J’ai un souci…
Grand Monstrou est entré à la Grande école cette année… Il fait donc de nouveau partie des plus petits, mais aussi des plus naïfs.
Et à la « grande école », on joue aux billes, nous nous sommes donc procurés des…billes (c’est bien vous suivez), pour que Grand Monstrou ne soit pas à l’écart de ces formidables instants de racket d’échanges et de jeux.
Au mois de septembre, chaque matin, Grand Monstrou partait à l’école avec dans son cartable 6 à 8 billes et il revenait systématiquement sans RIEN le soir. Au début, j’ai trouvé ça normal, il apprenait à jouer et perdait contre les plus grands. Nous avons même passé quelques soirées à quatre pattes dans le jardin pour nous entrainer, mais croyez-moi si vous le voulez, la jeune génération ne joue absolument pas correctement : leurs règles sont vraiment du « n’importe quoi » ( comprenez qu’ils ne jouent pas du tout comme on jouait lorsque je trouais mes jolis pantalons de velours sur le bitume de la cour).
Ces entrainements auront un peu servi car il ramenait parfois quelques billes et parvenait même à gagner des « rares » qu’il s’empressait de me montrer à peine sorti de l’école ( et avant même mon bisou du soir : SIC) , mais la plupart du temps il continuait à ressortir les poches vides et l’œil triste.
Ce n’est pas tout ça, mais les billes ne poussent pas dans mon jardin, même si je soupçonne Petit Montrou d’en avoir planté quelques unes (pour le plus grand bonheur de la tondeuse au printemps prochain !).
En fait Grand Monstrou ne perdait pas à chaque fois, mais tous les jours il donnait des billes à ceux qui n’en avaient pas et « tu comprends Maman, j’ai prêté une bille à machin mais il se l’est faite tiquer ».
Hum… c’est exactement les valeurs que nous voulions faire passer à nos monstroux : on partage les choses avec ceux qui n’en ont pas.
Bon et là maintenant que je dois acheter des billes tous les week-end comment je lui explique que «oui, on partage, mais pas tout le temps non plus ». Parce que mon Grand Monstrou était devenu le fournisseur officiel de billes de la cour, donnant à qui voulait, même à des élèves qu’il ne connaissait pas.
J’ai tenté une première régulation en expliquant que c’était bien d’être généreux, de partager, mais que là, c’était un peu trop puisque du coup il n’avait même plus de billes pour lui.
Et là, dans les yeux de mon fils j’ai vu l’incompréhension voire la déception PARCE QUE j’étais en train de lui dire EXACTEMENT le contraire de ce que je lui serinais depuis presque 6 ans !
Comment expliquer à son enfant qu’il faut toujours partager mais qu’il arrive un moment où on se fait avoir ?
J’ai littéralement pédalé dans la semoule pour me justifier et j’ai fini par lui dire qu’il pouvait dépanner ses copains à condition qu’on lui rende ensuite les billes prêtées et qu’il ne devait pas donner de billes à des grands qu’il ne connaissait pas. Parce que je soupçonne les grands de s’être passé le mot « y’a un ptit Cp là-bas, si on lui dit qu’on n’a rien il donne ses billes ».
Cette solution ne me convient absolument pas, donner seulement à ceux qu’on connait reviens à dire à son enfant que dans la vie on n’aide que nos amis, que si l’on voit quelqu’un en panne sur le bord de la route on ne s’arrêtera que si on le connait…
Comment est-ce que j’apprends la solidarité à mon fils si je le limite ainsi ?
En même temps, nous les adultes, avec qui sommes nous solidaires ? Avec qui partageons nous nos bons plans, les habits trop petits ?
Je me souviens d’un dîner où j’expliquais aux monstroux à quel point je déteste gâcher la nourriture parce qu’il y a plein d’enfants qui n’en ont pas. Nous avons parlé des enfants Chinois ( entre autres ) qui au lieu de jouer aux billes sont exploités dans des ateliers de confection.
Grand Monstrou voulait prendre l’avion pour leur emmener de la nourriture mais là encore j’ai cassé ses illusions parce que même si nous emmenions tout le contenu de notre frigo cela ne suffirait pas…
Parce que changer le monde ne semble simple que lorsqu’on est enfant, et que nous les adultes sommes trop pris par : cette machine à laver à remplacer, ces taxes à payer, cette neige qui nous embête, les cadeaux de Noël qu’il faut préparer…
Et si pour cette année on essayait de regarder un tout petit peu plus loin que notre nombril et nos menus de fête ?
Et si cette année on trouvait dans nos foyers suréquipés, dans nos emplois du temps surchargés , de quoi aider un peu les plus démunis ?
Partager, être solidaire c’est par exemple aller jeter un œil sur ces sites pour voir ce que l’on peut faire :
http://www.restosducoeur.org/
http://www.emmaus-france.org/
C’est déneiger le trottoir de la voisine qui est trop âgée pour le faire, aller passer deux heures au service pédiatrie de l’hôpital le plus proche, pour lire des histoires aux enfants malades, c’est donner des vêtements chauds aux associations qui les collectent plutôt que de les revendre sur Ebay…
Alors cette année, pour Noël, j’avais demandé un Kiné (un vrai, à domicile, pour me masser tous les jours voire plusieurs fois par jour), mais finalement je voudrais qu’on fasse tous un geste quel qu’il soit pour que je puisse continuer à dire à mes fils que dans la vie, dès qu’on en a l’occasion on se doit d’aider et de partager !
Qui est avec moi ?
Ce billet est ma contribution rêveuse à la plus belle liste de Noël de Chocoladdict et de Virginie B.