J’aime pas tes potes, encore moins leurs parents !

Grand Monstrou a plein de copains : c’est chouette (contrairement à son vieux père, il est sociable !). C’est important d’avoir des amis, une vie sociale et bien entendu ça me rassure de savoir qu’il est apprécié et pas tout seul, abandonné au fond de la cour, comme un pauvre malheureux.

C’est d’autant plus rassurant que Grand Monstrou a eu des débuts difficiles  en petite section.

Lorsque nous sommes rentrés des USA pour nous installer en France, il avait deux ans et à tout perdu d’un seul coup, sa maison, ses « copains » et «  copines » de la gym et de chez la nounou (si toutefois on peut parler de « copains »  à cet âge-là), et surtout ses repères.

Nous avons également perdu au change au niveau du climat, en Californie nous sortions jouer dans le jardin tous les jours à quelques exceptions près, nous sommes arrivés en France fin Décembre, par moins 11 degrés et les deux monstroux ont immédiatement goûtés aux joies des bronchiolites, angines, rhinopharyngites etc. donc nous ne sortions affronter le terrible hiver français que contraints et forcés. Ce n’est qu’avec l’apparition des beaux jours que Grand Monstrou a pu «  resocialiser » un peu et se faire des ptits copains avec qui jouer au square où nous allions l’après-midi.

Malheureusement ( et heureusement), notre maison était enfin libre et nous avons quitté le petit appartement de région parisienne ET le square pour nous installer dans notre chez nous.

Entre le déménagement, les visites chez les Grands parents et l’arrivée dans un nouveau village en plein Juillet, Grand Monstrou n’a pas vu beaucoup d’enfants durant l’été et nous ne nous sommes pas rendus compte tout de suite qu’après avoir souffert du changement de pays, il souffrait d’avoir perdu ses tous nouveaux copains.

Les premiers mois en Petite Section il frappait tout le monde, j’en étais malade avant d’aller le chercher, qu’allait m’annoncer la maitresse cette fois-ci ? C’était sa manière à lui de nous dire « chaque fois que je m’attache à quelqu’un on s’en va, maintenant je n’aime plus personne ».

Cette période m’a parue bien longue mais elle n’a pas duré tant que ça et Grand Monstrou s’est fait plein de copains…

Et c’est là que mes problèmes commencent : je n’aime pas ses copains, encore moins leurs parents.

Petit  1 : le copain « chiant »

Ce n’est pas moi qui le dit c’est la propre mère du fameux copain qui lui répète sans cesse quand elle ne lui pince pas les joues pour le faire obéir. Comme le garçon en question est un très bon copain de Grand Monstrou, nous l’avons eu à la maison, nous sommes allés chez lui, ou bien nous allions au parc ensemble et, systématiquement, il y avait des remarques du genre «  merde alors qu’est-ce que t’es chiant aujourd’hui »…

Entendons nous bien, mes monstroux aussi sont «  chiants » mais je ne leur dit pas, je leur dit qu’ils sont pénibles, usants, fatigants mais pas « chiants » parce que, puisque je ne veux pas qu’ils disent des «  gros mots », je commence par ne pas en utiliser moi-même… J’ai remplacé le fameux «  Putain » du Sud-Ouest par «  Punaise » ou « Purée » qui finalement manifeste aussi bien mon mécontentement tout en restant dans un vocabulaire correct.

Je sais fort bien qu’une des premières choses que les enfants partagent à l’école (après les microbes) ce sont les gros mots, savoureux parce que « interdits », «  gros », «  vilains » et attrayants aussi parce que «  rares » et inusités à la maison.

UNE FOIS, alors qu’ils avaient transformé (encore une fois) la salle de bain en piscine municipale, j’ai explosé et je leur ai crié qu’ils étaient « vraiment chiants » à me faire le même coup tous les soirs etc… Et là, j’ai vu leurs yeux ronds fixés sur moi, mes enfants étrangement silencieux, estomaqués, jusqu’à ce que je réalise ce que j’avais dit ! J’en ai entendu parler pendant des semaines, toute la famille l’a su (tu parles ! Le raconter permettait de réutiliser  mot interdit sans être puni puisque c’est la vilaine Maman qui l’avait dit). Mais ça les a marqués parce que c’était totalement inhabituel !

Est-ce que j’ai tort d’être choquée par le nombre inquiétant de mamans qui usent et abusent du mot « chiant » ( pour ne citer que celui là) à la sortie de l’école ? Est-ce que « chiant » serait  passé dans la catégorie des adjectifs appropriés pendant que j’étais aux Etats-Unis ?

Est-ce que c’est de l’élitisme que de ne pas souhaiter que mes fils aillent jouer dans des familles ou la vulgarité est quotidienne ?

En même temps, ça leur montre que toutes les familles ne fonctionnent pas de la même façon, que tout le monde n’a pas les même règles… et si j’écris ça montre que « tout le monde n’a pas les mêmes valeurs » est-ce que je suis en train de virer «  bourgeoise » ?

Je me doute bien que dans quelques années, quand ils auront mué et qu’ils auront trois poils sous  menton, ils me diront de leur voix éraillée «  pffff t’es chiante M’man, je l’ai rangée le mois dernier a chaaaaammbre »…

Mais pour le moment,  à 4 ans et demi et 6 ans je préfère épargner encore un peu leurs oreilles et laisser aux « gros mots » leur statut «  exceptionnel », le genre de mot qu’on lâche quand on a vraiment un pépin, ou qu’on dit tout bas à Maman le soir quand on «  vide sa collection de gros mots entendus dans la cour ».

Et vous ? Ca vous choque ces mamans qui traitent leurs enfants de « chiants » ou bien vous en faites partie ?

(Les petits 2 et 3 suivront….)