Mes fils ne seront pas ingénieurs !

Je sais bien qu’il est un peu tôt pour penser à la carrière de mes monstroux qui sont encore en spécialisation «  Pâte à modeler », mais une chose est sûre je refuse qu’ils deviennent ingénieurs !

Aucun rapport avec les sales blagues qui tournent sur internet  à propos des ingénieurs,  bien que certaines soient proches de la vérité. Il s’agit  en fait de la règle non écrite mais appliquée qui fait que, selon l’école dont ils proviennent  leur progression, leur  carrière , est déjà toute tracée  et même limitée !

Je m’explique, selon qu’on a fait ses études d’ingénierie dans une petite ou grande école, les postes accessibles et les salaires qui vont avec ne seront pas les mêmes. Prenons les ptits gars qui sortent d’Arts et Métiers, ils auront tout de suite un poste à haute responsabilité, doublant ainsi tous ceux qui triment depuis des années mais n’ont pas eu la chance d’être formés là-bas.

Ça donne des situations cocasses ou des quadras expérimentés se retrouvent avec des «  chefs » qui sortent à peine de l’école et ne connaissent pas grand-chose du métier…

Je passerai sur le fait qu’en plus, dans les grosses boites, Les PDG recrutent  en priorité dans les écoles d’où ils proviennent car toutes les corporations le font, c’est de bonne guerre.

Non, ce qui me dérange là-dedans c’est d’entendre dire que si on sort de telle école on ne pourra pas prétendre à tel ou tel poste qui est automatiquement réservé à l’élite, on ne pourra pas dépasser tel échelon à moins de faire vraiment des exploits dans la boite (ou de vraiment très bien sucer !).

C’est ça l’égalité des chances en France ! Un fils d’ouvrier  brillant, dont les parents se seront saignés pour  lui payer des études d’ingénieur, ne pourra de toute façon pas atteindre les hautes sphères s’il vient d’une petite école.

Si en plus c’est une femme… alors là c’est fichu,  la progression est encore plus limitée parce que BON SANG c’est une bonne femme il n’y a même pas besoin d’en dire plus ! Et quoi qu’en disent les médias, les gouvernants, on n’a pas du tout progressé de ce côté-là  en France !

C’est bien la peine de nous saouler avec le tronc commun de la scolarité ou tout le monde doit apprendre la même chose au même moment et de la même façon jusqu’en troisième… Enfin cet enseignement généralisé a été crée justement  pour réduire les inégalités, quel dommage qu’il ne soit adapté qu’à environ 15 % ( et je suis large) des élèves…

Prochainement je vous raconterai pourquoi je ne souhaite pas non plus que mes enfants fassent médecine…

Revenez-vite !

18 réflexions sur « Mes fils ne seront pas ingénieurs ! »

  1. J’ai cru voir « sucer », Béa a dit « sucer » ? Caramba, j’ai été dénoncée…
    Blague à part, le système que tu dénonces existe depuis belle lurette, c’est juste terrible qu’on commence à se demander s’il est intelligent maintenant (bon après, j’ai plein de copains qui sont des gens très très bien issus de ce système, hein!)

    1. J’ai écrit  » sucer » t’es sure ? ça doit être mon clavier qui a dérapé !!

      Oui je sais bien que ce système existe depuis longtemps, ce n’est pas une raison pour le cautionner…

  2. moi aussi ça m’énerve beaucoup ce système. Officiellement le système français est égalitaire, puisqu’on ne paie pas cher la fac, mais en fait ce sont les écoles (très chères) qui comptent… j’ai lu un doc là dessus qui expliquait bien le problème…
    j’ai fait la fac, donc mon diplôme ne compte pas vraiment. En Suisse on est rémunérée selon son niveau d’études. Si c’était le cas ici, avec mon bac +6, je gagnerai enfin plus que le Smic !

    1. J’ai appelé Arts et Métiers avant de publier pour connaitre le coût et on m’a répondu  » mais nous sommes une école publique Madame »… donc 550 euros SEULEMENT l’année.
      Sauf que, pour réussir le concours d’entrée, mieux vaut être passé dans un lycée privé que dans un lycée de Zep où personne ne veut enseigner et avoir fait une école de préparation bien chère…
      Et puis il faut tout de même se loger, se nourrir etc etc…

  3. Alors moi qui sors d’une école (mais pas la plus grande), qui choisis de vivre à la campagne, et en plus qui suis une femme (et mère de surcroit !), je ne te dis pas ce que ça donne….. vu que je n’ai pas présenté l’option « sucer » à mon examen d’embauche !

  4. la suite m’interresse car les miennes ne feront pas médecine non plus, mais certainement pas pour les mêmes raisons, …

    avec un tel discours de battante tu ne peux quitter la fcpe alors qu’il reste tant de chose à faire pour nos enfants !!!!
    et oui, tous les arguments sont bons pour ne pas être la seule rescapée de maternelle l’an prochain, et je n’ai pas envie d’arrêter à cause de personnes qui se trompent de combat !!!

    1. J’y crois pas il faut que je démissionne des représentants de parents d’élèves pour que tu me lises !?!
      Si ça se trouve nous aurons les mêmes raisons pour médecine… Et je vais même t’appeler avant pour compléter mon dossier 🙂

    1. et oui encore une belle illusion….remarque dès petites on nous avait fait le coup avec les princes charmants… alors l’égalité des chances on n’aurait pas du y croire non plus 😉

  5. Merci pour ces explications, je me doutais que toutes les écoles ne se « valaient » pas, dans la tête des patrons, mais je ne connaissais pas ce cas particulier des écoles d’ingénieurs. Que dire, à part que c’est honteux…

    1. Et bien il faut continuer à râler pour que cessent ces « à priori », ces passes-droit ( S partout ?), ces traditions douteuses…

  6. Si tout va bien mon fils ne sera pas ingénieur. Mon frère l’ai et mon autre est chercheur (chercheur à la recherche d’un projet de recherche).
    Dans notre famille, nous avons opté pour la solution : « je ne veux pas qu’on me mette dans une case ». Aussi, nous prenons les chemin les plus longs mais aussi les plus enrichissants.

    Un ingénieur qui sort d’un grande école a-t-il plus de compétence qu’un ingénieur qui a gravait les échelons ???? La différence ?
    Mon fils commencera a gagner sa vie à 18 ans (petit salaire) et apprendra en même temps. A 25 ans, il sera ingénieur expérimenté.
    Mon frère a été ingénieur à 24 ans et à 28 ans souffre d’une infection intestinale dû au stress et à la charge de son travail. Bel emploi, belle maison, beaux impôts mais comme il dit : ‘je ne dois rien à personne et je suis heureux de financer les écoles et les hôpitaux »
    Mon autre titi : manutentionnaire pour Leclerc car la recherche en France n’existe pas ou peu et le pôle emploi ne peut pas l’aidé. Donc il va partir

    Mon mari, fils et petit-fils d’artisan, CAP de justesse, gérant, bel emploi, belle famille, beaux impôts.  » Si on boycottait les achats qui cassent les emplois français, la France aurait moins de chômeur et de vrais métiers.

    Nos enfants doivent créer et fabriquer leur vie et non pas la société.

    1.  » nos enfants doivent créer et fabriquer leur vie » : oui ! Mais n’est pas à nous de continuer de modeler la société dans laquelle ils vont vivre ?

  7. Bonjour,
    Je suis une femme, ingénieure, dans une grosse entreprise française, issue d’une « petite » grande école post-bac. Bref pas une de celles du fameux « groupe I ».
    Néanmoins, cette situation que tu décris, elle a un fond de vrai mais tu la caricatures beaucoup. Certes, les ingénieurs issus de ces écoles prestigieuses ont parfois accès à de beaux postes un peu plus facilement que des ingénieurs « lambda » comme nous. Mais si ils sont mauvais, on leur préfère aussi des ingénieurs plus « pragmatiques » qui ont « osé » se confronter au terrain et qui ont un peu plus d’humilité. Ce qui est un atout peut se révéler un handicap quand il s’agit de communiquer avec des ouvriers ou des techniciens, il faut savoir expliquer ses raisonnements autrement qu’avec des équations bien calibrées ! Je vois aujourd’hui des carrières toute à fait honorables de personnes aussi issues du monde universitaire. Comme quoi le salut existe aussi en dehors des écoles ! Ma propre carrière se porte plutôt bien, et on est toujours venu me chercher pour me proposer des promotions, y compris ces fameux chefs issus de ces écoles, parfois au détriments de leur « filleuls d’école ».
    Tout ca pour dire qu’il est dommage de renier une profession passionnante juste parce qu’un système archaïque persiste encore parfois. Il y a aussi de la place pour ceux qui s’enthousiasment pour ces métiers demandant curiosité, créativité, méthodologie, et rigueur. Et quelque part, s’exclure volontairement de ces sphères pour ces raisons je trouve que c’est entretenir soi-même ce système « sectaire ».

    1. Bienvenue VertAmande, je suis ravie d’avoir votre témoignage 🙂

      Mes enfants feront bien ce qu’ils voudront, je ne vais pas commencer à leur interdire tel ou tel métier, mon titre était volontairement provocateur pour justement dénoncer ce système archaïque que vous reconnaissez même si votre professionnalisme vous a permis de le contrer.
      Je vous sens très fière de votre profession, ça fait plaisir à lire !

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