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Apologie de la folie… ou pas !

Parfois je voudrais être folle, folle pour oser encore plus de chose que ce que je me permets actuellement, folle pour rire de tout et de rien, folle pour l’insouciance qui l’accompagne, ne parle-t-on pas de « folie douce ».

Lorsque je suis fatiguée, physiquement mais surtout moralement, je voudrais débrancher ma raison et sombrer dans une folie joyeuse ( et non  pas furieuse), je pourrais lâcher prise, oublier mes responsabilités.

Je pourrais plaider la folie  auprès de tous les gens que j’ai blessé volontairement ou non. Ils se diraient : » la pauvre elle n’a pas réalisé », et d’ailleurs bien souvent, les pires blessures que l’on inflige à autrui, on ne s’en rend pas compte… Béa Culpa !

Et puis je serais juste assez folle pour ne pas réaliser qu’on nous prend pour des cons, que quoi qu’on fasse, de toute façon on a tellement empoisonné notre planète que nous empoisonnerons aussi nos enfants et toutes les générations à venir si toutefois il  y en a…

Si j’étais folle je ne verrais pas les gens rire de moi, ni ma famille s’inquiéter pour moi… mais si j’étais folle je n’aurais pas construit cette belle famille qui est la mienne, je ne saurais pas m’occuper des mes Monstroux… ( déjà que…hum !)

Alors je garde ma tête « valide » et pleine de soucis, mais j’ai toujours un regard bienveillant, un sourire pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir toute leur tête. Ceux qui auraient bien voulu garder leur raison et ceux qui ne l’ont jamais eue tout à  fait…

Ce texte participe au défi d’Euréka et LuckySophie mais surtout je le dédie à mon oncle Guy, qui n’est pas fou mais dont la trisomie 21 a fait quelqu’un d’insouciant, juste pas suffisamment pour l’empêcher de réaliser qu’il n’est «  pas comme nous ».

Je me souviendrai toute ma vie du jour où, alors que j’avais 12 ans il m’a dit «  ça y est tu es plus grande que moi maintenant », j’en avais eu froid dans le dos car même si j’ai plaisanté en disant que non  j’étais toujours plus petite que lui, je savais exactement ce qu’il voulait dire. A ce moment là, c’était moi la « folle » qui refusait de comprendre…

Je crois qu’on est toujours le fou de quelqu’un…

Mais quelque soit mon âge et l’état de mon cerveau ou du sien, mon Tonton Guy sera toujours mon tonton, celui qui dansait avec moi dans ma chambre, jouait à la maitresse avec moi, à la belote, au Yam’s, celui qui connaissait toutes les dates d’anniversaire ou de fête de toute la famille par cœur, celui qui dessinait si bien … Celui dont le rire insouciant et la petite folie pourraient faire envie, jusqu’à ce qu’on réalise, que lui, aurait juste voulu être comme nous !

Je sais c’est mal !

Il y a parfois dans la vie des périodes où rien ne va plus, où tout semble noir, triste et compliqué…

J’ai bien essayé les pensées positives du genre « je vais bien tout va bien » mais du coup la moitié du village me prend pour une folle parce que j’étais obligée de le répéter en permanence pour me convaincre. ( l’autre moitié savait DEJA que je suis une folle).

J’ai tenté la « dissolution des idées noires par absorption abusive et compulsive de chocolat et sucreries » (© vivelespestes méthode déposée),  j’y ai perdu ma taille 36 mais j’ai gagné une visite chez le dentiste.

J’ai profité des insomnies pour bouquiner à fond ( reculez un peu s’il vous plait vous marchez sur mes cernes).

 

 

 

 

Et comme rien ne fonctionnait, j’ai opté pour une méthode un peu plus discutable certes, mais qui a son efficacité : puisque ma vie ne me fait pas trop rire en ce moment, je vais aller rire de celles des autres… ( oui c’est mal, et oui j’assume !)

Je suis donc allée là : http://www.viedemerde.fr/tops et j’ai ri, mais j’ai ri !

En fait ma vie est trop cool, je suis l’heureuse Maman de deux charmants bambins,bruyants enthousiastes, toujours en train de négocier intelligents, sensibles, etc. Je suis l’heureuse épouse d’un Poux presque parfait ( à moins que ça ne soit « conditionnel »), j’ai un toit, un jardin, de la nourriture, la santé ou presque ( welcome back cochonnerie de Lupus Erythémateux) et surtout il ne m’est jamais arrivé ça :

quelques extraits de « vie de merde »

–  Aujourd’hui, opérateur à la maintenance de box ADSL, je reçois un appel d’un client : « Oui, bonjour monsieur, j’appelle pour vous faire chier. Je sais qu’une charte vous interdit de raccrocher. » Il a raison. VDM

– Aujourd’hui, mon chat est mort écrasé. Il s’appelait Compote. VDM

– Aujourd’hui, je suis dans l’ascenseur de mon immeuble. Au niveau -1 monte un homme très baraqué et un peu louche avec un bouledogue. Un peu paniquée, je m’exécute quand il me dit sèchement : « Assieds-toi. » Il parlait à son chien et a eu une crise de fou rire pendant dix étages. VDM

– Aujourd’hui, je suis en pleurs dans le bus suite à un chagrin d’amour. Un petit garçon n’ayant pas plus de six ans me regarde et me balance avec toute la compassion du monde : « Tu pleures parce que tu es moche ? » VDM

Et vous, vous faites quoi pour chasser les idées noires ?

Ma vie avec la Purge !

Je suis en train de lire un livre1 aussi sérieux qu’intéressant qui explique qu’il faut faire attention aux surnoms qu’on donne à nos enfants parce que ça leur colle à la peau façon pygmalion et qu’ensuite ils s’efforcent consciemment ou non de correspondre à ce surnom.

N’empêche que j’ai parfois l’impression de vivre dans une mauvaise série télé ( pléonasme ?) qui s’intitulerait : « ma vie avec la Purge et la Brute » ( La brute sera abordée dans un prochain billet).

J’aime mes enfants plus que tout au monde, mais parfois, dès le matin je SAIS que la journée va être longue, que je vais finir épuisée psychologiquement, rêvant toute éveillée qu’il y ait école TOUS les jours !

Ca commence dès le petit déjeuner, Petit Monstrou nous hurle dessus au bord des larmes que « de toute façon la confiture elle est dégoutante et qu’il n’en mangera plus jamais ». Hier, elle était parfaite la confiture, c’est juste le premier signe d’une journée difficile…

A partir de là je SAIS qu’il ne mangera rien de son petit déjeuner quelles que soient mes menaces, mon chantage, ma grosse voix etc. Je sais aussi qu’il ne faudrait pas faire la guerre des repas mais cette scène je l’ai vécue si souvent, et j’ai jeté tant de fruits frais et de tartines entières ( que je ne peux pas manger => gluten) que j’espère toujours trouver LE moyen ( autre qu’un entonnoir) de lui faire absorber quelque chose.

Pourtant, dans les bons jours, Petit Monstrou allias la Purge, est un véritable ogre au petit déjeuner, c’est même son meilleur repas les autres étant quasi exclusivement réservés à ses représentations théatrales (comprendre qu’il cause, invente des histoires abracadabrantes mais ne mange pas => spirited child).

J’avoue que je lâche plus facilement prise les jours d’école, parce qu’il faut de toute façon être prêts à temps, et parce que s’il a faim dans la matinée, ce sera SON problème et pas le mien ! Mais en cette période de vacances scolaires, ça va devenir MON problème.

Lasse d’argumenter, de négocier, de menacer, dorénavant je retire l’assiette en annonçant fermement « et bien tu n’auras rien avant l’heure du déjeuner ». Mais je SAIS que dès 10h00 du mat, il va commencer à me suivre partout telle une sangsue pour me réclamer quelque chose à manger. Je sais que je vais dire non et qu’il va pleurer trépigner, hurler, tenter de m’amadouer à coup de « Maman t’es belle », à coups de câlins… Je sais que cette journée dans son intégralité sera placée sous le signe de la guerre psychologique ! Je suis fatiguée d’avance ! Je rêve d’un bureau ou aller me planquer, d’un pensionnat qui accepterais les élèves de moyenne section…

Voici quelques exemples de moments difficiles pour lui et moi et le reste de la famille :

Dialogue dans la chambre :

« Mais pourquoi c’est toujours moi qui dois m’habiller »

« heu tu as 5 ans là mon chéri…tu sais faire, tu le fais »

« je n’ai pas 5 ans j’ai 4 ans et demi »… ( et là ça me tente souvent de régresser et de lui sortir un truc du genre « et gna gna gna »).

Je gagne cette bataille là, il s’habillera tout seul mais j’aurais le temps de récurer une pièce entière, de jouer avec Grand Monstrou, de reboire un demi-litre de café… En clair, faut pas être pressé mais on y arrive !

Dialogue dans l’entrée

« Si je mets mes chaussures c’est toi qui ferme les scratchs »

« non, attends, les scratchs c’est quand même pas compliqué »

« alors je mets une chaussure et tu mets l’autre »

(déjà excédée alors qu’il n’est même pas 9h30 je prends ma grosse voix et je crie)

« tu mets tes chaussures TOUT DE SUITE où je te sors en chaussettes »

Sanglots, indignation et bien sûr… argumentation en hoquetant ( cet enfant est sensible ne l’oublions pas) : « bouhouhou mais si je sors en chaussettes je vais être malade, j’aurais la toux, un gros rhume et même plein de fièvre et toi tu seras triste parce que ça sera de TA faute … ».

Là je ne réponds même pas que ce sera SA faute, à défaut de rédiger une annonce sur Ebay pour le revendre, je désamorce la bombe et j’accepte de lui mettre une chaussure s’il met l’autre.

La Purge 1 Maman : 0  ! Je suis une mauvaise mère c’est officiel !

Je vous vois arriver avec vos gros sabots, mais pourquoi tu ne l’as pas sorti en chaussettes comme promis ?

Je l’ai déjà fait, il a tant hurlé que deux de mes voisins sont sortis pour me demander si tout allait bien, il a effectivement eu les pieds froids et mouillés, et s’il a mis ses baskets NORMALEMENT sans râler deux jours de suite après ça, ça ne vaut pas la semaine qu’il a passé à la maison parce qu’il était malade. (Coïncidence ou cet enfant est-il capable de tomber malade sur commande ?)

Et puis, là ça fait 20 minutes que Grand Monstrou cuit dans son blouson, sous son bonnet et son écharpe parce que LUI s’est préparé quand je l’ai demandé, et c’est lui qui va finir par prendre un chaud et froid si on ne sort pas.

Et puis, je suis FAIBLE ! Je sais qu’à la première tentative de négociation je devrais le mettre dehors pieds nus, jusqu’à ce qu’il admette qu’à 5 ans on met ses chaussures tout seul, sans y passer 20 minutes, sans passer par la case « je casse les oreilles ( et les pieds) de tout le monde ».

Mais comprenez-moi, quand Petit Monstrou est en mode purge, TOUT est dramatique, TOUT est source de conflit/problème et quand je parlais de guerre psychologique c’est exactement de cela qu’il s’agit, une guerre d’usure, sans pitié aucune, une lutte de chaque instant…

Du coup, pas la peine de me jeter la pierre dans les commentaires, je le fais très bien toute seule car bien souvent je me demande si je n’aurais pas mieux fait d’avoir des poissons rouges plutôt que des enfants… ( bon vu que je fais crever tous les poissons rouges en un temps record, ce n’est peut-être pas une bonne idée).

Alors, là je rentre d’une semaine de vacances SANS monstroux donc je suis regonflée à bloc, j’ai refait un stock de bouquin d’éducation, de discipline positive, ça file droit à la casa… Mais que se passera-t-il quand je commencerai à fatiguer ? à oublier mes bonnes résolutions ? A réagir avec plus de colère que de fermeté ?

Et bien nous reviendrons au terrible constat qu’une femme de 38 ans, relativement éduquée, soit disant capable d’élever des enfants, ex-enseignante (en plus !) se fait bouffer par un p’tit bonhomme de 5 ans.

Et voilà, dit comme ça, ça fait pas envie hein ?

Je comprends que certains parents jettent l’éponge et se retrouvent à vie, coincés avec de petits tyrans… Je SAIS qu’à chaque fois que je perds une bataille on s’en rapproche un peu plus et je tremble en me disant que si je ne redresse pas la barre maintenant lorsqu’il sera adolescent ma vie sera un enfer…

Alors, est-ce que c’est juste moi qui suis mauvaise ou est-ce que parfois c’est dur aussi pour vous ?

Est-ce que vous avez aussi un « spirited child » à la maison ?

Comment vous faites pour vous en sortir ?

Et question subsidiaire pour les mamans qui ne manqueront pas de me dire qu’elles s’en sortent très bien ELLES  :

Vous faites quoi à Pâques ? ça vous dirait 15 jours de pur bonheur avec la Purge ?

 

 

 

1 « raising your spirited child » de Mary Sheedy Kurcinka …. Spirited dans le sens « plus », plus demandeur, plus « difficile », constamment en train de nous mettre à l’épreuve, d’argumenter etc .

 

Rendez-vous à Los Angeles

Depuis notre retour en France, à l’exception de la première année, tous  les ans je me débrouille pour faire mon petit «  pèlerinage » à L.A.

C’est généralement un séjour d’une semaine, une semaine de conférences et « meetings » à gogo pour Mr Poux et une semaine emplie d’émotions pour moi.

La première année fut la plus dure, après 7 ans de vie Californienne et malgré notre décision de rentrer définitivement en France, au sortir de l’avion on avait l’impression de rentrer chez nous !

On a même fait un détour entre l’aéroport et notre hôtel pour passer devant notre ancienne maison, (qui bien sûr abritait une autre famille puisque ce n’était plus «  chez nous »), et pour nous promener dans le petit parc où Grand Monstrou avait découvert sa première balançoire pour bébé, fait sa première descente de toboggan etc.

Et même si on a « refait notre vie » car c’est exactement de cela qu’il s’agit :

–          Se refaire de nouveaux amis

–          S’habituer à une nouvelle région (sans parler du froid absolument indécent de la Beauce ces derniers hivers)

–          Retrouver le « Non-service Français » (et là si vous avez un jour été expat, vous savez de quoi je parle…sinon, ben vous êtes habitués à vous faire littéralement aboyer dessus par la nana de la sécu qui visiblement n’avait pas réalisé que l’accueil du public faisait partie de ses missions, ça ne vous choque même plus et si vous êtes en forme vous crierez plus fort qu’elle)

Donc, même si on s’est réhabitués à la France ( je voulais écrire ré-acclimatés mais j’ai définitivement du mal avec les hivers français), à chaque fois, pendant ma semaine là-bas, je doute…

Avons-nous pris la bonne décision ?

Il  n’y a malheureusement  pas de bonne réponse à cette question et je crois que chaque fois que j’aurais la chance de retourner là-bas je me dirais : «  Et si… »

C’est très agréable d’avoir retrouvé la proximité de la famille, de ne plus passer les dix malheureux jours de congés US à faire le tour de la France pour voir tout le monde… Mais revoir les amies laissées là-bas est toujours un émouvant moment.

Je suis très fière de l’éducation française et c’était une motivation pour rentrer, mais finalement je regrette le côté «  discipline positive » et les encouragements bienveillants de l’éducation américaine…

Petit Monstrou ne rentre pas dans le moule de l’école française et comme disait son enseignante l’an dernier c’est « dommage mais on ne peut rien faire pour lui avec nos classes surchargées »… Là-bas j’aurais eu l’embarras du choix dans les écoles spécialisées qui auraient su utiliser ses facilités,  sa précocité ( ah merde ça y est je l’ai dit) pour le faire avancer, au lieu de stigmatiser ses différences au point de le faire se désintéresser totalement de l’école dès la petite section…

Pour lui, je me dis qu’on aurait été mieux là-bas, et puis je pense à mon amie Yasmina, qui voudrait bien prendre sa retraite en France mais qui ne le fera pas, parce que sa fille de quinze ans n’a connu que les USA et qu’elle est devenue une  vraie « American  girl », même  si ses racines sont en France.

Je pense à Martine qui se sent seule parce que la plupart de ses amies françaises sont rentrées au pays, qui paie chaque été des sommes astronomiques pour rendre visite à ses parents en France, et qui lève les yeux au ciel lorsque sa fille Charlotte lui parle exclusivement en anglais alors qu’elle et son mari ont toujours parlé français à la maison…

Je pense à Claudine qui assume seule ses trois enfants, qui travaille comme une dingue, tous les  jours, pour tout gérer et payer l’école française, les activités extrascolaires et bien sûr les billets d’avion pour  la France.

Je pense aussi à mes monstroux qui ont un lien très fort avec mes parents et qui n’auraient pas vraiment su ce qu’étaient des Grands Parents si nous étions restés là-bas.

Non, il n’y a vraiment pas de bonne réponse, parce que quand nous vivions là-bas, la France nous manquait, depuis que nous sommes ici, certaines choses des USA nous manquent…

Je me souviens d’une collègue qui me demandait combien de temps nous comptions rester, j’avais répondu un an ou deux car c’est ce que nous avions décidé avec Mr Poux. Elle m’avait répondu «  attention si vous dépassez les 5 ans, il est impossible de rentrer ensuite de se réhabituer à la France ».

En fait, si, on peut rentrer après 7 ans, mais nos cœurs sont comme coincés entre les deux pays.

On n’est plus complètement bien en France, on ne l’était pas complètement aux USA… Dis mon Poux chéri, et si on s’installait aux Caraïbes ?

Et vous ? Il y a un pays qui vous manque, un pays qui vous tente ?