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Méfiez-vous des plus petits !

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Vendredi un peu avant 14heures le téléphone sonne… c’est le numéro de l’école. Mon sang ne fait qu’un tour, lequel des monstroux s’est blessé juste avant les vacances ?

 

Ouf pas de blessé mais la directrice souhaite me parler suite à un incident de la récréation du matin car je risque d’être « attendue » par des parents à 16h30. Elle ne peut pas m’expliquer, elle part en bus et me rappelera plus tard, je sais juste qu’il s’agit de Petit Monstrou ( purée qu’est-ce qu’il a encore inventé) et elle tente de me rassurer en me disant de ne pas m’inquièter.

 

15 longues minutes à tourner en rond dans la maison … à vérifier toutes les deux secondes que mon téléphone a bien du réseau, que la sonnerie est allumée …

 

Mais qu’est-ce qu’il a encore fait ce Petit Monstrou ! J’ai beau dire qu’avec lui plus rien ne m’étonne il a une propension à nous inventer de nouvelles bêtises, de nouvelles « activités » qui nous font nous demander ce qu’on a bien pu faire subir à nos parents pour mériter une telle vengeance.

 

( Soyons clairs, j’étais déjà un ange, donc tout est de la très grande faute de Mr Poux).

 

Enfin mon téléphone sonne et j’ai l’explication de l’incident.

 

Petit Monstrou qui n’a peur de rien a traité l’un de ses camarades de «gros» ( et hop une punition à la maison et un long sermon).

Le camarade en question n’est absolument pas gros mais «costaud» et surtout il fait deux têtes de plus que mon Petit Monstrou et une dizaine de kilos de plus. Le genre de camarade qu’on n’a pas trop envie d’énerver en fait.

 

Forcément, ça lui a plutôt déplu que ma petite crevette le traite de «gros » (je précise que ça me déplait d’autant plus que nous avions eu avec Petit Monstrou une longue conversation sur les moqueries il y a deux semaines).

 

Du coup, il l’a plaqué contre une grille pour lui faire ravaler ses paroles. Petit Monstrou s’est cogné la tête et surtout il était plutôt en mauvaise posture.

Pour se dégager il n’a rien trouvé de mieux que de balancer une droite … une grosse droite !

 

Résultat : une lèvre fendue et une dent de lait en moins. ( et hop seconde punition à la maison pour cause de violence, mais atténuée puisque c’était de la légitime défense).

 

Les deux enfants blessés sont allés se faire soigner, ont prétendu qu’ils jouaient à «s’écraser» pour ne pas avouer qu’en fait ils se battaient.

 

Mais la Maman du « costaud » n’a pas du tout apprécié de récupérer son fils avec une dent en moins et la lèvre bien amochée. Elle a obtenu de lui l’explication ci-dessus et est revenue furieuse à l’école en disant qu’elle allait porter plainte. Je n’aurais pas envisagé de porter plainte, mais étant une Maman tigre, je n’aurais pas été contente du tout non plus à sa place.

 

La directrice et les enseignantes présentes l’ont calmée, certes Petit Monstrou avait insulté son fils mais elles ne pouvaient pas cautionner le fait qu’il réagisse avec violence, et Petit Monstrou a fait ce qu’il pouvait pour se dégager…

 

La directrice se montre rassurante, à priori cette Maman est calmée mais elle va venir me parler.

 

Même si je sais que je vais devoir punir Petit Monstrou et le sermonner ( voire l’envoyer en école militaire parce que bon ça commence à bien faire les C…), je suis soulagée.

Et là nous sommes partis dans un délire avec Mr Poux, des choses que je pourrais dire à la Maman et à son costaud pour les calmer… ou pas ( je rappelle que j’ai raté l’option diplomatie à la fac).

 

– « Alors bouffon on s’est fait éclater par un plus petit que soi ? »

– «  je comprends que tu t’en prennes aux petits vu que même eux ont le dessus sur toi »

– « Mais qu’est-ce que c’est que cette lèvre toute rouge ? Tu as piqué le rouge à lèvres de ta Maman ? »

– «  ah, mais c’est vilain cette bouche avec une dent en moins ».

 

et puis à la Maman au cas où elle serait agressive :

 

– «  ne m’enquiquinez pas ou je demande à mon fils de vous en coller une ».

 

Oui, c’est très méchant et jamais nous ne ferions ça, mais nous avions besoin de décompresser.

 

La vérité c’est que je suis allée m’excuser pour mon fils d’une façon parfaitement civilisée (oui ça m’arrive!), que j’ai obligé Petit Monstrou à s’excuser et réclamé que le « costaud » s’excuse aussi.

Tout s’est très bien passé, nous avons rappelé aux deux garçons qu’en cas de conflit avant de sortir les poings, on allait chercher l’aide d’un adulte.

 

Quand même, je suis un peu fière de ma crevette même si je pense qu’il va finir par se faire vraiment casser la figure…

 

Pour preuve, alors que nous repartions, un grand de CM2 est venu me dire bonjour et me raconter qu’il avait défendu Petit Monstrou contre un autre CM2 à midi.

Je précise à G… de ne surtout pas se mettre en danger à cause de Petit Monstrou et je demande ce qu’il avait fait pour provoquer la colère d’un CM2.

 

«  oh pas grand chose il l’avais juste traité de sale con , mais c’est l’autre qui l’avait embêté ».

 

Voilà … j’ai deux semaines pour reprendre absolument toute l’éducation de Petit Monstrou, cet enfant soi-disant particulièrement intelligent qui ne respecte aucune règle, qui ne tolère aucune contrainte et qui va finir par se faire ratatiner dans la cour de l’école à force d’insulter les camarades.

 

Et sinon vous connaissez une bonne pension dans mon coin ?

 

Petits enfants, petits soucis … Grands enfants…

Je me souviens encore de sa première culotte…slip pardon, pour les garçons on dit slip ! Il y avait une voiture dessinée dessus et je n’avais rien trouvé de mieux que de lui dire que les voitures n’aiment pas l’eau et qu’il fallait donc que son slip reste sec.

Deux jours plus tard il y avait un bateau sur son slip, et quand Grand Monstrou a eu un petit accident, il m’a dit que ce n’était pas grave, puisque les bateaux ça aime l’eau…

Bref, je me souviens avec émotion du temps ou ma préocuppation était qu’il reste étanche toute la journée, ou qu’il colle ses gomettes comme on le lui avait demandé.

C’est ensuite que ça se complique, il y a les premières amitiés, les premières amours, et aussi bien sûr les premières disputes ou «ruptures» même si c’est un bien grand mot.

Et encore plus tard, il y a ce côté mâle, ce côté ou il ne faut pas être différent, rentrer dans le moule, voir être mieux que les autres… le petit caïd de la cour, ou le très bon copain du caïd.

C’est comme ça que commencent les gros ennuis.

Mon fils sera-t-il suiveur ou leader ? Et s’il devient leader, s’il passe du côté obscur de la force, à terroriser les autres, leur faire du chantage… comment est-ce qu’on gère nous, en tant que parents ?

Si c’est un suiveur, comment s’assurer qu’il ne dérapera pas sous l’influence du plus gros kéké de l’école ?

Alors bien sûr, on pose des règles, on éduque, on explique nos principes, on est strict ou cool, on plaisante ou on dispute, ou les deux…

Mais finalement, on ne fait que ce qu’on peut. On espère que nos valeurs et nos principes auront fait autre chose que de juste traverser la petit tête malléable de nos enfants, mais on n’en a aucune garantie.

On espère que nos enfants ne seront jamais dans les mauvais coups, on rêve qu’ils soient les grands justiciers, prenant la défense des faibles, témoignant contre les caïds s’ils constatent un abus.

Et puis un truc se passe et là on se rend compte que personne n’a parlé, que nos enfants qu’on a toujours invité à communiquer n’ont rien dit.

Rien dit de peur d’être la prochaine victime ?

Rien dit de peur d’être considéré comme la «balance» ?

Rien dit parce qu’ils n’étaient même pas choqués ?

 

Ils ont fermé les yeux, ils ont gardé le silence… Ils ont tous entre 9 et 10 ans et il n’y avait rien de bien grave… ce n’était qu’une histoire de goûter volé…

Mais que se passera-t-il quand ils auront 15 ans et qu’il y aura des trucs bien pires dans la cour du lycée ou sur les réseaux sociaux ?

Feront-ils ensuite partie de ces adultes qui ne bougent pas lorsqu’ils sont témoins d’une agression dans le métro ? Evidemment, en tant que Maman je préfèrerai qu’ils ne bougent pas s’ils risquent un coup de couteau ou pire…

Mais en tant que citoyenne, j’espère de tout mon cœur, qu’ils feront partie de ceux qui ne se laissent pas faire et qui ne laissent pas non plus passer les abus, les agressions …

Je crois que très rapidement, je vais devoir expliquer à mes enfants qu’être un témoin passif c’est une forme de complicité… Que de ne rien faire, c’est accepter…

 

Purée… je préférais quand je devais leur expliquer comment se moucher… c’était un peu dégoutant, j’en avais plein les doigts, mais c’était tellement plus simple !

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