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La Purge et la Brute

Grand Monstrou avait 17 mois quand j’ai commis l’irréparable, un acte de haute trahison passible de peines sévères : amener un nouveau bébé à la maison !

Pourtant on avait essayé de le préparer, on avait lu plein d’albums sur le sujet, quelques jours avant mon départ à la maternité il embrassait mon gros ventre pour faire des bisous à son petit frère…

Pourtant le petit frère avait amené un énorme camion (après je m’étonne d’avoir encore eu une césarienne !) sur lequel il pouvait s’asseoir et rouler partout, et avec lequel il a beaucoup joué…

Mais malgré tout, l’arrivée de Petit Monstrou :  la « chose » a été un grand choc pour Grand Monstrou qui m’en a beaucoup voulu (et qui m’en veut encore, désolée mon chéri c’est toujours non, on ne ramènera pas ton frère la maternité).

Au début la « chose » n’était pas particulièrement envahissante, juste très bruyante à ses heures, c’était donc moi qui subissait les rancœurs de Grand Monstrou ! Il m’a boudée, mordue, ne voulait plus que je le prenne dans mes bras mais m’appelait toutes les 5 mn… Je pense pouvoir dire que j’en ai un peu bavé à ce moment là.

Trois mois plus tard, il y a eu comme un « second effet kiss cool » lorsque Grand Monstrou s’est rendu compte que malgré ses bouderies, ses morsures ou ses tentatives pour nous amadouer, nous allions GARDER LA CHOSE ! C’est là qu’insidieusement Grand Monstrou s’est peu à peu transformé en Brute !

D’autant plus que la chose a commencé à bouger, voir à tenter d’envahir son espace vital ! En plus, rendez-vous compte, la « chose » avait des jouets, beaux, musicaux, absolument intéressants surtout au moment où elle s’en occupait… Donc, au lieu de profiter, comme toutes les mamans, du fait que bébé ne marche pas encore et qu’il est en sécurité sur son tapis d’activité, je devais au contraire le surveiller comme de l’huile sur le feu, de peur que son frère ne lui fasse avaler l’intégralité de son arche d’éveil.

A l’époque, Grand Monstrou avait une grande salle de jeu je les séparais donc le plus souvent possible, mais la « chose », heu Petit Monstrou, était très intéressé par tout ce que son frère faisait et nous voulions qu’ils apprennent à se connaitre.

Dès qu’ils étaient ensemble dans la fameuse salle de jeu, Grand Monstrou se débrouillait pour tacler son frère l’air de rien, et ça ne s’est bien sûr pas amélioré lorsque Petit Monstrou a commencé à se redresser, puis à marcher.

Enfin si, quand même, parce qu’il s’est rendu compte qu’il pouvait jouer avec la « chose » qui en plus le vénérait et imitait tout ce qu’il faisait. Nous avions alors deux Grand Monstrou : le grand frère protecteur dont rêvent tous les parents et le grand frère « brutus » qui martyrise son petit frère dont tous les parents se passeraient bien.

Lorsque Petit Monstrou a commencé à parler, la relation à changé, il faut dire qu’il a tout de suite très bien parlé et qu’il s’est très vite rendu compte qu’il pouvait faire péter les plombs à son grand frère juste avec ses mots.

La guerre psychologique avait commencé, Petit Monstrou, trop petit pour se défendre par ses coups rendait mots pour maux ! De préférence quand j’étais dans le coin pour éviter de se faire assommer en représailles, Petit Monstrou avait trouvé la faille et en quelques minutes, par quelques phrases bien senties, il faisait bouillir son grand frère.

Ils ont maintenant respectivement 6 ans et demi et 5 ans (dans quelques jours) et sont la plupart du temps très complices, mais un peu façon « vieux couple ». Ils se cherchent s’ils sont séparés, se manquent si l’un est absent mais ils passent aussi leur temps à se bouffer le nez chacun reprochant à l’autre ses petits défauts qui l’horripilent.

Et le pire bien sûr c’est quand Petit Monstrou est en mode « Purge » (dont je vous parlais ici il y a quelques jours) parce que non seulement ces jours là il est particulièrement désagréable avec son père et moi, mais il prend un malin plaisir à s’acharner verbalement sur son frère.

Ce gosse a un véritable radar pour appuyer là où ça fait mal, enfoncer le clou, trouver la petite phrase qui va gonfler son frère et la répéter à l’infini.

Grand Monstrou est à la grande école et se considère donc « grand », il n’y a donc rien qui l’énerve plus que son petit frère le traite de bébé, ce dernier en use et en abuse bien évidemment.

Ça donne des scènes du genre : à table pendant le dîner :

PM : t’es rien qu’un bébéééééééééééheuuuuuuuuu ( voix chantonnante histoire de bien narguer)

GM : nan c’est pas vrai !

PM : tu sais même pas faire tes laceeets heuuuuuuuu ( même petite voix agaçante)

Comme Grand Monstrou a eu du mal à maitriser l’art du laçage, il ne pense même pas à lui rétorquer que lui non plus, il est juste vexé qu’on lui rappelle son échec , il grommelle, s’énerve et devient rouge écarlate, puisque comme nous sommes tous à table, il ne peut pas frapper son frère.

La Purge : 1 La brute : 0

Mais si l’on prend la même scène dans le salon, alors que je suis occupée dans la cuisine, Grand Monstrou va très vite se jeter sur son frère pour lui faire ravaler ses paroles : au mieux il le pince, au pire il lui colle une baffe qui le fait décoller…

La Brute (25 kg) : 1 La Purge (15 kg) : 0

Dans tous les cas, ça se termine par les pleurs de l’un ou de l’autre, soit parce que « j’en ai marre de ce petit frère », soit parce que « j’ai maaaaaaaaaaal, je souuuufffffre ».

Donc, jusqu’à il y a quelques mois, je n’osais pas trop m’éloigner de peur qu’ils ne se blessent involontairement et maintenant qu’ils sont plus grands, plus autonomes, je n’ose pas non plus m’éloigner de peur que la Brute n’assomme la Purge qui l’aura bien cherché !

Est-ce que ce serait plus simple si j’avais eu des filles ?

Et chez vous ça castagne aussi ?