il n’y avait pas de problème mais Julie souffrait de l’isolation , elle avait abandonné toutes ses activités bénévoles et ses relations lui manquaient. Un jour Ben lui dit :

 »Maman , tu peux me laisser tout seul, j’ai dix ans et je ne peux pas aller bien loin et puis je voudrais apprendre le violon, ce ne sera pas agréable pour toi d’entendre des grincements les premiers temps, si tu sors j’en profiterais pour m’entraîner ».

Julie eut les larmes aux yeux, elle était ravie de sa décision et il avait raison il était temps qu’elle bouge un peu car elle se sentait de plus en plus déprimée et ce n’était pas bon pour l’ambiance familiale.

L’apprentissage

Ben commença ses cours de violon avec un instrument que l’école de musique lui avait prêté tout en continuant à faire sa rééducation, cela lui prenait beaucoup de temps mais c’était parfait pour son moral.

Nath avait reprit l’école, il était au collège maintenant et de revoir ses amis lui redonnait du baume au cœur.

L’automne était là avec ses couleurs chatoyantes et ses pluies abondantes, les cimetières se paraient de fleurs ondoyantes sous le vent annonçant un hiver précoce. Petit à petit la vie repris lentement son cours avec ses longues soirées d’hiver et ses moments de déprime. Ben commençait à maîtriser son violon ; cela avait été difficile au début, il y avait eu des pleurs et des « je n’y arriverai jamais », Nath l’avait toujours encouragé, il l’accompagnait au piano en faisant des fausses notes exprès pour faire râler son frère et puis rire ensemble . Pour Noël , Ben reçu un violon et Nath un téléphone portable ce qui lui permit d’appeler son frère pendant les récréations. Ben en était ravi car malgré tout la solitude lui pesait, ses copains lui manquaient même s’ils venaient très souvent le voir et pour passer le temps il s’acharnait sur son violon, recommençant encore et encore les gammes , les arpèges, les déliateurs pour améliorer la vélocité de ses doigts.

Il aurait aimé faire du handisport, comme du basket par exemple, mais son professeur lui déconseillât car il risquait de se blesser les doigts , par contre il pouvait essayer la natation ce qui lui permettrait d’avoir plus de mobilité dans les épaules. Il en parlât à Julie qui fût tout de suite d’accord. Ce ne fût pas facile de trouver un moniteur qui accepte d’entraîner un jeune handicapé, mais Ben savait déjà nager et il pourrait aller à la piscine avec Nath.

Cela faisait un an maintenant que l’accident était arrivé, Bob travaillait beaucoup et en rentrant un soir il se rendit compte avec plaisir du changement. Les enfants riaient, Julie faisait des gâteaux , la maison revivait !

Nath avait participé au concert de fin d’année du conservatoire de musique en jouant la lettre à Elise, il était doué, mais son but n’était pas de faire des concerts, il voulait de tout son cœur accompagner son frère et ferait tout ce qui était en son pouvoir rester près de lui.

L’année suivante ils passèrent le bac avec succès il fallait maintenant choisir une orientation !

Ben avait fait de tels progrès que l’école de musique de leur petite ville n’était plus adaptée, il fallait qu’il rentre dans un conservatoire à Paris, ce qu’il désirait ardemment.

-Et toi Nath que veux-tu faire ? demandât  Bob .

– je sais que je vais te décevoir papa mais j’ai l’intention de continuer le piano ,je veux être auprès de Ben.

Bob espérait une carrière plus scientifique pour son fils aîné mais son abnégation lui faisait plaisir. Quant à Julie elle se rendait compte que ses enfants n’était plus des «  bébés » et qu’il fallait respecter leurs choix.

Le conservatoire

Cela posât quelques problèmes à Bob et Julie, ils pensèrent déménager mais Nath s’y opposât :

– vous avez une maison que vous aimez, maman tu as tes amies, tes occupations, vous ne pouvez pas tout changer, nous allons trouver un internat pour Ben et moi et je prendrai soin de lui, vous verrez j’en suis capable et avec internet nous serons tous les jours en contact. Il se sentait toujours responsable de l’accident de son frère, à dix-sept ans ce n’était plus un ado , en l’espace de quelques mois il avait mûri et raisonnait comme un adulte.

Pour le concours d’entrée au conservatoire il n’y eut aucun problème, Nath

fût reçu en interprétant « Rêve d’amour de Litz » et Ben « Le printemps de Vivaldi ».

Par contre ce ne fût pas facile de trouver un internat adapté pour Ben, après bien des recherches on leur indiquât une famille près du conservatoire qui serait susceptible de les accueillir si Nath donnait des cours à leur fille Elodie. Bob et Julie acceptèrent avec joie car leurs enfants vivraient en famille, et ils restèrent toujours en bonnes relations avec cette famille.

Nath s’acquittât très bien de sa tâche , Elodie était une ado sérieuse même si quelque fois ,elle et Ben taquinait Nath.

Tout se passait bien au conservatoire, les deux frères commençaient à faire des concerts à Paris puis en Provence. Pour ne pas influencer le public aucune photo ne figurait sur les affiches, seul un piano ou une guitare y figurait ou les deux quand il s’agissait de morceaux qu’ils jouaient ensemble. Quand elle le pouvait Elodie les accompagnait, elle aimais rendre service à Ben et cela soulageait Nath. Ben sentait bien qu’elle s’attachait à lui mais il pensait qu’avec son handicap il n’y avait aucune relation possible.

Ils avaient tellement de succès que bientôt ils furent invités en Europe puis au Etats Unis.

L’ascension

De concert en concert , ils parcoururent toute l’Amérique du nord au sud , les américains les avaient baptisés «  the french brothers ».

C’est à Los Angelès que Ben rencontrât un célèbre professeur de la clinique du Cedars Sinai. A la fin d’un concert celui-ci vint frapper à la loge des deux frères et après s’être présenté il proposât à Ben de l’opérer.

– êtes-vous au courant de l’expérience qui a été faite sur un chien paralysé des membres inférieurs ? Nous lui avons greffé des cellules buccales (qui contiennent l’ ADN) et maintenant il peut courir . Je vous propose d’essayer l’opération sur vous. Il n’eut pas le temps de finir son explication que Nath se mit à hurler :

– mon frère n’est pas un cobaye, gardez vos manipulations pour les souris !

– calme toi dit Ben, je sais que tu veux me protéger mais laisse moi réfléchir un instant , quels sont les risques professeur ?

– seulement que l’opération ne réussisse pas , et vous resterez tel que vous êtes.

– pouvez-vous nous laisser quelques instants, s’il vous plaît ?

– Nath je sais tout ce que tu fais pour moi , mais j’ai envie de quitter ce maudit fauteuil , et puis je suis amoureux d’Elodie et je ne lui dirais que debout !!!!

– mais nos parents n’accepterons pas de te faire prendre des risques , tu les connais.

– nous ne leur dirons rien, tu trouveras un prétexte pour qu’ils ne m’appelle pas, bref j’ai envie de tenter l’expérience.

Sa décision était prise , maintenant il fallait s’organiser, le rendez-vous fût pris pour le mois de Mai car Ben avait un concert à Paris au mois de septembre, après son séjour à l’hôpital il aurait probablement de la rééducation à faire il ne lui resterais pas beaucoup de temps pour répéter son concerto .

Pour la fête des mères et des pères afin d’éloigner leur parents ils leurs offrirent un voyage en Thaillande.

Le jour de l’opération arrivât , Ben avait confiance , mais Nath trépignait dans la salle d’attente. Quand Ben revint dans sa chambre , malgré les anesthésiants il sourit à son frère , le chirurgien était confiant mais il fallait encore patienter quelques semaines.

Dès qu’il put reprendre son violon il travailla avec un tel acharnement que Nath était obligé de l’emmener de force voir les plages de la Californie , en cette saison elles étaient magnifiques sous le soleil et le ciel bleu.

C’est au cours de ces promenades que Nath rencontrât Karoll , elle les connaissait bien car elle allait les écouter dès qu’elle le pouvait et Nath lui plaisait beaucoup. Ils se donnèrent rendez-vous pour d’autres rencontres , Ben qui voyait son frère heureux trouvait toujours un pretexte pour ne pas les accompagner , enfin il n’était plus le centre de ses préocupations et quand ils étaient tous les trois ce n’étaient que plaisanteries et fous rires .

Ben reprenait des forces , Nath était heureux et bientôt le mois de septembre fût là avec ses couleurs d’automne et son ciel nuageux .

… /…

Le Concerto de Tchaikovski à PARIS

La salle de l’opéra est comble , l’orchestre est prêt, Nath entre sur scène poussant le fauteuil de Ben , Julie et Bob retiennent leurs souffles cela fait près d’un an qu’ils n’ont pas vu leurs fils, ils sont toujours aussi beaux penses Julie en mère aimante.

Sur un signe du chef d’orchestre les instruments se mettent en place, Ben a déjà son violon en main, et dans un silence religieux les premières notes se font entendre.

Après quarante minutes de bonheur c’est une explosion d’applaudissements, la salle entière est debout pour ovationner ce jeune violoniste handicapé, Bob retient ses larmes, Julie les laisse couler avec joie ,elle qui a eu si peur pour Ben et elle se rend compte combien il lui a fallu de courage pour en arriver là, mais elle allait avoir une autre surprise.

Nath revient sur scène , Karroll le suit avec un énorme bouquet de roses , Nath donne le violon de Ben au chef d’orchestre et prend la main de son frère et doucement il l’aide à se relever, on n’entend plus un souffle dans l’assistance, Ben prenant appui sur le bras de son frère se dirige difficilement vers la loge la plus proche de la scène où sa mère se tient debout, il lui faut quelques minutes pour arriver jusqu’à elle et lui offrir le bouquet que lui a donné Karroll,puis il se tourne vers Elodie pour lui tendre la main et lui dire « je t’aime »,l’émotion que l’on sent autour de cette famille est indescriptible. Nath avait réussi son défi et depuis un certain mois d’août il était enfin heureux.

J’avais demandé la permission de regarder le concert à la télévision du salon de la maison de retraite, j’étais encore sous le choc.

    • Mamie séchez vos larmes, il est l’heure d’aller vous coucher me dit l’infirmière, ils sont merveilleux vos petits enfants.

      Maintenant je suis sereine et je suis prête a voir la grande lumière blanche qui m’endormira pour l’éternité.

………….

le concerto

http://www.youtube.com/watch?v=1FYqlGuHnKg

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Nath et Ben

Aujourd’hui je laisse le clavier à Mamina pour une très belle histoire ….

 

L’accident

Le crissement des pneus sur la chaussée, le choc, le hurlement de Nath, l’arrivée des pompiers, la sirène de l’ambulance, Ben se souvenait de tout. Après trois semaines de coma artificiel il ouvrait enfin les yeux. Ses jambes étaient inertes et il ne pouvait plus s’asseoir. Quand on lui annonçât la nouvelle il eut simplement un petit pincement des lèvres.

Le crissement des pneus sur la chaussée, le choc, le hurlement de Ben, l’arrivée des pompiers, la sirène de l’ambulance, Nath se souvenait de tout .Il avait du mal à s’endormir, son frère lui manquait. Ses parents trop préoccupés par l’état de santé de son frère n’avaient plus d’attention pour lui. Pourtant il faisait des efforts , ses devoirs étaient toujours justes , sa chambre rangée, il travaillait régulièrement son piano , mais cela leur semblait naturel . Il ne disait rien car c’est lui qui avait proposé cette course de vélo et il pensait que ses parents le tenaient responsable de ce qui était arrivé à Ben.

Le crissement des pneus sur la chaussée, le choc, les hurlements de Ben et de Nath, l’arrivée des pompiers, la sirène de l’ambulance, Julie se souvenait de tout . Elle est restée trois semaines au chevet de Ben, lui parlant, lui lisant des histoires afin de le réveiller mais seuls les doigts de sa main gauche bougeaient . Quand enfin ils sont rentrés à la maison elle a dormi un peu , mais son sommeil était agité et traversé de cauchemars.

Le crissement des pneus sur la chaussée,le choc, les hurlements de Ben et de Nath, l’arrivée des pompiers, la sirène de l’ambulance, Bob ne pouvait pas s’en souvenir, il était au bureau, mais il se rappelait très bien du coup de téléphone de Julie, elle hurlait ,il ne comprenait pas ce qu’elle voulait mais il sentait que ce devait être grave. Pendant trois semaines il resta seul avec Nath partageant son temps entre l’hôpital et la maison.

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Depuis son accident Ben dormait au rez-de-chaussée ce qui angoissait encore plus Nath, il n’y avait plus de jeu, plus de lecture à deux, plus de rire ! A son réveil il descendait vite voir son frère, lui proposait un verre de lait, un bol de céréales et l’aidait à manger, il aurait fait n’importe quoi pour le voir debout et quand il partait à l’école c’était le visage couvert de larmes. Quand il revenait , Ben lui demandait de jouer du piano et pendant toute la durée du morceau les doigts de sa main gauche s’agitaient. 

Après de longues séances de rééducation Ben put enfin s’ asseoir, et se déplacer en fauteuil roulant , si ses jambes étaient mortes son esprit n’avait rien perdu de son acuité et de son intelligence . La première chose qu’il demanda , était sa guitare et devant les yeux ébahis de ses parents il joua le morceau que Nath étudiait au piano , sa mère compris soudain pourquoi les doigts de sa main gauche étaient toujours en mouvement .

Mais jouer de la guitare quand on est assis dans un fauteuil roulant n’est pas facile, les accoudoirs le gênaient, son professeur de musique lui suggérât alors d’essayer le violon .Ben se mit à hurler de colère, le violon ne l’intéressait pas , il voulait jouer de la guitare .

Le professeur lui dit gentiment :

– Ben ,même si on fabriquait une guitare spéciale pour toi ce n’est pas sûr que le son soit excellent et cela coûterait une fortune.

– le piano alors ? nous en avons déjà un et nous pourrions jouer à quatre mains avec mon frère !

– Non , tes accoudoirs te gênerons encore , tu connais déjà le solfège , le violon ressemble un peu à la guitare tu sais , mais le son est plus noble. Ton frère pourra t’accompagner et il y a de très beaux morceaux de musique classique pour piano et violon. Je vais te prêter un C D , tu l’écouteras et tu me diras ce que tu en penses.

Ben sécha ses larmes mais il n’était pas convaincu, quand sa mère vint le chercher il boudait encore.

Julie se rendit compte que Ben était soucieux mais elle le connait assez pour ne pas lui poser de questions.

En arrivant à la maison Ben rentra dans sa chambre en faisant signe à son frère de le rejoindre. Il lui raconta toute la scène et lui demanda conseil.

– D’abord lui dit Nath nous allons écouter le C D.

C’ était le concerto OP 36 de Tchaikovski .Les deux garçon l’écoutèrent sans prononcer un mot, ils étaient subjugués .

– Jamais je ne pourrais jouer comme ça !

– Pourquoi pas dit Nath, je suis sûr que tu y arriveras et je t’accompagnerais au piano comme cela nous pourrons enfin faire quelque chose ensemble .

En effet depuis l’accident de Ben , ils ne pouvaient plus faire de vélo tous les deux, ni du trampoline, ni des duels à l’épée , aucunes des activités extérieures que les garçons de leur âge adorent , ce qui obligeait Nath à ne sortir que lorsque son frère dormait. Ben adorait son frère , il souffrait beaucoup de ne pas pouvoir partager ses jeux.

Pourtant le soleil brillait,la chaleur était douce, les champs regorgeaient de maïs ,de blé, de tournesols, le ciel était lumineux mais ils ne le voyaient pas tant ils étaient plongés dans leur souffrance .

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La suite demain sans faute …