Mathilde

Mais pourquoi avait-elle accepté d’aller aider le mari d’une de ses copines, à corriger son mémoire d’Espagnol cet après-midi là ?

Parce qu’elle avait vécu plus de dix ans à Madrid, parce qu’elle aimait rendre service et surtout surtout, parce qu’elle ne savait pas dire non ! C’est  à cause de cela qu’elle se retrouvait devant la porte d’un quasi-inconnu  par ce bel après-midi ensoleillé, alors que justement ce jour là, elle n’avait pas ses enfants et qu’elle aurait pu tranquillement bouquiner lascivement allongée sur son bain de soleil.

C’est donc bien peu enthousiaste qu’elle sonna à la porte, en espérant que cette relecture ne lui prendrait pas trop de temps.

Lorsqu’il lui ouvrit elle remarqua immédiatement les traits tirés et les yeux cernés de quelqu’un qui est en pleine session d’examens, mais cela ajoutait à son charme.  Elle était d’ailleurs surprise de le trouver si attirant soudainement alors qu’elle l’avait croisé plusieurs fois devant l’école où ils avaient échangés des banalités sans qu’elle ne le trouve particulièrement séduisant.

Elle n’avait jamais prêté attention non plus à la chaleur qui se dégageait de son sourire, pourtant elle avait toujours eu un «  truc » pour les sourires et le sien était lumineux, frais et terriblement doux lorsqu’il la remercia d’être venue l’aider.

C’est à ce moment précis qu’elle a senti l’attirance, le désir monter en elle. Intérieurement elle se moqua d’elle-même, se comparant à une jeune midinette qui craquerait pour le premier venu, mais définitivement, le trouble était là. Elle avait même l’impression qu’il était partagé, car il était impossible qu’un homme d’une quarantaine d’années, en pleine ascension sociale, soit intimidé à ce point par son arrivée.

Il lui offrit un thé, qu’il lui servit avec des sablés, et ils s’installèrent devant l’ordinateur pour commencer leur lecture.  Bien évidemment, lire à deux sur le même écran exige une promiscuité propice aux frôlements d’épaules, ou de mains  sur la souris, et chaque fois il s’excusait doucement et s’éloignait un peu pour se rapprocher au paragraphe suivant.

Lorsqu’elle réfléchissait, elle tortillait inconsciemment une de ses boucles de cheveux, il lui fit remarquer que c’était amusant en remettant une mèche à sa place tout doucement, presque tendrement, lui frôlant  la joue au passage.  Elle reçut comme une décharge électrique à ce contact, et eut très  envie qu’il recommence. Elle se traita de nouveau de midinette car vraiment , elle ne savait pas ce qui lui arrivait, était-ce le temps orageux qui lui faisait perdre ses repères au point de s’émoustiller ainsi pour un inconnu ? Même pas un inconnu, pire, le mari d’une de ses copines !

Le mémoire était plutôt bien rédigé, elle n’avait à corriger que quelques erreurs de concordance des temps, mais  à chaque correction il hochait la tête comme un enfant pris en faute, avec une moue absolument adorable, qui lui donnait envie de le consoler.

Il n’avait pas terminé sa conclusion, elle se mit donc à taper quelques idées qui lui paraissaient convenir, il lisait par-dessus son épaule et elle pouvait sentir son souffle chaud  dans son cou.

Lorsqu’ils décidèrent ensemble que la conclusion ferait l’affaire, il la remercia chaleureusement pour son aide, riant de lui-même,  de son incapacité à terminer seul ce mémoire, de son manque de motivation pour cette formation interne qui lui permettrait pourtant une belle promotion.

Il lui offrit de nouveau un thé, cette fois ci dans le salon et s’installa juste à côté d’elle sur le canapé ou ils parlèrent de tout et de rien, surtout de rien d’ailleurs, comme pour retarder le moment de se quitter. Cette fois c’étaient leurs genoux qui se touchaient et chaque fois, elle se sentait troublée.

Jetant un œil à sa montre, elle annonça qu’elle devait rentrer, il avait l’air désolé en la raccompagnant jusqu’à la porte. Au moment de la laisser partir, il lui remit sa mèche de cheveux en lui caressant cette fois volontairement la joue.

«  Vous êtes sûre que vous ne voulez pas rester un peu ? »

Elle n’avait jamais su dire non …

19 réflexions sur « Mathilde »

      1. meu non ! pas la honte du tout !
        Tu sais, elle a fait fortune avec ses romans à l’eau de rose…. et j’y ai contribué !
        Alors, une nouvelle voie pour toi peut-être ?!?

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