Quand l’égalité nuit !

Ca commence avec l’école, ça continue avec le collège, c’est tout le monde à la même enseigne et c’est bien normal

Tout le monde reçoit la même éducation et c’est une nécessité.

La où le bas blesse c’est que l’enseignement soit dispensé de la même manière pour tout le monde.

Après des années à considérer qu’il était important de faire des classes “mixtes” (dans le sens des niveaux des élèves), je me demande si c’était vraiment une bonne idée.

Grand Monstrou est entré au collège cette année, il s’y ennuie énormément et résultat il bavarde, fait des signes aux copains se fait remarquer et donc mal voir, punir etc..

L’autre jour en Français ils ont eu une interrogation sur l’impératif (ou un autre temps je ne suis plus sûre) et en même temps à l’école primaire la classe de ce2 planchait sur … l’impératif.

Quid du niveau de la 6ème ???

Mais là n’est pas mon propos, mon problème c’est que mon fils s’ennuie beaucoup, il n’est ni précoce ni particulièrement en avance, il a juste un bon niveau et des facilités.

Un de ses meilleurs copain au contraire, est en grande difficulté et doit revoir beaucoup de notions qu’il a du mal à comprendre/retenir.

Et puis il y a tout ceux du milieu, qui bénéficieraient sûrement d’un peu plus de stimulation mais qui suivent bon gré mal gré.

Je serais la première à râler si les professeurs ne s’arrêtaient pas pour expliquer, ré-expliquer aux élèves en difficulté mais je constate avec tristesse que la différence de niveau des élèves génère une stagnation générale de toute la classe : personne n’est tiré vers le haut et je ne suis pas sûre que les élèves en difficultés parviennent à progresser car « il faut bien avancer malgré tout »…

Alors, l’autre nuit, je me posais la question des « groupes de niveau », je ne sais pas si vous avez connu cela, ils ont été mis en place quand je suis entrée en 6ème et cela a été très mal vécu par beaucoup d’élèves (et de parents).

Difficile lorsqu’on a 11 ans de comprendre l’intérêt de tels groupes, d’envisager que ce serait une aide à l’apprentissage plutôt qu’une mise en «cases» particulièrement dévalorisantes pour le groupe «faible».

Les principales conversations de la cour après les tests d’évaluation étaient «Alors tu es dans quel groupe ? », « tu sais que machin est dans le groupe faible en français ET en maths ».

Pourtant en primaire alors que nous nous suivions depuis des années, nous le savions tous plus ou moins consciemment qui était «fort», qui était plus moyen etc.

Mais une fois l’étiquette posée au collège, les railleries allaient bon train et le bénéfice d’un enseignement adapté de par le rythme et les travaux proposés a été bien mis à mal par le clivage crée entre les élèves et leur réflexions pas spécialement fines de gosses toujours prêts à se moquer les uns des autres.

Pour peu que les parents s’y mettent aussi à la maison avec des remarques du genre «ta sœur au moins elle, elle est chez les forts… » c’était le pompon pour des élèves déjà en difficulté.

Bref, comme souvent le mieux est l’ennemi du bien et l’éducation n’est pas une science exacte (surtout quand les décideurs n’ont jamais posé un seul pied dans une classe, hum!).

N’empêche je me dis de plus en plus souvent que ce ne serait pas une si mauvaise idée de faire des classes de niveau… cela permettrait à tous d’aller plus loin, plus haut, plus juste !

Est-ce que je déraille totalement quand je me dis que si l’on est dans un groupe un peu plus homogène l’apprentissage sera plus adapté et donc plus efficace?

Est-ce que certain vont me répondre que c’est encore creuser l’écart? Stigmatiser les élèves?

En même temps quel casse-tête à mettre en place .. doit-on le faire par classe, par matière ? Et puis quel professeur pour les groupes en difficulté, ou le groupe un peu plus avancé ?

Si en plus, on commence à se dire que les difficultés scolaires accompagnent souvent des difficultés de comportement, est-ce que c’est vraiment une bonne idée de rassembler tous les élèves par niveau ?

Mais si l’enseignement est plus adapté, les comportements ne vont-ils pas s’améliorer? Ou bien, est-ce qu’au contraire on va créer des monstres en les rassemblant : la classe des frimeurs, la classe des durs, la classe des calmes…

J’avoue je ne sais plus, je me souviens qu’en rentrant des USA où j’ai passé 7 années, dont quelques unes à enseigner, j’étais très très fière de notre éducation nationale…

A l’heure actuelle je suis juste inquiète…

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7 réflexions sur « Quand l’égalité nuit ! »

  1. Je suis tout à fait d’accord avec toi sur tout !
    Quand j’étais en 4ème, il y avait des groupes en math. C’était mal vécu par tout le monde. Mais maintenant que je suis adulte, je me dis que c’est sûrement LA solution si on en explique bien tous les intérêts à la fois aux élèves et aux parents.
    Tout le monde n’apprend pas au même rythme. Et je trouve dommage de laisser stagner ceux qui sont en difficulté, autant que ceux qui pourraient avancer plus vite grâce à de meilleures capacités.

  2. L’année dernière en ce1 l’instit avait fait des groupes de travail, par niveaux (ou « affinités »). C’était plutôt bien foutu et bien vécu sans être stigmatisant pour les élèves (en tout cas mon fils s’y sentait bien). Cette année ce n’est pas le cas et mon loulou panique et s’énerve de ne pas aller aussi vite que les autres et quand il fait mieux et plus vite (parfois ça arrive) il ne s’en rend même pas compte ce n’est pas valorisé. Du coup il a un comportement très inadapté et l’école pour le punir l’exclut.
    J’admets que son cas est particulier à cause de son handicap mais ce qui serait une solution pour lui pourrait l’être pour les autres.
    On pourrait creuser et se pencher sur ce problème pour que ce soit bien fait. Mais l’éducation nationale n’aime pas se remettre en question et plancher (oui j’ai une dent contre l’EN ^^)

  3. ton idée me semble bonne, sauf que l’EN doit juste admettre les inégalités entre les Hommes, et mettre en place le système adapté à ces différences.
    Et ça, ce n’est malheureusement pas gagné….

  4. Prof en collège, je suis EVIDEMMENT d’accord avec toi… j’avais même écrit un article sur mon blog à propos de l’instruction (et des raisons de mon départ de l’EN à l’époque… il faudrait que j’écrive sur les raisons de mon retour…)
    Les récrés en salle des profs tournent autour de la problématique, surtout avec la réforme… la différenciation est une philosophie louable mais les raisons politiques beaucoup moins, quant à la mise en place en classe, autant dire que le volume de travail pour les (vrais bons) profs relèvent de Sisyphe… Donc, nous parlons beaucoup, à l’heure des « concertations pour la rentrée » du retour à des regroupements d’élèves par niveaux, et une différenciation pour chaque cours (il se trouve que des génies en français n’ont parfois aucun intérêt en mécanique, sport, et vice-versa). Casse-tête administratif pour faire circuler les élèves et réaliser des emplois du temps pratiquement personnalisés.

    1. bonsoir Marie,

      oui je pensais évidemment au casse-tête de faire des groupes par matières, je connais beaucoup d’enfants brillants en mathématiques alors qu’ils sont en difficulté en français et vice-versa…
      Et j’imagine très bien vos discussions, vos questionnements en salle des profs, pour gérer au mieux les compétences ou incompétences des élèves et les exigences parfois totalement décalées de la réaliste de l’EN.
      Après certains trouvent que c’est un métier facile … ah ah ah !

  5. Les groupes de niveau… une fausse bonne idée.

    Déjà, pour l’élève (et souvent ses parents aussi) c’est très stigmatisant de se retrouver dans « le groupe des boloss ». Et rien de mieux (ou de pire) pour qu’un élève n’en fiche pas une que de lui dire que c’est un gros mauvais (et, oui, c’est comme ça qu’ils le prennent, quand c’est pas comme ça qu’on leur dit carrément !)

    Et pour le groupe des « bons », tout n’est pas rose non plus. Un élève qui n’est pas brillant se retrouvera vite « le pied au plancher », voire en difficulté, ce qui est la première marche vers la perte de confiance, et en suivant la perte d’intérêt et d’investissement. Alors que dans un groupe hétérogène, il aurait davantage eu de quoi relativiser.

    Non, la solution n’est clairement pas là.

    En revanche, réduire les effectifs (et d’autant plus qu’il y a d’élèves sont en difficultés), ça ça fonctionne. On a plus de temps pour chacun, pour adapter les rythmes, pour reprendre avec quelques uns pendant qu’on fait avancer d’autres plus loin.

    Mais il n’y a pas de secrets, pour des classes moins chargées, il faut davantage de classes. Et donc davantage de profs. Et donc davantage de pognon…

    1. en effet il faudrait beaucoup plus de poste, à tous les niveaux … dans mon village pour le moment on ferme des classes … ce n’est donc pas cette année encore qu’on va régler le problème … et je ne parle pas du collège où les absences ne sont pas ou peu remplacées…

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