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Le grand Saut (ados)

J’ai découvert avec grand plaisir les aventures de  Marion, Alex, Iris, Rébecca, Paul et Sam en Janvier et, comme je ne lis jamais les communiqués de presse avant de commencer un bouquin, je suis restée sur ma faim en comprenant qu’il y aurait une suite.

Florence Hinckel (dont je vous ai déjà parlé car elle est aussi l’auteur de Yannis de l’aventure de U4 ) parvient à se glisser dans la tête des adolescents d’une manière exceptionnelle.  Plusieurs fois je me suis dit mais comment fait-elle pour se souvenir aussi bien de ces sensations que j’ai également eue en étant ado.

En tant que Maman j’ai souvent tendance à trouver que mon Judokado de 13 ans n’a pas à se plaindre, il a effectivement quelques devoirs, quelques obligations mais j’avais oublié tout ce qui traverse ces jeunes esprits en construction.

Nos jeunes héros n’échappent pas à la règle, entre les sentiments inavoués, les problèmes d’apparence, les difficultés familiales, la pression de l’avenir, tout risque de basculer à tout moment.

L’écriture fluide et la clairvoyance du monde adolescent de Florence Hinckel font que, très vite, on ne repose plus le livre et qu’on s’attache tant à cette bande que l’attente entre le tome 1 et le 2 sorti en Septembre a été très longue. (On compte déjà les jours jusqu’à Mars pour le 3éme et dernier opus).

Je dis « on » car bien que ce soit un roman à partir de 14 ans, Petit Monstrou (10 ans à l’époque) l’a dévoré et autant voire plus, aimé que moi.
La maison est toujours pleine de livres et nous avions de toute façon, de quoi assouvir notre soif d’aventures littéraires, mais nous avions noté chacun dans un petit coin de notre tête la date fatidique de septembre pour enfin découvrir la suite.

Comment dire, le 2 qui est aussi épais que le premier était encore trop court, non seulement on a retrouvé avec grand plaisir notre petite bande mais les questions restées en suspens dans le tome 1 ont certes, trouvé des réponses mais amené encore plus de questions.

Bref, du grand art, des émotions et du suspens, je sais déjà que je serai triste de quitter toute la bande à la fin du tome 3 et je vous recommande vivement de lire les deux premiers en l’attendant, que vous ayez 14 ans, 45 ou même 10 ans.

Le grand saut 1 , Le grand saut 2 

Florence Hinckel

Editions Nathan

PS : Mamina je ne te les ai pas encore prêtés  car il sont chez une copine du Judokado, tu l’auras dès qu’elle me les rendra.

 

Tu sais que tu es Maman quand…

– Le moindre petit bruit te réveille en pleine nuit … ( ça ne marche pas pour les Papas qui ont, pour la plupart, une grande capacité à dormir malgré les hurlements de bébé)

– Tu regardes plus souvent Gully que France 2

– Ton chat s’appelle Tchoupi et ton poisson vermillon (comme celui de Franklin)

– Tu as des lingettes/ totottes/ playmobils dans ton sac (en fonction de l’age des enfants)

– Tu sors régulièrement de chez toi avec de la confiture (ou nutella) dans les cheveux.

– Le généraliste et le pharmacien sont tes meilleurs copains. ( la sécu te déteste par contre).

– Ta voiture est un paquet de BN géant, il y a au sol et sur les sièges de quoi nourrir un régiment

– Tu t’es mise à manger des pom’potes en cas de petit creux.

– Tu ne te fais plus jamais de brushing, à la place tu coupes de petits ongles ( et ça clairement quand t’es tombée enceinte personne ne t’avais parlé de la joie de couper 20 ongles de pied chaque dimanche)

– Tu es devenue un thermomètre ambulant, un seul bisou sur le front te permet d’évaluer la température des gens ( mais tu ne peux pas en faire un métier).

– Tu passes tant de temps à trier les affaires trop petites que les tiennes sont en vrac dans ton armoire ( trop petites aussi d’ailleurs).

– Tu n’achètes plus de bibelots, à la place tu as la dernière création en pate à sel de ton grand, le tableau peint à la main par ton dernier et quelques crottes de nez sur tes meubles.

– Tu t’es déjà bousillé la plante des pieds une bonne dizaine de fois sur un légo

– Mais tu n’as pas hurlé le fameux « Putaing » de ton sud-ouest natal, tu as juste dit PU-naise !

– Vers le mois de Juin tu te promènes dans la rue avec un collier absolument ridicule mais que tu adores

– Dormir jusqu’à 7h30 est considéré comme une grasse matinée, mais souvent tu te lèves bien plus tôt juste pour profiter du silence.

– Tu chantes le dernier disney sous la douche, jusqu’à ce qu’un monstrou ait un truc hyper important à te dire et vienne t’annoncer que la voiture bleue roule plus vite que la rouge alors que tu es en train de te savonner.

– T’enfermer dans les toilettes te donne l’illusion d’une pause dans ta journée ( jusqu’à ce qu’on vienne te parler à travers la porte).

Mais …

 – Jamais tu n’as reçu autant de bisous

– Tu n’imaginais pas que ton cœur puisse contenir autant d’amour à la fois

– Tu ne pensais pas non plus, qu’il fondrait 20 fois par jour au gré des répliques de tes enfants.

– Pour rien au monde tu ne renoncerais à ce statut : Maman c’est pour la vie !

 

Et puis tant qu'ils sont petit, tu es l’héroïne numéro 1 !
Et puis tant qu’ils sont petit, tu es l’héroïne numéro 1 !

 

Petits bonheurs de Noël

Les Monstroux ne croient plus au Père-Noël, ni aux cloches de Pâques, ni à la petite souris ( même s’ils réclament quand même la pièce lorsqu’ils perdent une dent), et du coup cette année, Grand Monstrou voulait nous offrir quelque chose pour Noël.

Comme il voulait aller faire une course seul et que même si nous vivons dans une toute petite ville, je ne suis pas encore prête pour cela, je l’ai convaincu de se faire emmener par son Grand-Père puisqu’il ne fallait pas que ce soit son père ou moi. J’avais compris qu’il voulait nous acheter un truc et j’avais mandaté Papounet pour l’empêcher de vider complétement sa tirelire.

J’avais également deviné qu’il s’agissait de fleurs car ils sont partis en course début Décembre et sont revenus en disant  » finalement on ira juste avant Noël ».

Bref, mardi soir, alors que nous nous affairions à préparer le réveillon, les deux complices sont partis « faire une course », et revenus les mains vides avec des airs de conspirateurs satisfaits.

Lorsque nous avons installé la nappe de Noël, les bougies et les décos, Grand Monstrou tournait sans arrêt autour de nous, en pleine réflexion, il semblait hésiter. Il complotait avec son grand-père, ça négociait sec et j’ai senti qu’il serait bien que je m’absente quelques minutes.

En revenant dans le salon j’ai découvert un magnifique centre de table !

centre de table noel 2013-001

Grand Monstrou était tout fier de lui, il nous a annoncé que c’était pour Maman ET Papa.

j’étais très émue car il avait parfaitement choisi puisque j’adore le jaune, je l’ai félicité et remercié et là il me dit …

Tu sais il faut que tu remercies aussi Papounet car moi je n’ai mis que 15 euros et ça coutait 38 euros.

Mr Poux a tenté de l’interrompre en lui disant qu’on ne disait jamais le prix des cadeaux que l’on offre mais il a continué de plus belle.

Il faut vraiment que tu remercies Papounet parce que du coup il a payé plus de la moitié des fleurs.

Et là mon cœur de Maman a totalement fondu, non seulement mon Grand Bonhomme avait vidé sa tirelire pour nous faire une belle surprise, mais en plus il était encore tout embêté de n’avoir pas eu assez d’argent pour tout payer.

C’était le premier d’une longue série de petits bonheurs de Noël, ces instants hors du temps ou l’on oublie les soucis, ou l’on profite de sa famille, on l’on craque devant les yeux émerveillés des enfants qui ouvrent leurs paquets.

J’espère que chez vous aussi il y a eu beaucoup de bonheur pour ce Noël.

 

Mardi d’amour !

La semaine dernière Grand Monstrou et moi avons eu une terrible dispute, au point de se coucher fâchés, au point de me réveiller dans la nuit, au point de me remettre en question de 4 à 6 heures du matin et de me demander ce que j’allais bien pouvoir faire de ce pré-pré-ado.

Du coup, à l’heure du petit déjeuner j’avais juste envie d’aller me recoucher, de me cacher sous la couette et d’oublier ainsi mes soucis dans la chaleur de mon lit, dans la douce pénombre de ma chambre, bien calée sur mes oreillers.

Mais il fallait se préparer pour l’école, et puis j’avais un rendez-vous dans la matinée… hors de question de se recoucher donc…

J’ai pris une bonne douche bien chaude, pour me détendre le dos et me donner un peu la pêche et c’est quand je suis sortie de la douche qu’un petit bonheur m’attendait.

miroir

La veille, alors que nous étions fâchés, Grand Monstrou m’avait laissé un message sur le miroir de la salle de bain…

 » Maman I Love you » était apparu grâce à la buée de ma douche trop chaude.

Juste le truc qu’il me fallait pour me redonner la pêche, parce que malgré les mots durs échangés, malgré le fait que mon petit garçon est en train de se transformer peu à peu en pré-pré-ado avec tous les inconvénients que ça comporte, je l’aime tout plein tout fort mon Grand Monstrou !

 

miroir2

 

C’est un mardi d’amour pour les mardis tous doux de Maman@home

Rouge Tagada

couverture tagada

 

Rouge Tagada* est une superbe BD qui attirera d’abord le regard de  nos pré-ados parce qu’elle est toute rouge. La couverture, la quatrième de couverture, même les pages sont rouges.

Et une fois qu’ils l’auront entre les mains, nos pré-ados ne pourront plus la lâcher avant de l’avoir terminée tant le graphisme est beau et l’histoire douce.

C’est une histoire douce-amère tout de même car il s’agit d’une jeune fille qui tombe amoureuse d’une autre. Point de voyeurisme, point de jugement, juste les faits, un coup de foudre que l’on croit amical et qui en fait, est vraiment de l’amour.

L’auteur : Charlotte Bousquet  s’est confrontée d’une main de maître à un sujet difficile à aborder avec les adolescents, à une période où ils ne savent pas forcément où ils en sont, côté sentiments.

Et les sentiments traversent les pages, c’est une bande dessinée pleine d’émotions, de douceur mais aussi de réalisme. Je suis allée en classe avec Alex et Layla et je suis sûre que vous aussi.

Bien sûr, cette bande dessinée de Gulf Strean Editeur plaira plus aux filles puisqu’il y a deux héroïnes, mais elle a sa place dans toutes les bonnes bibliothèques ( message subliminal à mes deux cheftaines de biblio préférées).

 planches tagada

Rouge Tagada par  Charlotte Bousquet et Stephanie Rubini

Gulf Stream éditeur

15 Euros

Et pour ceux et celles qui comme moi adorent les fraises tagada, prévoyez le stock avant d’ouvrir la BD car vous aurez forcément envie d’en croquer à un moment ou à un autre pendant votre lecture.

 

*BD offerte par l’éditeur : Merci !

Seras-tu encore là ?

Aujourd’hui je prête le clavier à  Lil’ Mum car elle avait besoin de s’exprimer sans que sa famille n’en soit blessée ou qu’elle ne la juge pour son écrit.

Son texte fait suite à un autre billet que vous pouvez lire sur son blog, c’est à elle :

 

Il y a 5 mois, alors que tout allait pour le mieux et que tu te sentais bien, la sentence est tombée : les métastases prenaient possession de ton corps.

Le traitement n’a pas été long à mettre en place, au vu de ton âge on était même plutôt confiant quant aux résultats qu’auraient tes séances de chimio.

 C’est dur à supporter, et moralement et physiquement, pour toi. Je t’ai vu perdre tes cheveux (bien que ta perruque donne le change devant les autres), j’ai vu tes sourcils et ta moustache s’éclaircir, j’ai senti tes joues reprendre une douceur de peau de bébé (toi qui avais parfois besoins de te raser 2 fois par jour !) je t’ai vu devenir plus pâle, limite jaune, plus faible. J’ai vu tes doutes, tes peurs tes larmes.

 Mais j’ai vu l’espoir, l’envie de guérir.

 On espère tous avec toi, on essaie de te soutenir avec nos mots, nos gestes et nos maladresses.

Alors qu’il ne te restait que 2 séances de chimio, que tu touchais du bout des doigts l’espoir de revivre normalement, les résultats montrent que tu ne réponds pas si bien que ça à la chimio. Pas si bien, mais pas si mal non plus, alors les médecins font le choix de rajouter des séances.

 Toi qui jusque-là tenais tant bien que mal le cap, tu t’es ébranlé. Le roc que tu es s’est fissuré.

Pour moi, tu es mon papa, le plus grand, le plus beau, le plus fort. Celui qui restera auprès des tiens pour toujours.

 Sauf que là, la maladie t’a enlevé l’invincibilité qui, pour moi, te caractérisait.

 Aujourd’hui, je vis loin de toi, mais on est en train de faire les démarches pour retourner habiter vers toi (entre autre, ne crois pas que tu régentes toute ma vie non plus hein !)

 Aujourd’hui, je pense devoir accepter l’idée que tu partiras plus tôt que ce que l’espérance de vie d’un homme aurait pu laisser espérer.

J’en prends conscience et je pense que toi aussi bien évidement. Tous autour de toi en prenons conscience d’ailleurs.

 Tu m’as fait comme je suis et je pense que tu dois pouvoir être fièr de moi. Disons que tu as bien fait ton job quoi. Aussi bien pour moi que pour ma sœur.

Tu as su me donner l’élan pour devenir une jeune femme libre, autonome et bien dans sa tête. Certains diront que je n’ai plus « besoin » de toi. Certes. Mais j’ai besoin, j’ai envie de savoir qu’il y a plein de moment en famille à partager.

 Et puis il y a mon Lutin. Je sais que tu y pense beaucoup. Et je pense qu’il a encore beaucoup à apprendre de son Papou. Beaucoup de moments complices à partager encore.

Cet été on devrait être de retour dans la région avec mon ours et le Lutin. Ce qui me réjouissait il y a peu me fait peur désormais :

 Papa, seras-tu encore là ?

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Mon petit dernier que j’aime d’amour !

Il est arrivé il y a maintenant deux ans, pile le jour de la fête des mères et je l’ai tout de suite aimé !

Très autonome, il s’occupe tout seul dans les chambres, pendant qu’on se repose dehors sur les transats. Par contre, il est un peu bruyant et tantôt il fait tomber des choses, tantôt il tourne en rond obstinément repassant compulsivement toujours au même endroit parce qu’il est un peu maniaque.

Il est coquin aussi, parfois il se glisse sous un lit et ne fait plus aucun bruit pour m’obliger à le chercher, mais je l’aime d’amour ! Les monstroux savent qu’il faut faire attention à lui, qu’il est encore petit et fragile. Mais même petit, il ne craint pas les araignées, il les pourchasse à ma place et les écrabouille sans merci quand il arrive à les rattraper !

Pour ça aussi je l’aime d’amour, d’ailleurs il dort à côté de moi, ronflotant parfois doucement…

 

 

 

 

 

 

C’est mon nouveau partenaire domestique, il s’appelle Roomba et je l’aime d’amour !

 

Il y a 10 ans, un mariage à Beverly Hills.

Il y a dix ans nous étions là :

Au « City Hall » de Bervely Hills, nous n’étions que tous les deux, par choix, car nous savions que nous allions nous remarier en France devant notre famille et nos amis.

Tu avais mis un beau costume, j’avais une robe de soie bleue, simple légère car il faisait déjà bien chaud en ce 21 Mars 2002.

C’était un jeudi. Je m’en souviens car ce matin là, comme chaque jeudi j’étais allée à ma classe de Pilate, histoire de ne rien changer aux habitudes, de ne pas donner à cette  » formalité » plus d’importance qu’il n’en fallait. Après tout ce mariage là n’était que la répétition de celui d’Août en France, et surtout nous ne croyions ni l’un ni l’autre à cette institution. Une sombre histoire d’impôts, d’assurance maladie nous avait convaincus d’aller officialiser notre relation.

Comme chaque jour  tu étais parti au bureau, j’avais suivi ma classe de gym, et nous nous étions retrouvé à la mi-journée, avec notre   » application » de mariage ( payante bien sûr) dûment remplie pour passer devant l’employé qui nous marierait.

L’édifice majestueux de la mairie  nous avait quand même mis un peu la pression, mais en constatant que nous devions nous tenir sous une pergola de fleurs en plastiques pour être mariés, tous les deux nous avions souri et pensé à la même chose : le Kitch existait aussi à Bervely Hills.

Et puis tu as lu les vœux qu’on nous avait fourni car nous n’en avions pas écrits, et chaque centimètre de ma peau, chaque millimètre devrais-je dire, s’était soudainement recouvert d’une chair de poule accompagnée de frissons.

C’est en larmes, des trémolos dans la voix que j’ai péniblement articulé :  » I, Béatrice, take you Mr Poux to be my lawful wedded husband, to have and to hold, from this day forward, for better , for worse, for richer, for poorer, in sickness and in health, until death do us part. »

Parce que même sous les fleurs en plastique, même si nous ne croyions pas au mariage, c’était LE jour de notre engagement officiel, le jour où l’on s’engageait à se supporter l’un, l’autre malgré les coups bas de la vie, ses aléas, et malgré tous nos défauts (que tu as en bien plus grand nombre que moi évidement).

Deux monstroux plus tard et avec deux mois de retard je te souhaite de joyeuses noces d’étain mon Chéri ! Que la santé nous permette de fêter ensemble nos noces d’Or…

Et vous votre mariage c’était comment ? C’était où ? Quand ?


Parfois il me surprend…

Oui je sais, je vous avais promis une photo de Mr Poux parce que le vendredi pour faire  plaisir à Virginie on met un ( ou plusieurs) homme(s) dans notre blog, mais Mr Poux était en déplacement cette semaine et je n’ai donc pas eu l’occasion de lui sauter dessus l’immortaliser en train de se frotter les morpions dans la douche !

Par contre, même en déplacement il arrive encore à me surprendre…

Mercredi midi, je venais de faire lamentablement cramer mes pommes de terre parce qu’on faisait les fous avec les monstroux, nous étions en train d’ouvrir touts les fenêtres pour évacuer la fumée quand le facteur a sonné pour nous livrer un énorme colis. Comme nous n’avions absolument rien commandé je lui demande

– » mais vous êtes sûr que c’est pour moi »

-«  Non, c’est pour Monsieur, et apparemment ce sont des fleurs !« 

Interloquée je regarde le nom de l’expéditeur : Jean-Paul machinchose…

–  » Vous êtes en train de me dire qu’un homme envoie des fleurs à mon mari ???« 

Et là, je me suis rendue compte que mon facteur savait sourire, seconde surprise de la journée : je croyais qu’il avait subi une ablation des zygomatiques !

– «  ah mais je ne sais pas moi, vous voyez ça avec lui !« .

Je récupère donc l’énorme colis de 3kilos5 et j’hésite…Ce truc ne m’est pas adressé, mais  si ce sont des fleurs, il faut que je les sorte de là pour les mettre dans l’eau elles ne tiendront jamais jusqu’au retour du Poux. Rien à voir avec ma curiosité légendaire, j’ai ouvert par pure charité pour ces pauvres fleurs !

Et la je découvre 6, non 7, non 8 (HUIT mes amis !!!) bouquets de Mimosa.

Pour réussir à tout sortir du paquet j’ai du monopoliser les bras des monstroux, et là j’ai été assaillie par un énorme doute : ça doit être un truc pour son boulot, il va offrir un bouquet de mimosa à chaque membre de son équipe… En même temps si ça n’est pas pour moi, alors que j’adore le Mimosa, c’est dégueu de le faire livrer ici !

J’envoie donc un sms à mon Poux en espérant qu’il soit joignable et pas en plein « meeting »…

 » Tu veux ouvrir un commerce de Mimosas ? »

Réponse :  » pourquoi y’en a trop ? kisses ! »

Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii c’est pour moi, mon coeur chavire, il m’a fait livrer des fleurs, ce n’est même pas mon anniversaire, une date spéciale, rien !

Mais alors, si ça se trouve, il m’aime encore un peu malgré notre vie de dingues, le fait qu’on soit plus des colocataires que des amants parce qu’il bosse constamment, malgré nos rares conversations d’adultes parce qu’il y a toujours un ou deux monstroux entre nous…

Nan, en fait c’est un truc pour m’attendrir afin que je refuse le super job qu’on m’a proposé et qui va induire quelques changements plutôt drastiques dans notre vie…

Ou alors il a un truc à se faire pardonner… arghhh que va-t-il m’annoncer encore ? Il va partir trois mois en Papouasie ?

Vous remarquerez mon optimisme habituel… Impossible de me réjouir complètement, depuis janvier 2010 je m’en suis tellement pris plein la tête à tous les niveaux ( santé, enfants, famille, couple) que je ne parviens même plus à apprécier une chose simple sans attendre le coup de bâton qui va avec !

Mais là, c’était juste comme ça, parce qu’il s’est souvenu que je lui avais dit que chaque année, même lorsque j’étais archi-fauchée, je m’offrais un bouquet de Mimosa, que c’étaient les seules fleurs que j’achetais… Il n’y en a pas dans notre région ( à part du blé et du colza y’a pas grand chose dans la beauce…) alors il a trouvé un site de vente directe mais il ne s’est pas rendu compte que 3kg 5 de Mimosa ça faisait énorme !

Du coup, tous les vases de la maison sont réquisitionnés et j’ai même du utiliser le seau de livraison parce que je n’avais plus de place ailleurs…

Et vous ? Il vous surprend encore votre chéri ?

Résignée

illustration de Marlène : http://alotoftralala.over-blog.com/

Elle regardait par la fenêtre l’horizon presque aussi sombre que son avenir. Songeuse, elle comptait les buildings comme s’ils représentaient ses mauvais choix, ses erreurs, en attendant le retour de ses garçons.

Dix ans plus tôt, sans éclats, sans guerre, elle avait quitté leur père, non pas parce qu’ils ne s’entendaient plus, mais parce qu’ils étaient devenus deux bons amis en colocation. A l’époque elle était encore presque jeune et ne voulait pas renoncer à cet amour dont on lui avait rebattu les oreilles depuis son enfance.

Du jour au lendemain elle avait tout remis en question, leur complicité n’était  plus suffisante, et son quotidien de femme au  foyer lui était devenu insupportable. Pourtant, adolescente, elle s’était bien juré de ne jamais être «  femme au foyer », elle aurait une grande carrière, serait libérée, indépendante, très certainement une auteure célèbre…

En attendant d’être célèbre, elle gagnait sa vie en enseignant, et puis son premier fils était arrivé, si petit, si beau mais si fragile qu’il lui aurait été insupportable de le confier à quelqu’un d’autre. Ils en avaient discuté, ils avaient fait les comptes et décidé qu’elle resterait avec lui à la maison, au moins la première année, et puis ça n’était de toute façon pas «rentable » pour les quelques sous qu’elle ramènerait une fois la nounou et les impôts déduits.

Elle avait été si heureuse de pouponner, de s’occuper de son bébé (qui bien sûr était le plus beau, le plus intelligent et le plus éveillé des bébés), qu’elle en avait totalement oublié cette promesse qu’elle s’était faite. Elle était tellement épanouie dans son rôle de «Maman dévouée » que dans la foulée, ils avaient fait un second bébé. Que du bonheur ce bébé aussi, enfin du bonheur et beaucoup de couches, de vomis, de linge à trier, de menus équilibrés à préparer…

Finalement elle n’avait jamais repris le travail et malgré le travail acharné de son époux, son poste à « responsabilités », les fins de mois étaient difficiles, le budget serré. Oubliés les restos romantiques, les soirées ciné, les sorties au musée. Les expéditions ne concernaient plus que la halle aux chaussures parce que le petit dernier avait encore des baskets troués, ou l’hypermarché du coin pour remplir ce frigo dont elle ne supportait plus la vue.

Monsieur passait ses week-ends à travailler, toujours un peu plus, elle passait ses semaines à discipliner ses garçons, à faire « tourner la maison ». Les journées s’enchainaient, se  ressemblaient dans leur morosité : « ne pas oublier le rendez-vous du grand chez le dentiste », «  penser à faire livrer du bois »…

Alors seulement, elle s’était souvenue  que la vraie vie ce n’était pas ça, que la vie dont elle avait rêvée, si elle comportait effectivement une famille, ne consistait pas à s’oublier, à être seulement la «  maman de », la «  femme de »…

Un soir de décembre, elle avait dit «  STOP » : stop à cette vie de dévouement étouffant, stop à cette vie sans plaisir, sans saveur, sans passion. Elle avait annoncé à son époux qu’elle le quittait, qu’elle ne voulait plus être l’épouse de son meilleur ami mais d’un amant qui la séduirait, dans les yeux duquel elle lirait du désir et non pas une vieille tendresse rance et coutumière.

Bien évidement il l’avait très mal pris ! D’après lui, elle était surement malade, dépressive, pour ne pas supporter cette routine qui convient à tant de familles. Il lui avait rendu sa liberté en lui assurant qu’elle était trop exigeante, qu’elle ne trouverait jamais ce qu’elle cherchait.

Et finalement il avait surement raison, elle s’était installée dans un petit appartement avec les garçons et vivotait péniblement du fruit  de ses traductions. Elle avait bien vite compris que 10 ans « au foyer » c’est la mort du CV et que les employeurs, déjà réticents à engager une femme, multipliaient les excuses pour ne pas recruter une « mère célibataire »…

Les garçons avaient très mal vécu cet éclatement familial et lui faisaient payer maintenant. Chaque week-end chez leur père était «  génialissime » «  top cool », ils revenaient systématiquement avec de nouveaux jouets, gadgets électroniques. Ils étaient devenus des ados ingrats et machos qui ne comprenaient pas qu’elle exige qu’ils participent («  chez Papa on ne fait rien, et  y’a une femme de ménage »), qu’elle ne veuille pas leur offrir les dernières baskets à la mode ou encore qu’elle les « persécute » avec son obsession des économies d’énergie.

Elle n’avait même pas de quoi les emmener en vacances, mais peu importe, puisque leur père, lui, les emmenait au ski tous les hivers et au club Med chaque été.

Son regard perdu sur les immeubles, elle se demandait comment elle allait réussir à se payer une nouvelle voiture, puisque l’actuelle, récupérée après le divorce passait désormais plus de temps chez le garagiste que dans sa rue…

Et puis elle vit arriver son mari, bel homme à la chevelure maintenant plus salée que poivrée, plongé dans ses pensées, son attaché case à la main…

Elle avait eu raison de se taire dix ans plus tôt, certes ils vivaient comme deux bons amis et la routine n’était guère plus folichonne maintenant que les enfants avaient grandi, mais avec un peu de chance, elle irait se pavaner au club Med cet été…

* Ce texte est ma participation au 5ème jeu d’écriture organisé par Lizly à partir d’une illustration de Marlène

* toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé est bien évidemment purement fortuite… et regrettable 🙂