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l’étranger (seconde version)

 

 

Je vous le dis le monde part en couille, on ne peut même plus proposer son aide sans attirer les soupçons ! Je dois reconnaître que ma peau basanée et mon œil au beurre noir ne jouent pas en ma faveur, mais aujourd’hui j’avais décidé d’être gentil !

Devant moi à la caisse, une frêle Mamie toute tremblante (parkinson peut-être) qui peinait à ranger ses courses, qui peine ensuite à retrouver sa carte de fidélité, et sa carte bleu enfoncée tout au fond de la poche intérieure de son manteau.

J’étais pressé mais je ne me suis pas énervé parce que je l’ai trouvée belle, belle de cette longue vie qui s’affiche en lignes discontinues sur son visage, belle parce que frêle et fragile et pourtant autonome. Elle est partie avec son caddie plein et clairement on ne savait pas qui tenait l’autre, dehors il y avait une tempête de vent et je me suis dit qu’elle allait certainement s’envoler.

Puis j’ai réglé mes achats et je suis sorti reprendre mon scooter ( enfin celui de Momo parce que comme je n’ai plus de boulot je n’ai plus, non plus, de véhicule).

La petite Mamie était là, elle ne parvenait pas à ouvrir son coffre, le vent la bousculait et clairement elle était bien trop menue pour retenir son caddie et soulever son immense coffre en même temps.

Mon sang n’a fait qu’un tour, je suis allée l’aider, en souvenir de ma grand-mère au bled, et puis aussi parce que même si j’ai fait un maximum de conneries ces derniers temps, je le sais on ne laisse pas quelqu’un dans l’embarras.

Oui mais voilà quand je me suis approché j’ai vu la terreur dans ses yeux, d’instinct elle a lâché le coffre rebelle et agrippé son sac à main.

Mon sang n’a fait qu’un tour, j’en avais ras le bol de ce délit de sale gueule, des gens qui ont peur de moi parce que je suis jeune, mal sapé, basané. Du coup j’ai pété un plomb et au lieu de l’aider, ce que j’étais vraiment venu faire, je lui ai balancé son coffre sur la gueule.

Scroooontch a fait sa boite crânienne en explosant et cette grosse salope de mémé raciste m’en a foutu plein les chaussures… je peux vous confirmer que la matière grise est bien grise mais y’avait des trucs blancs aussi, peut-être que la vieillesse décolore la matière grise ou alors on a une matière blanche. Faudra que je regarde sur la tablette de Momo un de ces soirs.

Bon, en attendant la vieille ne bouge plus du tout et en plus elle en fout partout, de la matière grise, du sang, je crois même qu’elle s’est pissé desssus. Çà ne m’a même pas calmé, je pense à ce gâchis, on essaie d’être gentil et puis voilà, à cause des préjugés on en arrive là, une petite mamie déchiquetée du crane, carrément morte, sur le parking d ‘intermarché et oh misère, aucun mousquetaire pour la sauver. Je reconnais bien ce goût de métal dans ma bouche, c’est un mélange de tension mais aussi de plaisir, plaisir de la voir là tout molle, inerte, avec sa boite crânienne ouverte et dégoulinante. Y’a pas à dire, les vieux c’est dégueu !

Bon enfin là je suis bien emmerdé, j’ai quand même un vieux cadavre sur les bras, je jette un œil autour de moi : personne ! Tu m’étonnes avec cette tempête les gens sont soit chez eux, soit dans le magasin à attendre une accalmie pour sortir. Je hisse la mémé dans son coffre, et bien que morte c’est un poids plume… il faut que je me calme et surtout que je me barre d’ici mais ça m’a tellement énervé cette histoire, moi qui voulait aider, rendre service… je jette un œil dans son caddy à côté du véhicule…Merde… des boites pour chats, chiens … moi qui déteste les gens j’ai un penchant pour les animaux qui nous aiment d’un amour inconditionnel quelle que soit notre couleur, notre humeur.

Avant d’atterrir chez Momo, j’avais un appart et un chat, le chat pas égoïste comme ce qu’on peut dire des chats, non celui là il était top … Genre il venait me faire des câlins quand il sentait que j’étais pas bien et à ce moment là pas bien, je l’étais souvent.

Là je suis en train de redresser ma vie, enfin c’était juste avant de tuer la mamie quoi … J’avais même décidé d’être gentil, d’aider « mon prochain » ( ah ah parole du curé de la zonzon ou j’ai tiré quelques mois, une sombre histoire d’autoradios stockés dans mon appart). Saviez-vous qu’en zonzon ils vous forcent à voir des curés ?

Merde je m’égare, faut gérer la crise là, la Mamie est rangée dans le coffre, j’ai un caddie plein de bouffes pour animaux et mes empreintes sont partout sur la bagnole vu que JE VOULAIS L’AIDER.

Je rouvre le coffre, cette fois avec une feuille des 6 rouleaux de sopalin que la Mamie avait acheté. Je fouille son sac, trouve son adresse, nettoie le coffre et le referme. Purée j’espère que j’ai bien enlevé toutes mes empreintes. Est-ce que le sopalin ça vire les empreintes ? Ils pourraient le dire à la pub quand même…

J’embarque dans mon sac à dos le maximum de boites chats/chien que je peux et je file à son adresse. Oh merde il y a la dedans une dizaine de chats ( je n’ai pas réussi à les compter) et surtout trois chiens, un petit et deux énormes. Je stresse, je vais me faire dépecer c’est sur.

Même pas, les chiens me font la fête comme si j’étais venu tous les jours, en fait ils attendent de pouvoir manger .. l’appart est coquet, bien rangé et il serait agréable si ce n’est pour l’odeur de pisse qui s’infiltre dans mes narines et me brûle tous les sinus à tel point que je regarde s’ils ne sont pas tombés par terre !

Bon, je ne suis pas sans cœur, et surtout le trajet en scooter m’a aéré la tête, j’ouvre des boites et des boites et tout ce petit monde s’entasse dans la cuisine pour manger. Dévorer serait plus adapté si j’avais étudié le Français mais la prof du collège était si bonne qu’on passait notre temps à la reluquer sans rien comprendre à ce qu’elle racontait.

Je me suis fait un café avec la cafetière-dinosaure de la mamie, c’est évidemment une infection, mais bon, dans les squats on n’a même pas de café alors je le bois et je réalise que si je n’en ai absolument rien à battre du sort des chats, les trois chiens qui rassasiés viennent me débarbouiller et me japper dessus, ben eux, ça me fait suer de les laisser là.

J’ouvre toutes les fenêtres, les chats pourront sortir le moment venu, quand ils réaliseront que je leur ai servi leur dernier repas mais je sais bien que les chiens ne sauteront pas du troisième étage et je décide de leur ouvrir la porte pour qu’ils s’échappent.

Merde alors, ils ne veulent pas sortir. Ils sont venus sniffer la porte mais ne sont pas sortis, ils restent devant et me regardent de leurs grands yeux.

Armé de mon sopalin je nettoie mes empreintes, la cafetière, les boites à chat dans la poubelle, tout en réfléchissant à une solution pour les chiens. J’ai trouvé, je vais les sortir et les relâcher. Un coup d’œil circulaire, rien à voler et puis de toute façon j’ai dit que j’étais rangé maintenant, je ne vole pas et ce petit meurtre en passant était un accident oui, un accident.

J’appelle les chiens, ils sortent avec moi… bon pour la discrétion c’est carrément loupé, ils jappent partout ces malades. Je sors de l’immeuble et enfourche mon scooter, un des chiens aboie, je démarre et file sans me retourner.

Oh bien sûr que je les ai vus me suivre dans la rue mais j’ai réussi à les semer, je rentre chez momo, je me fais un thé et je recommence mon cv…

Est-ce que les toutous trouveront une nouvelle famille ? La question ne cesse de me hanter, pourtant je n’ai aucun remord pour la vieille et son cerveau écrabouillé, le psy de la zonzon l’a dit, j’ai pas tous les remords au bon endroit, mais il a dit aussi que j’avais un bon fond !

Alors je me concentre et je réponds aux petites annonces, ce n’est pas parce que là, ce matin, j’ai un peu dérapé sur un parking que je ne suis pas un gentil !

l’étranger…

 

Je vous le dis le monde part en couille, on ne peut même plus proposer son aide sans attirer les soupçons ! Je dois reconnaître que ma peau basanée et mon œil au beurre noir ne jouent pas en ma faveur, mais aujourd’hui j’avais décidé d’être gentil !
Devant moi à la caisse, une frêle Mamie toute tremblante (parkinson peut-être) qui peinait à ranger ses courses, qui peine ensuite à retrouver sa carte de fidélité, et sa carte bleu enfoncée tout au fond de la poche intérieure de son manteau.
J’étais pressé mais je ne me suis pas énervé parce que je l’ai trouvée belle, belle de cette longue vie qui s’affiche en lignes discontinues sur son visage, belle parce que frêle et fragile et pourtant autonome. Elle est partie avec son caddie plein et clairement on ne savait pas qui tenait l’autre, dehors il y avait une tempête de vent et je me suis dit qu’elle allait certainement s’envoler.
Puis j’ai réglé mes achats et je suis sorti reprendre mon scooter ( enfin celui de Momo parce que comme je n’ai plus de boulot je n’ai plus non plus de véhicule).
La petite Mamie était là, elle ne parvenait pas à ouvrir son coffre, le vent la bousculait et clairement elle était bien trop menue pour retenir son caddie et soulever son immense coffre en même temps.

Mon sang n’a fait qu’un tour, je suis allée l’aider, en souvenir de ma grand-mère au bled, et puis aussi parce que même si j’ai fait un maximum de conneries ces derniers temps, je le sais on ne laisse pas quelqu’un dans l’embarras.
Oui mais voilà quand je me suis approché j’ai vu la terreur dans ses yeux, d’instinct elle a lâché le coffre rebelle et agrippé son sac à main. Je ne me suis pas énervé, j’ai adouci ma voix et je lui ai expliqué que je voulais juste l’aider.

J’ai ouvert le coffre, maintenu le caddie car le vent s’était encore amplifié. Si j’avais pu j’aurais tenu la Mamie qui semblait sur le point de s’envoler à chaque seconde mais je voyais bien qu’elle ne me faisait pas confiance.

J’ai rangé les sacs bien trop lourds pour la Mamie dans le coffre, et là elle a voulu me donner la pièce… je ne me suis pas énervé… J’ai souri ( on m’a dit de sourire plus souvent, surtout depuis qu’on nous demande nos papiers tous les deux jours sous prétexte qu’on est «bronzés»).

Là je lui ai dit, « si vous voulez je vous suis et je vous aide à tout ranger, je ne vous ferai pas de mal »

je l’ai vue réfléchir, hésiter, presque se dire «  de toute façon à mon age, la vie est terminée, s’il m’agresse j’espère juste qu’il ne me fera pas de mal ».

j’ai encore souri pour la mettre en confiance… des fois je me dis que blond aux yeux bleus ça doit vachement aider dans ce pays malmené par mes congénères terroristes et aussi par les médias, la désinformation, cette chère Marine …

Finalement elle a dit oui, elle a dit qu’elle habitait au troisième et que sans moi ça lui prendrait le reste de la matinée de tout monter.

Je suis allée chercher mon scooter et je l’ai suivie. Purée on parle des jeunes au volant, cette Mamie est un vrai danger public ! Je ne sais pas si c’est dû à sa tremblotte permanente ou si c’est un problème de vue… elle a failli se prendre un trottoir au moins dix fois sur cinq minutes de trajet et à passé genre une heure à ranger sa caisse dans une place de ministre.
Quand elle est descendue de voiture et qu’elle m’a vue, prêt à l’aider, j’ai bien vu qu’elle doutait encore.. Mais bon sang qu’est-ce qui m’avait pris de vouloir aider une Mamie qui n’est même pas la mienne et qui pense que je vais lui fracasser la tête avec sa boite de raviolis ?
J’ai encore souri, et je me suis senti obligé de lui dire « ca va aller Madame, je veux juste vous aider ».
Nous avons monté les trois étages avec les courses, enfin je devrais plutôt dire, j’ai fait deux allers-retours avec les sacs pendant qu’elle montait péniblement. Devant sa porte j’allais «  prendre congé » ( ouais ça fait classe comme expression, c’est mon ex-copine bibliothécaire qui me l’a apprise) quand elle m’a dit : «  non venez je vais vous présenter ma troupe ».
La troupe c’est une dizaine de chats (je n’ai pas réussi à compter) et trois chiens, un tout petit et deux énormes molosses qui après avoir constaté que Mamie m’avait fait rentrer volontairement se sont mit en tête de me débarbouiller intégralement.
Elle m’a offert un café, perso je suis plus thé, mais ça m’a fait tellement plaisir qu’elle se détende en ma présence que j’ai accepté. Pendant que le café coulait dans une cafetière très certainement aussi âgée que sa propriétaire, j’ai proposé de l’aider à ranger les courses.
Au début elle ne voulait pas mais je l’ai un peu forcée et j’ai assez vite compris pourquoi …il n’y avait quasiment rien pour elle, tout pour les chats et les chiens. Forcément des chiens d’environ 40 kilo ça doit manger comme les ogres des histoire de ma Mamie du Bled. Franchement à un moment j’ai failli lui dire mais enfin mettez moi tout ça dehors, et achetez-vous de bons petits trucs..
Et puis j’ai vu… j’ai vu le plus gros chien la soutenir de son dos pendant qu’elle rangeait des boites dans un placard trop haut, j’ai vu l’autre chien tirer les sacs pour les amener dans la cuisine, je les ai vus aussi saliver quand elle leur a ouvert une boite …
Depuis quand n’avaient-ils pas mangé ? Et ma petit Mamie ? Depuis quand se privait-elle ?
Si je savais faire, je ferais des courriers pour qu’elle soit aidée mais ça moi, le français, les rédactions c’est pas mon truc, mais j’ai beaucoup d’amis, en tout genre… des biens et des heuuu comment dire, un peu moins fréquentables, mais personnes dans les administrations ou les «  papiers ».
Dans l’appartement ça sentais un mélange de pisse de chat et de renfermé alors une idée m’a assailli et j’ai dit «  depuis combien de temps vos chiens ne sont pas sortis ? »
Les larmes aux yeux elle a soupiré tristement qu’elle n’était plus capable de les sortir que « vedette » le noir et blanc tirait trop fort pour elle et que « samy » le fauve l’avait renversée en poursuivant un oiseau.
J’ai dit « OK, je vais aller les promener, je reviens ».
J’ai encore lu le doute dans ses yeux, elle n’avait rien d’autre que ses animaux, il n’y avait qu’à regarder ses courses, quasiment rien pour elle et que de la nourriture pour eux. Je savais qu’il fallait encore la rassurer et je l’ai fait «  je vais vous les ramener, tous détendus et défoulés ».
Alors, trottinant doucement et tout en tremblotant elle est allée me chercher les trois laisses, elle m’a demandé si les trois à la fois ça allait être possible… Évidemment Madame, j’ai 25 ans je vais avoir les tenir.
Nous sommes dehors avec les chiens qui n’en reviennent pas… ils sniffent chaque parcelle de trottoir et me dévisagent avec de grands yeux énamourés comme pour me dire «  merci mon gars, ça fait des mois qu’on n’est pas sortis ».
On marche, tous ensemble lentement d’abord parce que les chiens examinent chaque millimètre de trottoir, puis un peu plus vite comme s’ils s’étaient dit «  bordel profitons-en ».
Je ne connais pas trop le quartier mais je sais que pas loin il y a une forêt, je les emmène là bas et je les lâche. C’est un feu d’artifice de chiens, ils partent dans tous les sens, jappant, aboyant, remuant la queue.. je crois qu’ils sont heureux. Mais assez rapidement la faim et la soif se font sentir, la faiblesse aussi , de ceux qui n’ont pas utilisé leurs muscles depuis trop longtemps…
Je les rattache et nous rentrons, leurs langues touchent presque le sol alors quand nous passons devant un café je demande une gamelle d’eau. Je leur aurais donné de l’or qu’ils n’auraient pas mieux réagi, les trois se précipitent et boivent goulûment à tel point que je dois demander au serveur de re-remplir la gamelle. C’est alors que ce fameux serveur à une idée merveilleuse, il me demande si par hasard ils n’ont pas faim aussi mes chiens, et m’annonce que comme il font à manger tous les midis, il y a beaucoup de restes qu’ils ne peuvent revendre ne servant pas le soir.
Nous passons dans l’arrière cour et les chiens se font un repas gargantuesque,d’ailleurs, à mon avis le chien fauve va vomir d’un moment à l’autre. Comme j’ai raconté d’où ils venaient au serveur, il me donne une boite avec un filet de bœuf et de la purée maison pour la petite Mamie et nous repartons.
En arrivant à l’appartement le café est coulé et aussi mauvais que prévu, mais ma petite mamie se régale avec son filet de bœuf, je repars en lui disant que je reviendrais le lendemain pour sortis ses chiens, il me semble qu’elle tremble moins… est-ce d’avoir enfin mangé à sa faim ou a-t-elle moins peur de moi le vilain arabe, éventuellement poseur de bombe mais surtout surtout un jeune qui n’a rien demandé de tous ces préjugés et qui veut juste vivre sa vie, et aider les autres quand il le peut…
Oui je suis né musulman mais ça ne m’empêche pas d’avoir un cœur et encore moins d’être Français, un vrai même si je n’ai jamais goûté à votre sacré saucisson …

Quand je guettais le facteur

Petite, chaque été je partais en colo, et si au début je ne voulais pas y aller, ce sont de magnifiques souvenirs d’activités, et surtout de belles rencontres.

Les amitiés étaient très fortes du fait de la cohabitation en dortoir ou en chambre à plusieurs. Et je revenais systématiquement avec les coordonnées d’une ou plusieurs copines rencontrée(s) là-bas.

S’entamait alors une longue correspondance, certaines ont duré plusieurs années et chaque jour je guettais le facteur. Quel bonheur d’ouvrir une lettre écrite sur un joli papier, quel bonheur de savoir qu’on n’a pas été oublié, de voir que les petits soucis de l’école ou du collège sont les mêmes à l’autre bout de la France.

Déjà j’aimais tout ce que l’on pouvait trouver en papèterie, tous les superbes papiers à lettres, pour lesquels il me fallait un joli stylo à plume, on était très loin du post-it ou du sms …

Et puis il y a eu le téléphone, j’ai envie de dire heureusement que ça coûtait plutôt cher, car on continuait à correspondre par écrit avec ceux qui étaient loin tandis qu’on se faisait disputer parce qu’on passait des heures à parler avec celles qu’on « voyait toute la journée » ( visiblement mes parents n’étaient pas au courant qu’on n’avait pas spécialement le droit de bavarder pendant les cours).

Et puis il y a eu internet, les réseaux sociaux, on communique instantanément, parfois même on ne se dit même plus bonjour mais on pose directement la question qui nous inquiète par message instantané (n’est-ce pas Papounet).

Et j’ai rangé mes beaux papiers, le temps à passé et malgré la puissance des réseaux sociaux je ne sais pas ce que sont devenus, Christel, Carole, Lionel, Pierre-do… Chaque fois que je vais chez mes parents je me dis que je vais regarder dans mes boites à courrier, pour tenter de retrouver les adresses, et puis le temps passe si vite…

Alors maintenant je ne guette plus le facteur qui ne m’amène quasiment que des factures, heureusement qu’il y a quelques surprises de temps en temps grâce au blog.

J’aime toujours autant les jolies cartes, les papiers fleuris ou décorés, j’aime manipuler des stylos même si j’ai rangé mes plumes et pourtant lorsque je dois prendre des notes pendant la conférence des coups de cœur de la librairie de Chartres, au bout d’une heure j’ai des crampes dans les doigts, la preuve que je n’écris plus, plus assez en tout cas.

Alors pour compenser, cette année je vais faire des cartes de vœux manuelles, j’en fait toujours un peu, généralement le minimum syndical, j’ai pour objectif d’en faire un peu plus ce mois-ci.

Cela pour participer au défi d’ Agoyave : écrire pour renouer et puis parce que cette année encore j’ai été déçue de recevoir des sms de vœux  » généraux », de gens qui envoient la même chose à tous leur répertoire… je préfère ne rien recevoir dans ces cas-là : traitez moi de vieille réac mais c’est ainsi.

lettres

Bon et vous ? Vos vœux vous les présentez comment ?

Partir se retrouver

© Diane
© Diane

Sa vie était plutôt réussie, de beaux enfants, un gentil mari, une jolie maison, des amis …Mais que tout cela était ennuyeux.

Les devoirs tous les soirs, couper les ongles le dimanche, accompagner untel à son activité, untel au city stade, programmer les menus de la semaine et faire les courses en ligne, gérer les factures, les pannes et cet abruti de four qui n’a plus qu’une seule fonction et encore, quand il daigne démarrer.

La routine est assassine, et elle lui rendait chaque jour un peu plus difficile d’apprécier les petits instants de bonheur pourtant bien présents.

Alors quand son ami Paul lui a proposé de partir avec lui faire le tour de l’Espagne en goélette pour aller passer quelques jours aux baléares elle a dit oui, immédiament, sans réfléchir.

Bien sûr, cela ferait bizarre à beaucoup qu’elle parte seule avec un homme sur un bateau de 17 mètres, mais Paul était un ami de longue date et son mari n’avait aucune inquiètude à se faire au sujet d’un éventuel rapprochement, favorisé par la promiscuité de la vie sur un bateau.

Non, ce qui l’avait totalement paniqué c’est la gestion des enfants et de la maison pendant ses deux semaines d’absence, il avait protesté qu’il ne pouvait pas travailler depuis la maison tous les jours pour être là pour les enfants, qu’ils allaient absorber une quantité astronomique de kebabs et pizzas et que les enfants ne tiendraient jamais deux semaines sans elle…

Elle était restée ferme, ils feraient marcher la solidarité des amis pour aider avec les garçons, cela leur ferait le plus grand bien de se retrouver entre hommes et surtout elle avait besoin de cette coupure, de ce voyage inattendu mais qui tombait à pic, elle avait besoin de s’éloigner d’eux pour se retrouver.

La discussion s’était envenimée, il la trouvait égoïste de prendre des vacances comme ça, sans eux, alors que lui bossait comme un dingue et qu’il ne lui serait jamais venu à l’idée de partir seul.

Lorsque les garçons furent mis au courant ce fut encore pire, ils voulaient l’accompagner, faire eux aussi, un voyage en bateau, ils supplièrent, argumentérent mais elle resta sur ses positions, elle ferait cette escapade seule, pour se retrouver, pour les aimer mieux ensuite.

La navigation à deux sur une goélette n’était pas de tout repos, elle dût apprendre à barrer, à régler les voiles, malgré tous ses efforts elle ne parvint jamais à comprendre les cartes maritimes alors elle s’en remettait à Paul pour régler l’itinéraire.

La plupart du temps, le bateau voguait quasiment tout seul, sans aucune anicroche jusqu’à la terrible tempête.

C’était le quart de Paul, elle se reposait sur le pont arrière du bateau lorsqu’il l’avait appelée d’une voix insistante.

– On va prendre un gros grain annonça-t-il, prépare toi on ne sera pas trop de deux pour gérer.

Sortant de sa rêverie elle constata que le ciel si bleu quelques instants auparavant était d’un noir menaçant et elle sauta de son transat pour rentrer les voiles comme le lui avait demandé Paul, qui démarrait le moteur du bateau.

En quelques minutes la mer était totalement démontée et la goélette tanguait dangereusement sur les vagues. Poussant le moteur à son maximum Paul essayait de se rapprocher d’une île afin de pouvoir jeter l’ancre pour attendre la fin de l’orage.

Les vagues léchaient le pont, le bateau se cabrait tel un cheval paniqué, et elle ne bougeait pas, fasciné par ce spectacle, la mer déchainée, les sursauts du bateau.

C’est à peine si elle pensait à se tenir dans le carré de la barre, Paul luttait contre le courant pour diriger la goélette mais à aucun moment elle ne se sentit inquiète. Dans cette rébellion des éléments, dans ce vent particulièrement violent, ces vagues menaçantes, elle réalisait enfin que ce n’était pas le calme de sa vie qui la gênait mais le fait qu’elle n’ait jamais réalisé ses rêves.

En rentrant elle serrerait fort ses trois hommes contre elle, et elle le finirait enfin son fameux roman…

 

 

Ce texte participe à l’atelier d’écriture de Leiloona

Nath et Ben (suite et fin)

Julie passait la plupart de son temps avec Ben , heureusement elle pouvait travailler à la maison grâce à internet. L’école n’étant pas adaptée pour les handicapés c’est elle qui faisait l’éducation de Ben avec l’aide de son institutrice . Ben étant un garçon sérieux il n’y avait pas de problème mais Julie souffrait de l’isolation , elle avait abandonné toutes ses activités bénévoles et ses relations lui manquaient. Un jour Ben lui dit :

 »Maman , tu peux me laisser tout seul, j’ai dix ans et je ne peux pas aller bien loin et puis je voudrais apprendre le violon, ce ne sera pas agréable pour toi d’entendre des grincements les premiers temps, si tu sors j’en profiterais pour m’entraîner ».

Julie eut les larmes aux yeux, elle était ravie de sa décision et il avait raison il était temps qu’elle bouge un peu car elle se sentait de plus en plus déprimée et ce n’était pas bon pour l’ambiance familiale.

L’apprentissage

Ben commença ses cours de violon avec un instrument que l’école de musique lui avait prêté tout en continuant à faire sa rééducation, cela lui prenait beaucoup de temps mais c’était parfait pour son moral.

Nath avait reprit l’école, il était au collège maintenant et de revoir ses amis lui redonnait du baume au cœur.

L’automne était là avec ses couleurs chatoyantes et ses pluies abondantes, les cimetières se paraient de fleurs ondoyantes sous le vent annonçant un hiver précoce. Petit à petit la vie repris lentement son cours avec ses longues soirées d’hiver et ses moments de déprime. Ben commençait à maîtriser son violon ; cela avait été difficile au début, il y avait eu des pleurs et des « je n’y arriverai jamais », Nath l’avait toujours encouragé, il l’accompagnait au piano en faisant des fausses notes exprès pour faire râler son frère et puis rire ensemble . Pour Noël , Ben reçu un violon et Nath un téléphone portable ce qui lui permit d’appeler son frère pendant les récréations. Ben en était ravi car malgré tout la solitude lui pesait, ses copains lui manquaient même s’ils venaient très souvent le voir et pour passer le temps il s’acharnait sur son violon, recommençant encore et encore les gammes , les arpèges, les déliateurs pour améliorer la vélocité de ses doigts.

Il aurait aimé faire du handisport, comme du basket par exemple, mais son professeur lui déconseillât car il risquait de se blesser les doigts , par contre il pouvait essayer la natation ce qui lui permettrait d’avoir plus de mobilité dans les épaules. Il en parlât à Julie qui fût tout de suite d’accord. Ce ne fût pas facile de trouver un moniteur qui accepte d’entraîner un jeune handicapé, mais Ben savait déjà nager et il pourrait aller à la piscine avec Nath.

Cela faisait un an maintenant que l’accident était arrivé, Bob travaillait beaucoup et en rentrant un soir il se rendit compte avec plaisir du changement. Les enfants riaient, Julie faisait des gâteaux , la maison revivait !

Nath avait participé au concert de fin d’année du conservatoire de musique en jouant la lettre à Elise, il était doué, mais son but n’était pas de faire des concerts, il voulait de tout son cœur accompagner son frère et ferait tout ce qui était en son pouvoir rester près de lui.

L’année suivante ils passèrent le bac avec succès il fallait maintenant choisir une orientation !

Ben avait fait de tels progrès que l’école de musique de leur petite ville n’était plus adaptée, il fallait qu’il rentre dans un conservatoire à Paris, ce qu’il désirait ardemment.

-Et toi Nath que veux-tu faire ? demandât  Bob .

– je sais que je vais te décevoir papa mais j’ai l’intention de continuer le piano ,je veux être auprès de Ben.

Bob espérait une carrière plus scientifique pour son fils aîné mais son abnégation lui faisait plaisir. Quant à Julie elle se rendait compte que ses enfants n’était plus des «  bébés » et qu’il fallait respecter leurs choix.

Le conservatoire

Cela posât quelques problèmes à Bob et Julie, ils pensèrent déménager mais Nath s’y opposât :

– vous avez une maison que vous aimez, maman tu as tes amies, tes occupations, vous ne pouvez pas tout changer, nous allons trouver un internat pour Ben et moi et je prendrai soin de lui, vous verrez j’en suis capable et avec internet nous serons tous les jours en contact. Il se sentait toujours responsable de l’accident de son frère, à dix-sept ans ce n’était plus un ado , en l’espace de quelques mois il avait mûri et raisonnait comme un adulte.

Pour le concours d’entrée au conservatoire il n’y eut aucun problème, Nath

fût reçu en interprétant « Rêve d’amour de Litz » et Ben « Le printemps de Vivaldi ».

Par contre ce ne fût pas facile de trouver un internat adapté pour Ben, après bien des recherches on leur indiquât une famille près du conservatoire qui serait susceptible de les accueillir si Nath donnait des cours à leur fille Elodie. Bob et Julie acceptèrent avec joie car leurs enfants vivraient en famille, et ils restèrent toujours en bonnes relations avec cette famille.

Nath s’acquittât très bien de sa tâche , Elodie était une ado sérieuse même si quelque fois ,elle et Ben taquinait Nath.

Tout se passait bien au conservatoire, les deux frères commençaient à faire des concerts à Paris puis en Provence. Pour ne pas influencer le public aucune photo ne figurait sur les affiches, seul un piano ou une guitare y figurait ou les deux quand il s’agissait de morceaux qu’ils jouaient ensemble. Quand elle le pouvait Elodie les accompagnait, elle aimais rendre service à Ben et cela soulageait Nath. Ben sentait bien qu’elle s’attachait à lui mais il pensait qu’avec son handicap il n’y avait aucune relation possible.

Ils avaient tellement de succès que bientôt ils furent invités en Europe puis au Etats Unis.

L’ascension

De concert en concert , ils parcoururent toute l’Amérique du nord au sud , les américains les avaient baptisés «  the french brothers ».

C’est à Los Angelès que Ben rencontrât un célèbre professeur de la clinique du Cedars Sinai. A la fin d’un concert celui-ci vint frapper à la loge des deux frères et après s’être présenté il proposât à Ben de l’opérer.

– êtes-vous au courant de l’expérience qui a été faite sur un chien paralysé des membres inférieurs ? Nous lui avons greffé des cellules buccales (qui contiennent l’ ADN) et maintenant il peut courir . Je vous propose d’essayer l’opération sur vous. Il n’eut pas le temps de finir son explication que Nath se mit à hurler :

– mon frère n’est pas un cobaye, gardez vos manipulations pour les souris !

– calme toi dit Ben, je sais que tu veux me protéger mais laisse moi réfléchir un instant , quels sont les risques professeur ?

– seulement que l’opération ne réussisse pas , et vous resterez tel que vous êtes.

– pouvez-vous nous laisser quelques instants, s’il vous plaît ?

– Nath je sais tout ce que tu fais pour moi , mais j’ai envie de quitter ce maudit fauteuil , et puis je suis amoureux d’Elodie et je ne lui dirais que debout !!!!

– mais nos parents n’accepterons pas de te faire prendre des risques , tu les connais.

– nous ne leur dirons rien, tu trouveras un prétexte pour qu’ils ne m’appelle pas, bref j’ai envie de tenter l’expérience.

Sa décision était prise , maintenant il fallait s’organiser, le rendez-vous fût pris pour le mois de Mai car Ben avait un concert à Paris au mois de septembre, après son séjour à l’hôpital il aurait probablement de la rééducation à faire il ne lui resterais pas beaucoup de temps pour répéter son concerto .

Pour la fête des mères et des pères afin d’éloigner leur parents ils leurs offrirent un voyage en Thaillande.

Le jour de l’opération arrivât , Ben avait confiance , mais Nath trépignait dans la salle d’attente. Quand Ben revint dans sa chambre , malgré les anesthésiants il sourit à son frère , le chirurgien était confiant mais il fallait encore patienter quelques semaines.

Dès qu’il put reprendre son violon il travailla avec un tel acharnement que Nath était obligé de l’emmener de force voir les plages de la Californie , en cette saison elles étaient magnifiques sous le soleil et le ciel bleu.

C’est au cours de ces promenades que Nath rencontrât Karoll , elle les connaissait bien car elle allait les écouter dès qu’elle le pouvait et Nath lui plaisait beaucoup. Ils se donnèrent rendez-vous pour d’autres rencontres , Ben qui voyait son frère heureux trouvait toujours un pretexte pour ne pas les accompagner , enfin il n’était plus le centre de ses préocupations et quand ils étaient tous les trois ce n’étaient que plaisanteries et fous rires .

Ben reprenait des forces , Nath était heureux et bientôt le mois de septembre fût là avec ses couleurs d’automne et son ciel nuageux .

… /…

Le Concerto de Tchaikovski à PARIS

La salle de l’opéra est comble , l’orchestre est prêt, Nath entre sur scène poussant le fauteuil de Ben , Julie et Bob retiennent leurs souffles cela fait près d’un an qu’ils n’ont pas vu leurs fils, ils sont toujours aussi beaux penses Julie en mère aimante.

Sur un signe du chef d’orchestre les instruments se mettent en place, Ben a déjà son violon en main, et dans un silence religieux les premières notes se font entendre.

Après quarante minutes de bonheur c’est une explosion d’applaudissements, la salle entière est debout pour ovationner ce jeune violoniste handicapé, Bob retient ses larmes, Julie les laisse couler avec joie ,elle qui a eu si peur pour Ben et elle se rend compte combien il lui a fallu de courage pour en arriver là, mais elle allait avoir une autre surprise.

Nath revient sur scène , Karroll le suit avec un énorme bouquet de roses , Nath donne le violon de Ben au chef d’orchestre et prend la main de son frère et doucement il l’aide à se relever, on n’entend plus un souffle dans l’assistance, Ben prenant appui sur le bras de son frère se dirige difficilement vers la loge la plus proche de la scène où sa mère se tient debout, il lui faut quelques minutes pour arriver jusqu’à elle et lui offrir le bouquet que lui a donné Karroll,puis il se tourne vers Elodie pour lui tendre la main et lui dire « je t’aime »,l’émotion que l’on sent autour de cette famille est indescriptible. Nath avait réussi son défi et depuis un certain mois d’août il était enfin heureux.

J’avais demandé la permission de regarder le concert à la télévision du salon de la maison de retraite, j’étais encore sous le choc.

    • Mamie séchez vos larmes, il est l’heure d’aller vous coucher me dit l’infirmière, ils sont merveilleux vos petits enfants.

      Maintenant je suis sereine et je suis prête a voir la grande lumière blanche qui m’endormira pour l’éternité.

………….

le concerto

http://www.youtube.com/watch?v=1FYqlGuHnKg

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Nath et Ben

Aujourd’hui je laisse le clavier à Mamina pour une très belle histoire ….

 

L’accident

Le crissement des pneus sur la chaussée, le choc, le hurlement de Nath, l’arrivée des pompiers, la sirène de l’ambulance, Ben se souvenait de tout. Après trois semaines de coma artificiel il ouvrait enfin les yeux. Ses jambes étaient inertes et il ne pouvait plus s’asseoir. Quand on lui annonçât la nouvelle il eut simplement un petit pincement des lèvres.

Le crissement des pneus sur la chaussée, le choc, le hurlement de Ben, l’arrivée des pompiers, la sirène de l’ambulance, Nath se souvenait de tout .Il avait du mal à s’endormir, son frère lui manquait. Ses parents trop préoccupés par l’état de santé de son frère n’avaient plus d’attention pour lui. Pourtant il faisait des efforts , ses devoirs étaient toujours justes , sa chambre rangée, il travaillait régulièrement son piano , mais cela leur semblait naturel . Il ne disait rien car c’est lui qui avait proposé cette course de vélo et il pensait que ses parents le tenaient responsable de ce qui était arrivé à Ben.

Le crissement des pneus sur la chaussée, le choc, les hurlements de Ben et de Nath, l’arrivée des pompiers, la sirène de l’ambulance, Julie se souvenait de tout . Elle est restée trois semaines au chevet de Ben, lui parlant, lui lisant des histoires afin de le réveiller mais seuls les doigts de sa main gauche bougeaient . Quand enfin ils sont rentrés à la maison elle a dormi un peu , mais son sommeil était agité et traversé de cauchemars.

Le crissement des pneus sur la chaussée,le choc, les hurlements de Ben et de Nath, l’arrivée des pompiers, la sirène de l’ambulance, Bob ne pouvait pas s’en souvenir, il était au bureau, mais il se rappelait très bien du coup de téléphone de Julie, elle hurlait ,il ne comprenait pas ce qu’elle voulait mais il sentait que ce devait être grave. Pendant trois semaines il resta seul avec Nath partageant son temps entre l’hôpital et la maison.

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Depuis son accident Ben dormait au rez-de-chaussée ce qui angoissait encore plus Nath, il n’y avait plus de jeu, plus de lecture à deux, plus de rire ! A son réveil il descendait vite voir son frère, lui proposait un verre de lait, un bol de céréales et l’aidait à manger, il aurait fait n’importe quoi pour le voir debout et quand il partait à l’école c’était le visage couvert de larmes. Quand il revenait , Ben lui demandait de jouer du piano et pendant toute la durée du morceau les doigts de sa main gauche s’agitaient. 

Après de longues séances de rééducation Ben put enfin s’ asseoir, et se déplacer en fauteuil roulant , si ses jambes étaient mortes son esprit n’avait rien perdu de son acuité et de son intelligence . La première chose qu’il demanda , était sa guitare et devant les yeux ébahis de ses parents il joua le morceau que Nath étudiait au piano , sa mère compris soudain pourquoi les doigts de sa main gauche étaient toujours en mouvement .

Mais jouer de la guitare quand on est assis dans un fauteuil roulant n’est pas facile, les accoudoirs le gênaient, son professeur de musique lui suggérât alors d’essayer le violon .Ben se mit à hurler de colère, le violon ne l’intéressait pas , il voulait jouer de la guitare .

Le professeur lui dit gentiment :

– Ben ,même si on fabriquait une guitare spéciale pour toi ce n’est pas sûr que le son soit excellent et cela coûterait une fortune.

– le piano alors ? nous en avons déjà un et nous pourrions jouer à quatre mains avec mon frère !

– Non , tes accoudoirs te gênerons encore , tu connais déjà le solfège , le violon ressemble un peu à la guitare tu sais , mais le son est plus noble. Ton frère pourra t’accompagner et il y a de très beaux morceaux de musique classique pour piano et violon. Je vais te prêter un C D , tu l’écouteras et tu me diras ce que tu en penses.

Ben sécha ses larmes mais il n’était pas convaincu, quand sa mère vint le chercher il boudait encore.

Julie se rendit compte que Ben était soucieux mais elle le connait assez pour ne pas lui poser de questions.

En arrivant à la maison Ben rentra dans sa chambre en faisant signe à son frère de le rejoindre. Il lui raconta toute la scène et lui demanda conseil.

– D’abord lui dit Nath nous allons écouter le C D.

C’ était le concerto OP 36 de Tchaikovski .Les deux garçon l’écoutèrent sans prononcer un mot, ils étaient subjugués .

– Jamais je ne pourrais jouer comme ça !

– Pourquoi pas dit Nath, je suis sûr que tu y arriveras et je t’accompagnerais au piano comme cela nous pourrons enfin faire quelque chose ensemble .

En effet depuis l’accident de Ben , ils ne pouvaient plus faire de vélo tous les deux, ni du trampoline, ni des duels à l’épée , aucunes des activités extérieures que les garçons de leur âge adorent , ce qui obligeait Nath à ne sortir que lorsque son frère dormait. Ben adorait son frère , il souffrait beaucoup de ne pas pouvoir partager ses jeux.

Pourtant le soleil brillait,la chaleur était douce, les champs regorgeaient de maïs ,de blé, de tournesols, le ciel était lumineux mais ils ne le voyaient pas tant ils étaient plongés dans leur souffrance .

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La suite demain sans faute …

American dream

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New-York enfin, Times Square, Broadway, la statue de la liberté, le symbole de sa liberté au moins pour les trois prochains mois.

Il avait trois mois pour faire ses preuves, pour trouver un sponsor qui veuille bien lui demander un visa, sinon ce serait retour au pays, tête basse et rêves démolis.

Ce qu’on ne nous dit pas quand on est gosse, qu’on a le rêve de s’installer en Amérique, aux Etats-Unis, le plus puissant pays du monde, c’est que là-bas, ils ne veulent pas de nous à moins qu’on ait une compétence particulière. Pas étonnant qu’ils soient puissants, ils ne laissent entrer que les têtes pensantes, les entrepreneurs, les ingénieurs. A moins de faire comme les Méxicains et de rentrer dans le pays par les canalisations, mais Franck ne souhaitait pas vivre dans l’illégalité.

 

Il n’avait pas spécialement de compétence particulière, à part peut-être la fameuse omelette aux pommes de terre qu’il préparait pour ses amis et lui au petit matin lorsqu’ils rentraient de boite de nuit. Tout le monde la trouvait délicieuse, en même temps, à cette heure là, avec un estomac ne contenant que des substances liquides et pas spécialement saines, ses copains et lui auraient mangé n’importe quoi.

 

Il écrivait aussi, des pièces de théatre, des nouvelles, malheureusement son niveau d’anglais n’était pas suffisamment bon pour qu’il écrive dans la langue de Shakespeare. Ceci dit, il se rendrait bientôt compte que les américains non plus, ne pratiquaient pas vraiment la langue de Shakespeare.

 

Bref, après trois années à économiser, à faire tous les petits boulots possibles et imaginables, il avait enfin pu se payer son billet d’avion et de quoi tenir quelques semaines dans la grande pomme. Bien entendu il aurait préféré prendre un aller simple, mais pour pouvoir rentrer en tant que visiteur aux USA il fallait prouver qu’on allait effectivement repartir et fournir un billet retour.

 

Welcome in America …

 

Il avait donc trois mois pour trouver un employeur sérieux qui lui fournisse un visa, trois mois pour s’imprégner de cette ville dont il avait tant révé. Il avait trouvé une chambre chez l’habitant pour une somme plus que modique en échange de quelques cours de Français aux enfants et à condition qu’il promène le chien tous les soirs.

 

Assez vite il avait trouvé un petit job dans un camion de vente de nourriture à emporter qui se garait tous les midis devant de grands immeubles plein de travailleurs affamés.Bien entendu, c’était un job illégal mais celui-ci  lui permettait de vivre la belle vie, de profiter de New-york, de ses spectacles tout en recherchant le poste qui lui permettrait d’obtenir un visa et de s’installer définitivement.

 

Un jour qu’ils étaient en panne de petits pains, il fit cuire une omelette de sa spécialité pour un de ses clients réguliers. Le lendemain, celui-ci redemanda la même chose et il en fut si fervent qu’il le recommanda à tout le monde jusqu’à ce que le patron de Franck doive l’ajouter à la carte.

Il l’avait appelé «  Franck’s French Omelet » et grand seigneur il donnait à Franck une petite commission en plus de son salaire sur chaque omelette vendue.
Franck savait que c’était un gros effort de la part de son patron, il était aussi très flatté que les clients aiment tant son omelette, mais tout cela ne lui donnerait pas un visa.

 

Il ne lui restait plus que deux mois pour trouver une solution pour rester.

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Et maintenant c’est à vous de décider…

 

Franck parviendra-t-il à rester ?

Devra-t-il repartir ?

La suite de l’histoire sera publiée dans la semaine selon le plus grands nombre de votes.

 


A bientôt !

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Ce texte a été rédigé dans le cadre des jeux d’écriture organisés chaque lundi par Leiloona

La fée du métro

© Kot
© Kot

C’est moi la fée du métro

Dans mon cabas j’ai tout ce qu’il faut

Pour récurer de bas en haut.

Mais quelle idée de tout carreler en blanc

C’est tellement salissant

heureusement j’ai toujours des gants !

Je suis la fée de la ligne trois

Il n’y a que moi qui la nettoie

et c’est du boulot croyez moi

Chaque jour je nettoie un petit bout

le sol, les bancs, un peu partout

je suis la dingue de l’essuie-tout.

Mais vous pourriez peut-être m’aider

Commencez pas ramasser vos déchets

Ou comme moi tout désinfecter

Pendant que la rame vous attendez.

J’avoue que je suis un peu fatiguée

de tous les jours, recommencer

cette lutte contre la saleté.

Et je commence à être âgée,

Je cherche quelqu’un pour me remplacer

mais il faut vraiment être motivé !

Pour aujourd’hui c’est terminé

vous comprenez je dois rentrer

Dans mon cabas y’a les poireaux

pour la soupe de mon Marceau.

Ce texte participe au jeu d’écriture organisé chaque lundi par Leiloona

Six mois

Crédit Photo Kot
Crédit Photo Kot

Avant lorsqu’elle prenait le métro elle essayait toujours de distribuer des sourires, consciente de sa chance de n’être qu’une touriste, consciente que ses utilisateurs réguliers avaient surement de bonnes raisons de faire la gueule dans ces couloirs sales et ces rames bondées.

Et puis, par la force des choses, elle était à son tour devenue une utilisatrice régulière, toujours les deux même lignes, trente-cinq minutes minimum à avoir trop chaud, à être tassée, bousculée, à constater l’incivilité croissante des gens qui ne laissent plus leur place, ni n’aident les autres.

Il lui avait fallu à peine six mois de ce trajet là pour perdre l’envie de sourire gentiment à ses concitoyens. Comme eux, elle subissait ce trajet matin et soir, redoutant la panne, le passager à l’hygiène douteuse ou celui à l’haleine alcoolisée.

Parfois, sur la fin du trajet, la rame se vidait suffisament pour qu’elle s’asseoit, elle se faisait alors son petit cinéma écossais en observant les autres passagers.

Ce couple en face qui se bisouillait constamment devait être une histoire toute récente, dans six mois ils échangeraient un bisou rapide avant leur changement de ligne, ou alors il la tromperait et elle le quitterait.

La petite Mamie si frèle et fragile, vascillant au rythme de la rame, serait-elle encore là dans six mois ?

Une chose était certaine, les quatre ados exubérants aux caleçons visibles sous des jeans douteux seraient toujours là, peut-être un peu moins bêtes ou peut-être pas.

Elle reconnaissait la femme au livre, qui prenait la même ligne à la même heure qu’elle chaque soir, c’était rassurant de la croiser, elles se faisaient maintenant de petits signes de tête bien qu’elle n’aient jamais échangé un seul mot. Elle l’avait surnommé la femme au livre car elle en avait toujours un qu’elle lisait debout, assise, ou collée contre la porte.

Se rendrait-elle compte qu’elle avait disparu ? Elle penserait peut-être qu’elle avait changé d’horaires, ou de travail, ou bien elle ne remarquerait rien, trop absorbée par ses bouquins.

Et pourtant très bientôt elle ne serait plus là, dans cette rame de la ligne 13, les médecins ne lui avaient pas donné plus de six mois…

 

Ce petit texte participe à l’atelier d’écriture de Bricabook