Archives par mot-clé : adolescence

Les regards des autres (roman)

41V60txbNqLAhmed Kalouaz

Editions Rouergue

Collection Doado

A partir de 12 ans

Dans toutes les bonnes librairies depuis le 3 Février

9€20

Harcelée au collège par une bande de filles, Laure a bien du mal à réagir.  Elle finit cependant par alerter le principal et ses parents lorsque des élèves plus fragiles qu’elle se trouvent pris comme cible. Dans ce roman émouvant et fort, Ahmed Kalouaz décrypte remarquablement le mécanisme du harcèlement. (Source Rouergue)

Voici un roman qui fait mal à lire et qui pourtant, pourrait faire beaucoup de bien à nos jeunes qui subissent ou infligent des harcèlements en tout genre.

On vit avec Laure ses peurs, ses peines, son incapacité à réagir malgré ses tentatives. On replonge dans l’univers si dur du collège, de la relation aux autres, du besoin de « rentrer dans le moule ». Parce que c’est ainsi que ça a commencé, Laure est devenue victime parce qu’elle fréquentait un garçon un peu trop différent, un peu trop intello… Il suffit d’un tout petit détails pour générer des moqueries qui peuvent rapidement dégénérer en harcèlement permanent et oh combien handicapant, pénalisant, démoralisant…

Trop gros, trop différent, réfugié… les adolescents sont scrutés à la loupe par des bandes qui ont besoin de cela pour « exister ».

Laure a la boule au ventre tous les matins, ses notes chutent, elle sèche de plus en plus souvent et pourtant chaque soir elle décide de réagir, de ne plus se laisser faire. Elle ne parvient pas à en parler à ses parents et porte devant eux le masque du « tout va bien ».

C’est un livre fort que je recommande à toutes les classes de 6ème et de 5ème, en tant que soutien pour les victimes, mais aussi, pour faire prendre conscience à ceux qui seraient tentés de devenir des bourreaux, de ce qu’ils font réellement subir aux personnes qu’ils harcèlent.

Ce n’est que mon avis d’adulte, la prochaine étape pour moi c’est de le faire lire à mon Grand Monstrou pour étudier sa réaction.

Dans tous les cas, si vous avez un ou des collégiens parmi vos proches, c’est un roman à leur offrir.

*Livre offert : merci beaucoup

c’est long l’adolescence ?

J’en ai déjà parlé ici, Grand Monstrou change à vitesse grand V depuis la mi-Cm2, et je suis au regret de constater que ce ne sont pas que des changements positifs.

Comme en plus, depuis cette fameuse Mi-Cm2 je ne vais pas super bien et que j’ai pas mal déconné, je pense que j’ai amplifié le phénomène. Mais là, j’ai repris le dessus (enfin j’espère) et je suis dépitée de voir mon grand garçon :

mentir, glander, répondre et même grogner lorsqu’on s’engueule (il grogne littéralement).

Parce que oui, en ce moment c’est dur, on s’engueule tout le temps.

Il faut dire que depuis sa rentrée en 6ème il considère le collège comme le club Med ! Il assure le minimum syndical niveau devoirs, quitte à nous mentir s’il le faut : « mais si, j’avais appris ma leçon mais pas la bonne... » « j’avais fait mon travail mais je l’avais oublié à la maison ».

Encore heureux que ce ptit ado a de bonnes bases et pas mal de facilités parce que sinon je ne sais pas ce que ça donnerait. Il aurait pu avoir les félicitations mais ne les a pas eues à cause de son comportement !

Bon, depuis tout petit j’entends qu’il bouge tout le temps (attendez de voir le frangin les gars vous saurez ce que c’est qu’un élève qui bouge) et clairement ça doit être génétique puisque je peux être considérée comme « speed » tout le temps (sauf grosse chute de tension). Mais cette année, c’est pire, non seulement il ne sait toujours pas s’asseoir sur sa chaise dans le bon sens, mais en plus il bavarde, fait des signes au copains se prend ( je le cite) «  des barres de rire en cours ». ( bon ok je l’ai fait aussi les barres de rire, mais clairement je n’avais pas autant de remarques désagréables sur mes bulletins).

Au premier trimestre donc, nous avons sévi, nous avons supprimé le téléphone, les sorties, fait réviser les leçons mais cela continue …

Je voudrais l’aider à faire ses devoirs mais il a un ton tellement agressif en permanence que ça ne passe plus. Je lui explique le concept (que je ne sais pas toujours appliquer mais ne lui dites surtout pas) de prendre de l’avance, il ne m’écoute pas, je crois qu’il m’entend mais en tout cas il ne le fait pas et régulièrement nous sommes en train de terminer les devoirs à 19 heures même le mercredi ce qui est un comble étant donné que ce jour là il sort à 10 heures du matin.

En même temps c’est normal puisque du haut de ses onze ans, il sait déjà tout et à constamment raison (grumpf). Rares sont les jours où nous ne nous engueulons pas et c’est de plus en plus fort, moi qui ait récemment acheté un bouquin d’éducation respectueuse, hier soir encore j’étais en train de hurler dans sa chambre pour une simple bêtise.

Je me rends bien compte que la bêtise en elle-même ne méritait pas que je fasse un tel scandale mais ce qui m’a fait sortir de mes gonds c’est qu’il me mente en me regardant droit dans les yeux : « je ne sais pas » m’a-t-il répondu alors qu’il savait très bien.

Lundi sa professeur principale m’a appelée pour me dire que TOUS les profs se plaignaient de son comportement, j’ai juste envie de dire «  estimez-vous heureux mes amis vous ne vivez pas avec » parce que là j’ai perdu mon fils, je ne sais plus qui il est !

L’an dernier pendant la douce année de CM2 ( je précise ça pour les copines qui se plaignent du Cm2 ou des devoirs d’anglais en Ce2) il aidait beaucoup. Demandez-lui quelque chose cette année, il le fera, ou pas, mais s’il le fait ce sera accompagné d’un long soupir qui me gonfle au plus haut point.

Pourtant il recherche ma compagnie, il a toujours besoin de moi je le sais et je le sens mais quelque chose dans notre lien si fort, s’est brisé et je ne sais pas le réparer. Est-ce ma faute ? Est-ce la société qui transforme nos bébés en pré-ados trop vite ? Est-ce que j’ai merdé quelque part ?

Suis-je devenue cette vieille conne qui ne comprends rien au collège ?

Souvent il me dit «  passe une journée dans mon collège et tu verras », mais je l’ai déjà vécu le collège (je n’ai pas l’intention d’y retourner) et je n’ai pas fait autant de vagues.

Comme le soulignait sa professeur principale au téléphone, à notre époque, à 11 ans on était juste des enfants, on suivait le groupe, on ne se rebellait pas autant. Maintenant 11 ans c’est la pré-adolescence, voire l’adolescence et nous parents, sommes démunis face à cela.

J’ai fait passer des valeurs je crois, que sont-elles devenues ? Mon fils avait beaucoup d’humour, du second degré, de la finesse… que sont-ils devenues ? Mon fils était celui qui prenait la défense des faibles, celui qui l’an dernier s’est levé en plein cours parce que toute la classe se moquait de l’un de ses amis.

Ce ne sont plus que conflits, luttes intestines, guerres ouvertes, chantages et chamailleries en tous genre…

Rien de ce que je peux dire n’a plus aucune valeur, il a toujours besoin de me parler mais ne m’entends plus, ne m’écoute plus… Oui j’ai déconné à fond, j’ai mal communiqué mais vais-je payer ce passage à vide par la perte de mon enfant ? De mon garçon qui partait si bien ?

Que dire de la fois où il a harcelé un gamin anciennement ami à lui par sms ? J’ai tenté de lui expliquer la gravité de la situation en vain : « le collège ne pourra rien faire contre moi ça s’est passé en dehors ».

Certes le collège ne pourrait rien faire, sauf que la maman du pauvre garçon lui a promis que son mari (je cite encore) «  allait le choper quand il serait seul dans une rue pour le défoncer » ( oui je vis dans un village de fous). Elle lui a tapé un scandale devant le collège, devant tous ses amis, ce que je n’aurais jamais fait mais que je peux comprendre, touche à un de mes enfants et tu verras la lionne qui sommeille en moi. Ceci dit je n’irais jamais menacer un enfant de 11 ans de lui «  défoncer la tête » … Quelle société merveilleuse… personne n’est intervenu…

J’en ai été malade pendant des jours, craignant que ces personnes ne passent réellement à l’acte, il a trouvé que j’en faisait «toute une histoire ».

Ce problème là semble s’être réglé, mais pas celui de la mauvaise humeur, de l’insolence, des provocations et des mensonges. J’en suis à appréhender son retour du collège, le moment des devoirs, je n’ai plus envie de l’emmener nulle part tellement j’ai peur qu’il soit vulgaire ou insolent.

Je sais bien qu’on dit « petits enfants petits soucis , grands enfants grands soucis » mais heuu… il n’a QUE 11 ans …
C’est encore long l’adolescence ?

k9791975

L’année solitaire (roman)

annéesolitaire

Alice Oseman

dès 14 ans

Editions Nathan

416 pages

16,90€

 

 » C’est l’histoire de … Tori, Michael, Becky, Lucas, Charlie. Et de l’année ou tout à changé.

On est censés vivre la plus belle période de notre vie. On est jeunes, on est en train de décider de notre avenir (c’est en tout cas ce qu’on nous répète) on a des amis. Mais en fait, tous, on attend que quelque chose change. Becky, ma meilleure amie, avec qui je rigole de moins en moins. Lucas, qui réapparait dans ma vie après toutes ces années. Mon frère Charlie, la plus belle personne que je connaisse. Michael Holden, avec son sourire trop grand. Et moi, la fille la plus misanthrope et pessimiste du lycée. On attend tous que quelque chose change. »

Un texte coup de poing sur l’adolescence (source Nathan)

En effet c’est un véritable retour en adolescence qui se produit lorsqu’on lit ce livre à mon age (avancé). Alors, effectivement, ce roman écrit par une jeune fille de 18 ans est plutôt destiné à ses pairs adolescents, mais en tant qu’adulte il a remué en moi les méandres de mon adolescence. Tori l’héroïne, est en souffrance comme beaucoup de jeunes de son âge, pessimiste, mais aussi exigeante : « pourquoi personne ne fait rien? » « Pourquoi tout le monde s’en fout ? ».

Tori ne rentre pas dans le moule, Charlie son frère non plus, d’ailleurs son nouvel ami Michael Holden est considéré comme  » barge » dans son ancien lycée. On vit avec elle, ses doutes, ses envies de dormir sans arrêt, son manque d’intérêt pour les conventions.

Et puis, il y a solitaire, un groupe anonyme qui va secouer tout le lycée avec des blagues innocentes pour commencer puis de plus en plus dangereuses et malsaines.

Le lecteur est donc pris entre l’envie d’en savoir plus sur solitaire, de savoir ce qui va arriver entre Tori, Michael et Lucas, mais également pris dans une certaine torpeur typiquement adolescente, l’envie de se glisser sous la couette en attendant que ça passe. Que cette année ou soi-disant l’on décide de notre avenir alors qu’on n’y est pas prêt se termine vite et sans douleur.

Un grand bravo à cette jeune auteure, le texte est fluide, très agréable à lire, l’histoire est bien ficelée et j’ai pris énormément de plaisir à la lire.

Qui mieux qu’une adolescente peut décrire ce que ressent une adolescente ? Je me suis revue 20 ans en arrière et j’espère que grâce à ce roman je serait un peu plus tolérante avec mes deux monstroux qui s’approchent à grand pas de cette pénible période.

 

* Livre offert : Merci